Les penseurs Français ont joué un rôle majeur dans la naissance du socialisme et du communisme, notamment ceux que l'on peut intégrer à la frange radicale des Lumières et qui entendait approfondir les avancées rationalistes et universalistes face à une réappropriation bourgeoise et hypocrite des progrès mis en oeuvre dans l'histoire.
Cette aspiration démocratie radicale s'est incarnée dans un certain élan de la Révolution française qui, tout en imaginant des solutions du côté de l'utopie, revendique aussi ses droits dans le réel.
Une étude historique bienvenue de la part de la philosophe Stéphanie Roza, qui nous rappelle la force et les acquis d'un héritage aujourd'hui trop facilement remis en question.
L'Occident (euro-américain) a construit dans sa modernité une "religion industrielle" (Pierre Legendre) accompagnée d'une dogmatique faite de textes, d'images et d'emblèmes célébrant l'efficacité, la technoscience-économie et ses "progrès". Cette religion de l'Occident a une prétention universelle. Sa dogmatique managériale est portée par les entreprises et les institutions internationales, mais aussi par des courants de pensée. Son corpus de textes est constitué des bréviaires et doctrines qui théâtralisent l'efficacité et la performance. Il prétend définir des comportements, des règles du croire et du vivre et contribue au dressage des corps et des esprits.
La généalogie du politique que Pierre Musso élabore ne se limite pas aux textes classiques, mais en fait une archéologie mettant à jour les rôles antipolitiques des figures pionnières de l'État-Entreprise que sont Berlusconi, Trump et Macron.
Un travail qui met en perspective, sur la longue durée, la mutation profonde du politique en Occident et donne à voir ce qui se joue à l'arrière-plan, entre l'État (institution de la religion du politique) et l'Entreprise (institution de la religion industrielle) : un lent processus de neutralisation de l'État qui s'accélère depuis la fin du XXe siècle et semble tendre à son démantèlement, au profit de l'Entreprise… À tout le moins assistons-nous à un transfert d'hégémonie.
Le temps de l'État-Entreprise advient, temps de la mutation du pouvoir et du rapport de force entre les deux institutions désormais hybridées.
Le bicentenaire de la mort de Napoléon a été marqué par des polémiques qui laisseront des traces dans la mémoire collective. Non que le souvenir des créations napoléoniennes ait disparu, mais certainement il demeurera entaché par le rappel obsédant, partiel et partial, du rétablissement de l'esclavage en 1802. Sans doute ne s'agit-il pas d'un "détail", et certainement ce fut une faute, mais cet épisode controversé aura eu le mérite, au moins, de rappeler que l'histoire est complexe, et qu'elle doit plus souvent être peinte en gris qu'en blanc ou en noir.
Le paradoxe de l'épisode napoléonien de notre histoire, c'est que s'il a légué à la postérité un riche ensemble de souvenirs dans lequel l'épopée a longtemps fait oublier les pertes humaines et l'émancipation des Juifs le rétablissement de l’esclavage, il n'a légué à la France aucun régime politique. L'empire et son "kitsch" carolingien a disparu avec Napoléon. Autant dire que si l'Empereur a consolidé la société issue de la Révolution française, il n'a pas fait mieux que la Constituante, la Convention ou le Directoire pour donner à la France un nouveau gouvernement. Deux siècles d'instabilité chronique ont suivi la chute de l'Empire. La Révolution n'était pas terminée, et ne l'est peut-être toujours pas.
En revanche, Napoléon a légué à la France la constitution administrative qui lui a permis de surmonter les crises politiques qui n'ont cessé depuis d'émailler son histoire. C'est à cet aspect de l'héritage napoléonien qu'est consacrée l'intervention de Patrice Gueniffey, avec quelques aperçus sur l'art de gouverner par lequel Napoléon fut la dernière incarnation historique du despote éclairé si cher à la tradition des Lumières.
Analyste politique et prospectiviste bien connu, Michel Drac s'est retiré depuis quelque temps du paysage médiatique.
L'occasion est donc rare de revenir en sa compagnie sur l'actualité des relations internationales, la situation intérieure française et l'évolution très rapide du contexte économique mondial.
Un entretien en forme de bilan des années Covid-19 qui tente d'esquisser quelques pronostics pour les mois/années à venir.
Grand Remplacement ou Grand Déclassement ? À comparer les résultats de Zemmour et de Marine, les Français ont tranché. La question de l'insécurité sociale a dominé les débats des dernières présidentielles, mais elle n'exclut pas, loin de là, celle de l'insécurité civilisationnelle.
Pour en débattre, Jean-Yves Le Gallou, président de Polemia croise le fer avec François Bousquet, rédacteur en chef d'Éléments.
Au-delà des polémiques, que sait-on vraiment de l'assimilation et de son histoire ? La pratique qui consiste à exiger de l'étranger qu'il devienne un semblable remonte à l'Antiquité, et n'est le privilège ni d'un pays, ni d'une époque.
Personne n'avait jusqu'ici proposé une histoire globale de l'assimilation. L'ambition des travaux de Raphaël Doan est de donner un panorama des pratiques d'assimilation à travers l'histoire, de l'Antiquité à nos jours, de l'Europe à l'Amérique, du Japon à l'Arabie, des grands empires aux pays d'immigration.
Un fait se dégage : même si elle se révèle parfois contraignante, l'assimilation est toujours associée à l'universalisme, tandis que le refus de l'assimilation a souvent partie liée avec le racisme ou la xénophobie. Loin d'être synonyme de repli sur soi, l'assimilation se révèle historiquement le propre des sociétés ouvertes.
En creux, ce sont les problématiques de notre époque, marquée par les crises migratoires et la mondialisation, que Raphaël Doan cherche à éclairer, en abordant les problématiques de l'étranger et de l'immigration sous un nouveau jour. Faut-il chercher à rendre nos sociétés diverses plus homogènes ? Quel type de culture, quel rapport à nous-mêmes et à autrui voulons-nous ? Bref : à Rome, doit-on encore demander de faire comme les Romains ?
Émission du "Libre Journal des débats", animée par Charles de Meyer.
Les grandes vacances sont une bonne occasion de s'interroger sur ce qui a marqué l'année 2021/2022 sur le plan politique et au niveau des relations internationales. Et dans un monde où une information en chasse une autre, il est plus que nécessaire de revenir calmement sur ces événements importants qui continueront de marquer l'avenir proche de leur empreinte.
C'est en compagnie du politiste Pierre-Yves Rougeyron que nous procédons à cette retrospective.
La souveraineté numérique, parfois appelée aussi cybersouveraineté, est l'application des principes de souveraineté au domaine des technologies de l'information et de la communication, c'est-à-dire à l'informatique et aux télécommunications.
Mais quelles sont les enjeux réels et en quoi les états et ses citoyens sont-ils directement affectés ? Quelles sont les solutions envisageables permettant d'assurer la sécurité collective et individuelle des données numériques que nous produisons et utilisons massivement aujourd'hui ?
Une stratégie permettant d'assurer la souveraineté numérique de nos états, de nos institutions et de nos entreprises nationales est plus que nécessaire : elle est urgente.