Alexandre Douguine brosse ici un tableau de l'eurasisme comme vision du monde alternative à l'idéologie unipolaire actuellement au pouvoir.
L'eurasisme, c'est Rome contre Carthage, le nomos de la Terre, du continent, contre le pouvoir qui vient de la mer, la thalassocratie. Ce constat géopolitique et historique permet ensuite d'embrasser une politique qui respecte les traditions propres à chaque grande aire civilisationnelle, au contraire du rouleau compresseur libéral qui impose ses schèmes de pensée par la guerre impérialiste et la nécessité du développement.
En 1976 paraissait chez François Maspero un livre au titre resté célèbre : "La Géographie, ça sert, d'abord, à faire la guerre".
36 ans plus tard, ce titre et la plupart des analyses que contenait ce livre restent étonnement actuels et valables.
Il ne s'agit bien sûr pas de stigmatiser certains usages de la Géographie (ou de la géopolitique), mais d'abord de rappeler l'origine historique de ce savoir fondamental et les étapes de son évolution.
Il y a 25 siècles, Hérodote mène la première grande enquête géographique et géopolitique dans le cadre des guerres entre les Grecs et l'Empire perse.
La géographie n'a ensuite cessé d'être liée à la guerre et aux conquêtes.
Très différente, la géographie des professeurs apparaît seulement au XIX° siècle, d'abord en Allemagne, puis en France.
Aujourd'hui, la présence massive des questions géopolitiques dans la vie de nos sociétés, leur omniprésence médiatique, invitent chaque citoyen à se poser à nouveau la question des usages et des pratiques de la Géographie.