En toute bonne foi. Avec Claude Hagège sur France Inter.


(0)
737 Vues
0 commentaire
19.06.2017

Pour quelles raisons les discours que tiennent les diverses religions, au lieu d'unir les humains, sont-ils loin d'être des facteurs de paix ? Et pourquoi l'humain a-t-il besoin de religion ? D'où vient ce besoin ? Que cherche-t-il ? A guérir ? De quoi ?
Claude Hagège, libre penseur et linguiste de renommée internationale, polyglotte maniant plus d'une cinquantaine de langues, s'est posé ces questions et bien d'autres.
Questions certes qui ne sont pas nouvelles mais auxquelles il s'est efforcé de trouver des réponses dans un livre sobrement intitulé Les religions, la parole, la violence et récemment paru aux Editions Odile Jacob. Il y analyse la procession des conflits et affrontements qui ont exacerbé l'histoire des religions, en y donnant une place centrale aux paroles par lesquelles elles s'expriment puis par les textes et leurs multiples interprétations depuis leur création.

Émission "L'Heure bleue", animée par Laure Adler.

Sade, Soudain un bloc d'abîme. Avec Annie Le Brun sur France Inter.


(0)
866 Vues
0 commentaire
31.10.2014

Qu'on l'accepte ou non, qu'on le prenne comme on voudra, Donatien Aldonze François de Sade (1740-1814) est le plus grand écrivain français. Son aventure littéraire est unique et constamment paradoxale : rayé du monde en 1800, bien que mort en 1814, tout le XIXe siècle le lira et sera occupé de son oeuvre, mais il n'en paraîtra pour ainsi dire rien. De 1900 à 1945, pendant que le nom de Sade revient de plus en plus souvent dans le commerce des lettres françaises, ses livres disparaissent à peu près complètement de la circulation. En 1947 on commence à le réimprimer; on le lira un peu plus. C'est surtout l'exégèse sadiste qui envahira les imprimeries du monde occidental dans une marée de mots sans précédent, sous laquelle l'écrivain, le romancier, le poète exceptionnel disparaîtra bientôt.
Que reste-t-il de ces deux siècles de cache-cache ? De ces quarante ans d'incontinence intellectuelle ? Les plus grands, Bataille, Blanchot, Klossowski, peuvent-ils émerger indemnes de l'examen critique qui s'impose de tant de discours ? Et Sade, où est-il ? Qu'avait-il dit, qu'avait-il écrit, au juste ?
La réflexion d'Annie Le Brun, comme un puissant rayon laser, vient à point nommé dégager Sade de tous ces mots entassés sur ses textes. Elle le découvre véritablement, et le donne pour la première fois à voir, à lire dans sa lumière propre, tel qu'on lui-même enfin.

Émission "L'heure des rêveurs", animée par Zoé Varier.

Un été avec Homère. Avec Sylvain Tesson sur France Inter.


(0)
1623 Vues
0 commentaire
2018

L'Iliade et l'Odyssée d'Homère nous est ici contée par l'aventurier Sylvain Tesson. Un voyage entre la mythologie et le monde d'aujourd'hui, érudit, épique, drolatique, époustouflant.
L'Iliade est le récit de la guerre de Troie. L'Odyssée raconte le retour d'Ulysse en son royaume d'Ithaque. L'un décrit la guerre, l'autre la restauration de l'ordre. Tous deux dessinent les contours de la condition humaine. À Troie, c'est la ruée des masses enragées, manipulées par les dieux. Dans l'Odyssée on découvre Ulysse, circulant entre les îles, et découvrant soudain la possibilité d'échapper à la prédestination. Entre les deux poèmes se joue ainsi une très violente oscillation : malédiction de la guerre ici, possibilité d'une île là-bas, temps des héros de côté-là, aventure intérieure de ce côté-ci.
Ces textes ont cristallisé des mythes qui se répandaient par le truchement des aèdes dans les populations des royaumes mycéniens et de la Grèce archaïque il y a 2500 ans. Ils nous semblent étranges, parfois monstrueux. Ils sont peuplés de créatures hideuses, de magiciennes belles comme la mort, d'armées en déroute, d'amis intransigeants, d'épouses sacrificielles et de guerriers furieux. Les tempêtes se lèvent, les murailles s'écroulent, les dieux font l'amour, les reines sanglotent, les soldats sèchent leurs larmes sur des tuniques en sang, les hommes s'étripent et une scène tendre interrompt le massacre pour nous rappeler que les caresses arrêtent la vengeance.
Préparons nous : nous passerons des fleuves et des champs de bataille, nous serons jetés dans la mêlée, conviés à l'assemblée des dieux, nous essuierons des tempêtes et des averses de lumière, nous serons nimbés de brumes, pénétrerons dans des alcôves, visiterons des îles, prendrons pied sur des récifs. Parfois, des hommes mordront la poussière, à mort. D'autres seront sauvés. Toujours les dieux veilleront. Et toujours le soleil ruissellera et révèlera la beauté mêlée à la tragédie. Des hommes se démèneront pour mener leurs entreprises mais derrière chacun d'eux, un dieu veillera et jouera son jeu. L'Homme sera-t-il libre de ses choix ou devra-t-il obéir à son destin ? Est-il un pauvre pion ou une créature souveraine ?
Les poèmes auront pour décor des îles, des caps et des royaumes dont un géographe, Victor Bérard, effectua dans les années 1920 une très précise localisation. La Mare Nostrum est ce haut lieu d'où a jailli l'une des sources de notre Europe, qui est la fille d'Athènes autant que de Jérusalem.
Mais une question nous taraude. D'où viennent exactement ces chants, surgis des profondeurs, explosant dans l'éternité ? Et pourquoi conservent-ils à nos oreilles cette incomparable familiarité ? Comment expliquer qu'un récit de 2500 ans d'âge, résonne à nos oreilles avec un lustre neuf, un pétillement aussi frais que le ressac d'une calanque ? Pourquoi ces vers paraissent-ils avoir été écrits pas plus tard qu'aujourd'hui, par un très vieux poète à la jeunesse immortelle, pour nous apprendre de quoi seront fait nos lendemains ? En termes moins lyriques (Homère est le seul maître en la matière) d'où provient la fraîcheur de ce texte ? Pourquoi ces dieux et ces héros semblent malgré la terreur qu'ils inspirent et le mystère qui les nimbe, des êtres si amicaux ?

Le crépuscule de la France d'en haut. Avec Christophe Guilluy sur France Inter.


(0)
1086 Vues
0 commentaire
19.05.2017

Le géographe Christophe Guilluy, auteur du Crépuscule de la France d'en haut et de La France périphérique : comment on a sacrifié les classes populaires et ayant théorisé le concept de "France périphérique", revient sur la carte des votes de la présidentielle, sur les notions de "France d'en haut" et de "France d'en bas" aussi que sur la nomination d'un ministre de la cohésion des territoires.
Un éclairage intéressant pour comprendre les évolutions politiques récentes.

Émission "Une Semaine en France", animée par Claire Servajean.

Mélancolie de gauche, la force d'une tradition cachée. Avec Enzo Traverso sur France Inter.


(0)
834 Vues
0 commentaire
12.06.2017

Entre la Commune et Mai 68, les révolutions ont toujours affiché une prescription mémorielle : conserver le souvenir des expériences passées pour les léguer au futur. Une mémoire "stratégique", nourrie d'espérance.
Mais cette dialectique entre passé et futur s'est brisée, et le monde s'est enfermé dans le présent. Ce nouveau rapport entre histoire et mémoire permet de redécouvrir ce que l'historien des idées Enzo Traverso, à la suite d'Hannah Arendt, appelle une "tradition cachée", celle de la mélancolie de gauche, car elle n'est ni un frein ni une résignation, mais une voie d'accès à la mémoire des vaincus qui doit permettre à la gauche de prendre conscience d'un héritage impossible à refouler, et surtout d'un nécessaire travail de deuil.

Les tueurs fous du Brabant, l'affaire qui hante toujours la Belgique. Avec Gérard Rogge sur France Inter.


(0)
876 Vues
0 commentaire
02.01.2018

Il a fallu attendre 32 années pour que de nouveau, la Belgique, ainsi que les familles des 28 personnes mortes et des 40 blessés dans la folie de ces tueurs, espèrent de nouveau comprendre ce qu’il s’est passé entre 1982 et 1985, lors d’une série de braquages et de cambriolages qui ont plongé le pays dans la psychose.
32 années, à s’interroger sur l’identité de cette bande, sur ses mobiles, sur ses soutiens. 32 années, à imaginer tous les scénarios possibles allant des tueurs psychopathes à l’Opus Dei, de la piste de prédateurs mafieux à un groupuscule d’extrême droite. 32 années, à tenter de justifier les errements de l’enquête, à panser les plaies au sein de l’Etat avec la mise en place de deux commissions d’enquête parlementaire. 32 années enfin, à attendre qu’un jour quelqu’un ose parler.
Ce jour, certains pensent qu’il est arrivé en mai 2015 quand, sur son lit de mort, un ancien gendarme aurait confié à son frère être le géant de la bande du Brabant. Ce témoignage a été livré à la presse, le lundi 23 octobre 2017. Depuis cette date, chaque jour de l’autre côté de la frontière, dans les salles de rédactions, on interroge de nouveau les témoins de ces massacres, on fouille les archives à la recherche d’un entretien oublié, d’une piste qu’on n’avait pas voulu suivre à l’époque qui pourrait confirmer les propos de cet homme.
Le but ici n’est pas de lever le voile sur les secrets de cette affaire mais, à la lumière des dernières révélations, d’établir un récit pour comprendre ce qui s’est passé, de revenir sur certaines impasses de l’enquête judiciaire et enfin d’expliquer pourquoi la confidence d’un ancien gendarme est peut-être la clé de ce mystère.

Émission "Affaires sensibles", animée par Fabrice Drouelle.

"Dernier tango à Paris" : le film interdit. Avec Jean Gili sur France Inter.


(0)
1183 Vues
0 commentaire
02.03.2016

Notre époque n’est plus à la censure des tableaux et sculptures mais des films. Oui, depuis que les Frères Lumière ont inventé le cinématographe, les pouvoirs, quels qu’ils soient, ont toujours pensé à limiter cette magie en la contrôlant. Tous les grands réalisateurs ont eu la chance de recevoir un jour un courrier des censeurs leur annonçant que telle ou telle scène n’était pas acceptable aux yeux de la loi. Alors c’est selon… Selon la période, le scandale change de nom, de rite, et de forme. En 1966 par exemple, c’est La Religieuse de Jacques Rivette que le pouvoir gaulliste, sous commandement de l’Eglise, refuse de montrer au public pendant plus d’un an. Aujourd’hui, la censure tombe sur des films divers. On interdit au moins de 18 ans Love de Gaspard Noé parce que des corps s’enlacent, ou le documentaire Salafistes parce qu’on y rencontre des terroristes.
Mais censurer, interdire, limiter, ce n’est rien d’autre que mettre un voile sur une angoisse…
En 1972, déjà, c’est la guerre et les corps qui étaient dans la mire des censeurs. On interdit Avoir 20 ans dans les Aurès de René Vauthier, mais aussi le Dernier tango à Paris qu’on cache aux moins de 18 ans. En Italie, la censure ira jusqu’à condamner le film à la destruction par les flammes… Autodafé pour le 7e art. Mais enfin, De quoi ce film était-il coupable ? D’oser le choc des corps, de filmer des scènes de sexe violentes, dominantes, consenties ou non, entre un homme et une jeune femme.
Interdit, coupé et détruit, Le Dernier tango à Paris est à la fois un succès auprès de la critique et des spectateurs et un film pestiféré.
Nous retournons sur les pas de ce film, aux côtés des acteurs du Dernier tango, des critiques et des spectateurs, qui ont encensé ou non ce film, mais aussi auprès du réalisateur Bernardo Bertolucci.

Émission "Affaires sensibles", animée par Fabrice Drouelle.

16 juillet 1982, le suicide de Patrick Dewaere. Avec Thomas Baurez sur France Inter.


(0)
1191 Vues
0 commentaire
21.06.2017

"Cher Patrick, je te le dis maintenant sans gêne et sans drame. J’ai toujours senti la mort en toi. Pire, je pensais que tu nous quitterais encore plus vite. C’était une certitude terrible que je gardais pour moi. Je ne pouvais rien faire. J’étais le spectateur forcé de ce compte à rebours. Ton suicide fut une longue et douloureuse maladie." Ces quelques mots, extraits d’une lettre posthume de Gérard Depardieu à Patrick Dewaere, disent avec force et justesse la fatalité d’une tragédie qui ébranla le cinéma français en cet été 82.
Ce jour-là, l’acteur Patrick Dewaere, 35 ans, met fin à ses jours. Il est pourtant au sommet de sa gloire. En à peine quinze ans et une trentaine de films, il s’est imposé comme l’un des acteurs les plus brillants de sa génération. Tour à tour voyou, flic, paumé, juge ou footballeur, il marque de son empreinte les films dans lesquels il joue. Jusqu’à se confondre totalement avec eux… saisissant alliage d’écorché vif et de folie, d’impulsivité et de fragilité.
Dans la vie comme dans ses films, Patrick Dewaere est toujours sur un fil, en équilibre, avec l’alcool et la drogue comme compagnons d’infortune. Parti trop vite, il incarne encore aujourd’hui l’acteur d’une génération, celle de la décennie 1970, balancée entre les espoirs soulevés par la révolte de 1968 et les dérives d’une jeunesse en mal de vivre.

Émission "Affaires sensibles", animée par Fabrice Drouelle.