Liberté et langage. Avec Francis Wolff à l'Ecole Normale Supérieure.


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02.10.2017

Un agent est libre s'il peut être tenu pour cause de certains événements qui, par-là même, ne sont plus des événements mais des actions, les siennes. Corrélativement ces actions sont libres si, au contraire des événements qui sont causés par d'autres événements, elles n'ont d'autre cause que le sujet lui-même.
Francis Wollf nous montre que, pour qu'une action soit libre, il faut qu'elle ne soit pas seulement l'effet d'un désir conscient, mais d'un désir de second ordre, autrement dit d'une volition. Un désir est un événement de conscience, qui, en tant que tel, est causé par d'autres événements mentaux ; mais une volition est un acte de conscience d'un sujet qui n'a d'autre cause que le sujet lui-même.
Une telle structure "plissée" de la conscience est rendue possible par la structure prédicative (S est P, S n'est pas P) et indicative (je te dis que) du langage humain.
C'est avec une telle définition de l'action libre que l'on peut rendre raison des caractéristiques classiquement prêtées à la volonté et à la liberté. La volonté est opposée aux désirs occurrents ; elle suppose la négation. La liberté se connaît sans preuve puisque nous la sentons en nous ; elle est la source de la responsabilité morale et de la responsabilité juridique dans les systèmes rationnels de Droit : c'est pourquoi elle comporte des degrés.

Un exposé dans le cadre des "Lundis de la Philosophie".

La rationalité de l'homme comme conséquence de son animalité. Avec Francis Wolff à l'Ecole Normale Supérieure.


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05.10.2015

Il y a, aujourd’hui, deux façons opposées et symétriques de nier la spécificité humaine. D'un côté, on soutient que les traditionnels "propres" de l’homme (le langage, la culture, le symbolique, la réflexion, l’art, etc.) "se trouvent" déjà chez "l’animal" et que l’homme n’est donc qu’un animal comme les autres — avec les diverses conséquences qu’on peut en tirer tant sur le plan épistémologique (jusque dans certains courants de l’anthropologie culturelle) ou moral (animalisme, anti-humanisme, etc.). D’un autre côté, on soutient que la "rationalité" n’est nullement le propre de l’humanité, puisqu’elle est le fait des machines informatiques qui n’ont nul besoin d’une conscience animale ni même d’un support biologique — avec les diverses conséquences qu’on peut en tirer tant sur le plan épistémologique (jusque dans certains courants cognitivistes des sciences humaines) et moral (transhumanisme, post-humanisme, etc.).
Contre ces deux négations, Philippe Wolff soutient, classiquement, que l’on peut encore définir l’humanité par l’étroite union d’une rationalité (à condition de ne pas la confondre avec l’intelligence — naturelle ou artificielle) et d’une animalité biologique : c’est parce qu’il est un certain type de vivant social parlant qu’il est "rationnel" dans le double sens de la rationalité théorique et morale.
Il tente en effet d’inférer les caractéristiques de la rationalité, d’une part de la forme singulière de la communication humaine, la structure prédicative : parler l’humain, c’est dire à quelqu’un quelque chose de quelque chose — ce qui donne accès à la négation, au possible et à l’argumentation, mais aussi à une ontologie de choses, d’événements et de personnes, avec diverses conséquences anthropologiques (l’homme comme animal métaphysique, théologique, artiste, etc.) ; d’autre part de la forme singulière de la conscience humaine : penser humainement, c’est pouvoir prendre ses propres croyances pour objet de ses croyances, ce qui donne accès à la notion de vérité, et pour objet de ses désirs ses propres désirs, ce qui donne accès à la notion de liberté.
L’animalité ne se conçoit donc pas, chez l’homme, sans la rationalité, qui n’est qu’un développement hypertrophique du langage ; et réciproquement, il n’y a pas de rationalité sans une base naturelle, puisqu’elle n’est qu’un repli de la conscience animale sur elle-même.

Une conférence donnée dans le cadre des "Lundis de la philosophie".

L'animalisme contemporain et le devenir de l'humanisme. Avec Francis Wolff au colloque OCHA.


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27.11.2014

Le philosophe Francis Wolff s'interroge sur la signification contemporaine de l'animalisme.
Celui-ci est d’abord un phénomène social très visible, marqué par la croissance dans l'espace public des sociétés développées de la préoccupation pour le bien-être animal. On remarque également que l'animalisme tend à donner un sens plus rigoureux à la valeur attribuée à l'animal en tant que tel. Il désigne enfin l'inflation de la question animale dans les sciences humaines, notamment la philosophie (éthique animale), le droit (droit des animaux) ou encore l'histoire.
Cette nouvelle approche de la question animal nous dit forcément quelque chose, en retour, de notre conception de l'Homme. Devons-nous nous en méfier ? Est-ce que l'humanisme est en danger ?

La métaphysique : quels débats aujourd'hui ? Avec Francis Wolff et Michaël Foessel sur France Culture.


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03.12.2015

La métaphysique est-elle morte ou simplement datée ? Une chose est sûre : les temps sont durs pour cette discipline qui eut ses heures de gloire.
Heureusement, Michaël Foessel et Francis Wolff nous éclairent sur son destin (pas si) poussiéreux.

Emission "Les Chemins de la philosophie", animée par Adèle Van Reeth.

Peut-on définir l'amour ? Avec Francis Wolff à l'Ecole Normale Supérieure.


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30.05.2016

Toute définition de l’amour (que l’on prendra au sens restreint que ce terme a dans les expressions "histoire d’amour", "chagrin d’amour", "chanson d’amour", etc.) semble se heurter à des problèmes méthodologiques. De quel genre relève-t-il ? Est-ce une émotion ? Si oui, laquelle ? Le désir ? Est-ce un sentiment ? Si oui, lequel ? Le souci ? Est-ce un affect ? Lequel ? La joie ? Est-ce une passion ou des actions ? A quel grand genre d’être appartient-il ? Est-ce un état ou une disposition, celle d’un sujet, l’amoureux ? Ou est-ce une relation entre deux sujets, les amants ? Une méthode par "conditions nécessaires et suffisantes" se heurte toujours à des contre-exemples.
Une autre méthode, par "air de famille" ou par "prototype", moins exigeante, se heurte au défaut inverse : elle ne permet pas de délimiter ce qu’on appelle "amour" et ce qui ne l’est pas.
Nous proposerons une troisième méthode. Nous définirons l’amour par trois bornes externes, l’amitié, le désir et la passion, et une certaine proportion variable et instable de trois composantes internes hétérogènes : l’amicale, la désirante et la passionnelle — l’une des trois pouvant, à la limite, s’annuler, ce qui permet de rendre compte des contre-exemples classiques tout en délimitant clairement ce qu’on appelle amour.
De cette définition, nous tirerons quelques conséquences éthiques (sur l’éthique de l’amour opposée à celle de l’amitié, par exemple, ou sur les contradictions de l’amoureux) et quelques conséquences métaphysiques (par exemple sur le dualisme de l’amant opposé au monisme de l’aimé).
Car les trois composantes de l’amour ne jouent pas collectif, tel est le drame ou la grandeur, de l’amour.

Penser le présent. Avec Francis Wolff à l'Ecole Normale Supérieure.


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29.05.2012

Francis Wolff s'intéresse au temps présent : est-il saisissable ? est-il réél ?
Il défend ici la thèse selon laquelle le présent serait, dans une perspective réaliste, un concept objectif.

Conférence donnée dans le cadre des "Lundis de la Philosophie".

Peut-on encore définir l'humanité ? Avec Francis Wolff à l'Ecole Normale Supérieure.


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07.10.2013

Toute définition de l’homme parait aujourd’hui condamnée pour diverses raisons : logique, métaphysique, épistémologique, morale. Le projet définitionnel serait prisonnier d’une métaphysique essentialiste.
L’idée que l’espèce humaine est clairement délimitée serait réfutée par les théories évolutionnistes. Il n’y aurait aucun propre humain qui puisse être tenu pour cause de tous les autres ni même aucune propriété dont l’homme puisse se prévaloir.
La croyance que l’humanité formerait une communauté morale ("humanisme") est contestée tant par ceux qui la considèrent trop large (au-delà du politique) que par ceux qui la considèrent comme trop étroite (et les animaux ?).
Pour ces raisons, et pour beaucoup d’autres motifs, les thèses épistémologiques dominantes aujourd’hui concernant le rapport homme-animal sont continuistes plutôt que discontinuistes.

Conférence donnée dans le cadre des "Lundis de la Philosophie".

Pour une ontologie descriptive minimaliste. Avec Francis Wolff à l'Ecole Normale Supérieure.


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06.10.2014

Une bonne part de l’activité philosophique ou scientifique consiste à se demander : "Qu’y a-t-il ?" Et la  plupart de ces ontologies sont "réformatrices". Elles se demandent en fait : Qu’y a-t-il vraiment ? Elles s’efforcent de respecter deux exigences : dépasser les apparences, limiter les entités.
Mais la première exigence rencontre généralement une objection relativiste sous une forme phénoméniste : on ne peut savoir ce qu’il y a vraiment, on ne saura jamais que ce qui nous apparaît.
La seconde rencontre généralement une objection relativiste sous une forme nominaliste : toute réduction du nombre d’entités est soumise à l’arbitraire du découpage linguistique.
Toute ontologie réformatrice doit se fonder sur des critères permettant de distinguer les entités réelles des apparentes, ou les degrés de réalité des différentes entités.
Les trois critères ontologiques les plus obvies et les plus souvent utilisés sont les suivants: la permanence (sempiternité ou immuabilité) ; l’indépendance ou séparabilité ; la concevabilité. Ces critères ne sont pas toujours concordants. Et selon le poids qu’on accorde à tel ou tel, ou la manière dont on répond aux deux objections précédentes, le destin d’une ontologie réformatrice est souvent de s’achever, soit dans une logique (formelle), soit dans une physique (scientifique) — lesquelles en marquent la réalisation la plus élevée, ou l’échec.
Une autre position du problème "qu’y a-t-il ?" est possible : une ontologie qui, au lieu d’être réformatrice, serait purement descriptive, c’est-à-dire à notre mesure humaine — à condition qu’elle puisse répondre aux deux objections de type relativiste précédentes et valoir universellement.
Nous défendrons l’universalité d’une ontologie descriptive fondée sur trois types d’entités : les choses (déterminées par ce qu’elles sont), les événements (déterminés par le fait qu’ils causent ou sont causés par d’autres événements), et les personnes (définies comme des choses susceptibles de causer des événements — lesquels deviennent ainsi des actes).
Aux arguments déductifs, nous joindrons deux preuves par les effets anthropologiques : cette tripartition des êtres est, d’un côté,  au fondement de la division des arts ; et, d’un autre côté, au fondement de la vie sociale réglée par les exigences du Droit.