François Maspero (1932-2015), passeur de présent. Avec François Gèze, Julien Hage, Annie Morvan, Edwy Plenel, Michel Piccoli et Klavdij Sluban sur France Culture.


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23.04.2016

François Maspero est mort le 12 avril 2015 à l'âge de 83 ans. De la seconde guerre mondiale où moururent son père et son frère, aux guerres coloniales que ses éditions ont invité à penser différemment, en passant par les débats d'une société en plein bouleversement, Maspero a tracé une voie nouvelle dans l'histoire du livre et de l'édition de sciences humaines et sociales.
Sa librairie et ses éditions ont été un repère, un lieu de formation et d'échange pour toute une génération qui entrait en politique avec la guerre d'Algérie, les décolonisations et les mobilisations pour ouvrir la société. Et lorsque cette voie fut poursuivie par d'autres — dans les éditions La Découverte, créées en 1982 — Maspero a trouvé, toujours dans le compagnonnage des livres, sa propre "voix" d'auteur : écrivain toujours en mouvement, traducteur et extraordinaire conteur.
Rares sont les éditeurs qui ont aussi créé une œuvre littéraire personnelle aussi intime que tournée vers le monde. Une vie d'engagement, pour et par le livre.

Émission "Une vie, une oeuvre", animée par Perrine Kervran.

Le peuple et les élites. Avec Patrick Buisson et Alain Minc à Répliques sur France Culture.


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12.11.2016

Tout oppose Alain Minc, l'auteur de La mondialisation heureuse, et Patrick Buisson qui vient de publier La cause du peuple. Et pourtant, entre 2007 et 2012, ils ont été les conseillers du même Prince, le président alors au pouvoir Nicolas Sarkozy.
Ils ne le voyaient pas aux mêmes heures, ne lui tenaient pas le même discours et ne lui faisaient pas les mêmes suggestions. Et pourtant le fait est là et constitue un paradoxe qui demande d'être élucidé.
Quel bilan tirent-ils de leur expérience ? Et que représente pour eux ce "moment Sarkozy" ?

Pourquoi la démocratie ne fait plus rêver ? Avec Yascha Mounk sur France Culture.


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04.09.2018

Malgré la stabilité, la prospérité et la sécurité qu'elle a pu engendrer depuis 70 ans, la démocratie libérale est aujourd'hui en train de céder partout dans le monde face aux assauts d'un contre-modèle populiste, autoritaire et réactionnaire.
Incarné par Donald Trump, ce changement d'ère politique prend ailleurs le visage d'Erdogan, la voix d'Orban, la gestuelle de Maduro, les outrances de Salvini et les provocations de Farage.
Critiquées par les experts, exposées par la presse et dénoncées par leurs opposants, ces nouvelles figures de la modernité politique  enchaînent néanmoins, semble-t-il contre toute logique, les succès électoraux. Pourquoi la démocratie ne fait-elle plus rêver ?

Émission "L'Invité des Matins", animée par Guillaume Erner.

Hasta la muerte ou le sens de la vie. Avec Régis Debray sur France Culture.


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20.09.2018

Plus d'un tiers des français choisissent la crémation et épargnent donc à leurs proches d'avoir à fréquenter des cimetières qui se sont de toute façon éloignés des villes pour aller là où les transports en commun ne passent plus que rarement.
Hier veillés et célébrés, nos morts sont désormais discrètement et rapidement évacués. Tels les soldats malchanceux tombés au matin de l'armistice, ils nous gênent et nous affligent d'autant plus qu'ils manquent de peu l'immortalité que les prophètes du transhumanisme nous promettent pour demain.
La mort se meurt dans l'euphorie générale, mais il faudra peut-être un jour la réhabiliter à titre posthume.

Émission "L'Invité des Matins", animée par Guillaume Erner.

Mister Ryckmans et Docteur Leys (1935-2014). Avec Philippe Paquet, René Viénet, Pierre Boncenne, Hélène Hazera, Jean-Claude Casanova, Jean-Philippe Béjà et Nicolas Idier sur France Culture.


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18.06.2016

Le 11 août 2014, Pierre Ryckmans, alias Simon Leys, s'éteignait aux antipodes, dans son Australie d’adoption. Celui qui avait définitivement décapité le maoïsme "made in France" avec son ouvrage pamphlétaire publié en 1971, intitulé Les habits neufs du Président Mao, laissait derrière lui une œuvre protéiforme : celle d'un dessinateur, d'un traducteur, d'un écrivain et d'un pamphlétaire.
Sinologue belge maudit par l'intelligentsia parisienne, par ceux qu'il nomme les "Maoïstes mondains", et rejeté par un monde universitaire fait de "faux experts" qui "ne parlent même pas le chinois", Simon Leys n'aura de cesse d'observer une Chine contemporaine à l'aune de ce que fût la Chine classique.
Influencé par Confucius, dont il va traduire les célèbres entretiens, et Georges Orwell, l'Alias d’Eric Blair, Simon Leys a su devenir "l’honnête homme", l'humaniste défini par le philosophe chinois et ce "guetteur" défini par l'écrivain anglais face à toute forme de totalitarisme.
Il laisse une oeuvre protéiforme et universelle venant sans cesse nous rappeler que la dictature n'est jamais bien loin. Et comme on dit en Chine : "Qui ne connaît le Destin ne peut vivre en honnête homme. Qui ne connaît les rites ne sait comment se tenir. Qui ne connaît le sens des mots ne peut connaître les hommes".

Émission "Une vie, une oeuvre", animée par Perrine Kervran.

Charles Maurras et ses héritiers. Avec Olivier Dard et François Huguenin à Répliques sur France Culture.


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07.02.2015

Avant d'être un mouvement politique, l'Action française fut une école de pensée dotée d'une étonnante force d'attraction. Née en pleine affaire Dreyfus, elle fut animée par Maurras, Daudet et Bainville. Elle compta dans ses rangs Bernanos, Maulnier et Boutang, eut comme compagnons de route Massis, Maritain ou encore Blondin. Elle attira un temps Blanchot, Roy, Gide et Malraux. Elle fascina Proust et Montherlant ; influença de Gaulle et Mitterrand.
Sans indulgence vis-à-vis des dévoiements de l'antisémitisme ou du ralliement à Vichy d'une partie des intellectuels d'Action française, Olivier Dard et François Huguenin dévoilent ici un pan méconnu de l'histoire des idées et nous proposent de (re)découvrir cette pensée riche et complexe qui marqua profondément le premier XXe siècle.

Maurice Sachs (1906-1945), la mauvaise réputation. Avec Barbara Israël, Henri Raczymow, Thomas Clerc, Jacques de Castilla et Anne Perez-Franchini sur France Culture.


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11.03.2017

Né Maurice Ettinghausen à Paris, le jeune Sachs (du nom de sa mère) fréquente les pensionnats anglais puis, très vite, Le Bœuf sur le toit, ce lieu inventé par Cocteau où défile toute l'avant-garde de 1925. Maurice Sachs est un mondain, un futur écrivain, un séducteur, un amoureux des garçons, un voleur, un tricheur, un voyageur, un alcoolique, un homme tenté par le mysticisme (il se convertit au catholicisme avant de renoncer).
Maurice Sachs aura mille vies. Ami de Max Jacob, des Maritain, des Castaing, en affaires avec Chanel, brouillé avec Cocteau, sous la protection de Gide, Sachs traverse l’Atlantique, se fait conférencier aux Etats-Unis, se marie, abandonne sa femme, vivote sans le sou avec un jeune Californien à Paris, siège au comité de lecture de la NRF, et il écrit, il écrit, il écrit sans cesse, souvent, quand il peut... il rêve de devenir un écrivain. Ce ne sont que quelques péripéties.
Il rencontre Violette Leduc et l'incite à écrire. Il adopte un enfant juif qu'il abandonne. C'est la guerre, il n'a plus un sou, il revient à Paris, pendant l'Occupation et fait du trafic. Ce n'est pas très clair, mais il mène la grande vie à Paris, vit quai Conti, au 15 exactement : dans cet appartement où grandira, plus tard, le jeune Patrick Modiano. Et puis Maurice part en Allemagne, désargenté, il est traqué, il se fait grutier.
Un juif au cœur de la machine nazie. Il trahit, espionne pour les Allemands, protège ceux qui lui plaisent. Il est arrêté, mis à l'écart, les Alliés bombardent Hambourg. Sa prison est évacuée, il marche sur une route d'Allemagne. On lui tire une balle dans la tête. Il s'écroule. La légende, le mythe de Maurice Sachs viennent de commencer.
On le retrouvera plus tard, après la Libération, après la guerre. On dit qu'il aurait survécu, qu'il serait revenu, qu'il se serait enfui, sur un autre continent, qu'il aurait changé d'identité. Ses livres, magnifiques, paraissent alors : Le Sabbat, La Chasse à Courre (avant-guerre, il n'avait que peu publié).
C’est une voix unique, un témoignage des Années folles, des Années noires. Les années 20, 30, 40 – et tous les héros de ce temps. C’est un auteur "autofictif", un "autobiographe", juif, homosexuel, voleur, collabo, hystérique, génial, alcoolique, désespéré. Un personnage, une étrange figure qui hante La Place de l'Etoile, le premier livre de Patrick Modiano. Comme le fantôme de l'Occupation, d'une époque qui n'en finit pas de passer...

Émission "Une vie, une oeuvre", animée par Julien Thèves.

Lire Maurras aujourd'hui. Avec Michel de Jaeghere et Martin Motte à Répliques sur France Culture.


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23.06.2018

Françoise Nyssen, la Ministre de la Culture, a-t-elle eu raison ou tort de retirer la référence à Charles Maurras dans le livre des Commémorations de 2018 ? Jean-Noël Jeanneney et Pascal Ory ont rappelé à très juste titre que "commémorer n'est pas célébrer : on commémore la Saint Barthélémy, on ne la célèbre pas". D'un autre côté, comme le dit un autre historien Sébastien Ledoux "si les commémorations officielles  des pages sombres de notre histoire ont pu faire sens collectivement, c'est au nom de l'hommage  rendu aux victimes."
Une chose est sûre en tous cas : si nous voulons comprendre quelque chose au passé français, l'œuvre et l'action de Maurras ne doivent surtout pas tomber dans l'oubli.
Aussi faut-il saluer la parution dans la belle collection Bouquins de Robert Laffont d'une anthologie de ses textes fondamentaux présentés et établis par Martin Motte ainsi que la réimpression de L'Âge d'or du Maurassisme de Jacques Paugam, préfacée par Michel de Jaeghere.
Reste cette question : comment lire Maurras aujourd'hui ? ou, pour être plus précis : peut-on être, encore maurrassien aujourd'hui, en faisant le tri de sa pensée ?