La réédition du célèbre ouvrage de Walter Lippmann, "La Cité libre" (1937), est l’occasion de revenir sur les thèses bien balancées (ni laissez-faire, ni État-providence…) de ce grand penseur américain, associées à l’apparition du premier "néolibéralisme" lors du colloque Lippmann qui eut lieu à Paris en août 1938 (Hayek et Mises s’y opposèrent aux "libéraux sociaux").
Alain Laurent, philosophe libéral, fait le point sur ce qu’il y a de "néo" dans ce néolibéralisme version Lippmann, comme dans celui que journalistes et politiciens vilipendent de nos jours.
La critique du libéralisme, jadis réservée aux partisans du marxisme et aux tenants de la pensée réactionnaire, connaît aujourd'hui un regain nouveau.
Galvanisée par le déclenchement de la crise financière mondiale à l'automne 2008 et la détérioration consécutive des conditions d'existence matérielles et humaines des couches populaires et des classes moyennes, cette pensée critique échoue cependant à s'incarner dans les politiques menées par nos gouvernements, quand elle ne se voit pas confinée au champ stérile du "discours de protestation".
Comment expliquer ce paradoxe ? L'hypothèse que nous formulons est que, loin d'être l'effet d'un déficit de visibilité de la parole contestataire, l'inaudibilité politique des thèses anticapitalistes en France doit d'abord se comprendre comme le résultat d'une redoutable confusion intellectuelle sur l'essence véritable du libéralisme.
L'ambition du travail de Charles Robin est de lever le voile sur les implications et les ambiguïtés de ce grand courant de pensée, au travers notamment de la révélation des liens unissant l'extrême-gauche française avec les idées libérales envisagées comme extension illimitée des droits individuels.