Ecrivain à la fois romantique et post-moderne, socialiste et fasciste, européen et nationaliste, pilier de la NRF, Drieu fascine. Il est séducteur, fantasque et tellement talentueux. Des tranchés à Doriot, premier parcours d'un jeune Européen aux valises pleines.
Une conférence proposée par l'Observatoire de la modernité.
Une analyse critique d’un porte-voix des idées communes au populisme de gauche et au populisme d'extrême-droite, Étienne Chouard, notamment de son populisme transversal, de son confusionnisme, de son conspirationnisme, de son démocratisme-citoyenniste et de son "anti-impérialisme".
En effet, le "populisme transerversal" peut être compris comme une idéologie s’adressant en même temps aux populistes de gauche (Mélenchon) et aux populistes d’extrême-droite (Le Pen) à partir de leurs thèmes communs (patriotisme, souverainisme, anti-finance, etc.). Le populisme de gauche, lui, s’adresse en partie, mais en partie seulement (contrairement au populisme transversal), aux populistes d’extrême-droite (à l’exclusion des thèmes d’extrême-droite). Le populisme d’extrême-droite, réciproquement, s’adresse en partie, mais en partie seulement (à l’exclusion des thèmes de gauche), aux populistes de gauche.
Dans sa préface à la Phénoménologie de l’esprit, Hegel signale qu' "À la facilité avec laquelle l’esprit se satisfait, on peut mesurer l’étendue de sa perte." Il vise ainsi le poématisme absolu de Schelling, troquant la richesse du poème contre la palette d’un peintre limitée à deux couleurs : "le rouge pour la scène historique et le vert pour les paysages selon la demande". Réduisant encore cette binarité, notre temps ("Chaque philosophie ne fait que résumer son temps dans la pensée"), censure le rouge au profit du seul vert ; la couleur, très "völkisch", des "Forêts teutonnes" qui dominent Fribourg ; un vert désencombré de l’histoire : celui de l'écologie politique, qui "en a marre du gaullo-communisme" (D. Cohn-Bendit), ou du Medef qui dit vouloir "en finir avec le C.N.R." (D. Kessler).
En entreprenant cette discussion sur Hegel, Dominique Pagani s’est efforcé, par pur souci esthétique, d'y restituer une légère touche de rose ; celle qui nous embaume "dans la croix de la souffrance présente" : on l’aura compris nous sommes ici en représentation, au théâtre. Partant, le problème de la connaissance, n’y paraît qu’à la lumière qui achève toute dramatique ; à commencer par celle que notre Ulysse de l’esprit nomme "la religion esthétique" : la Reconnaissance.
De cette vie ouvertement romanesque, faite de bruit et de fureur, subsiste comme une odeur étrange, de soufre, de fer incendié et de putréfaction. Infatigable travailleur et prosateur épique par excellence, Malaparte aura été l’écrivain de la violence dans l’histoire. Sa grande affaire, la guerre, livrée sous la forme d’un triptyque fameux : Technique du coup d’état, Kaputt, La Peau, où il décortique à la pointe sèche, la barbarie sous toutes les coutures.
Grand séducteur et grand solitaire, Malaparte fit de sa vie, une œuvre à part entière. Il conçut une maison à la mesure de sa démesure, minimaliste et sublime, la "Casa come me", sur les hauteurs de Capri séjour des dieux où Jean-Luc Godard décida un beau jour de donner rendez-vous à Brigitte Bardot !
Si Malaparte reste aujourd’hui un incompris, voire un infréquentable, il le doit sans doute à quelques sauts périlleux incontrôlés, entre fascisme et communisme. Engagé très dégagé, Malaparte laisse une œuvre qui ne cesse de proliférer. Hydre inclassable remuant les inédits, les cahiers retrouvés et les nouvelles traductions. Un auteur à suivre !
Emission "Une vie, une oeuvre", animée par Matthieu Garrigou-Lagrange.
Antonio Gramsci (1891-1937) est un des grands penseurs du XXe siècle. Militant socialiste, il rallie la révolution d'octobre 1917 et devient membre fondateur du parti communiste italien, puis son secrétaire général. Il combat le fascisme jusqu'à son arrestation par Mussolini en 1926. Emprisonné, il rédige ses fameux Cahiers de prison.
Cette recherche immense et inachevée est l’œuvre italienne moderne la plus citée dans le monde. Elle propose une déconstruction des marxismes dogmatiques du XXe siècle et une reconstruction qui a pour axe l'équation philosophie/histoire/politique.
En France, Gramsci est en fait peu connu, même si certains de ses concepts (hégémonie, conception du monde, intellectuels, bloc historique, révolution passive, américanisme) sont pillés et utilisés comme des instruments idéologiques par tous les camps, même si sa conception des rapports entre nord et sud, subalternes et dirigeants, nourrissent les subaltern et cultural studies anglo-saxonnes.
Le fil conducteur de cette pensée cohérente et critique, révolutionnaire et multiple, est la conception d'un monde assurant la sortie de la passivité qui engloutit et neutralise les masses subalternes et tente de préciser les formes et les contenus des combats décisifs.
L'historienne Annie Lacroix-Riz, qui a publié d'importants travaux sur l'histoire anti-républicaine et collaborationniste des élites françaises dans la première moitié du XXe siècle, prétend fonder son travail sur des sources irréfutables.
Qu'en est-il vraiment ? Ces sources, puisque sources il y a, sont-elles aussi sûres que cela ? Et les règles de base de la méthodologie historique sont-elles respectées ?
Cette conférence invite à réfléchir aux principales distinctions entre deux pensées politiques : fascisme italien d'un côté, nationalisme intégral français de l'autre. Quel regard portait Charles Maurras sur l'expérience politique italienne enclenchée par Benito Mussolini ?
Minutage des questions :
1:12:15 - Aujourd'hui, existe-t-il une différence entre néo-fascisme et le fascisme mussolinien ?
1:14:29 - Pourquoi certaines personnes se définissent-elles comme "fascistes romantiques" ?
1:16:18 - Est-ce qu'en poussant le vice, nous pouvons dire que la République est plus proche du fascisme que le nationalisme intégral ?
1:20:13 - La systématisation du métissage rentre-t-elle dans la déconstruction de l'identité ?
1:22:03 - Aujourd'hui, l'utilisation du terme "raciste" n'est-elle pas contre-productive ? Ce mot n'est-il pas trop souvent utilisé au point de perdre son sens ?
Succès de librairie, sous l'Occupation, à sa sortie fin juillet 1942, lieu de mémoire sulfureux lors de sa réédition augmentée et caviardée chez Jean-Jacques Pauvert en 1976 sous le titre Mémoires d'un fasciste, Les Décombres de Lucien Rebatet demeure un des textes-limites de la littérature et du journalisme français, limite par la vision (celle d'un apologète déclaré de l'hitlérisme faisant siens tous les aspects du nazisme, de l'antisémitisme racial au militarisme pangermanique), limite par l'analyse historique (celle d'un maurrassien déçu passé à la collaboration enthousiaste par haine de la IIIème république), limite aussi par le ton (flamboyant, d'un lyrisme qui s'alimente de la haine éprouvée) et de la culture mobilisée (mélange inouï d'humanisme traditionnel, d'avant-gardisme véhément et d'esthétisme nazi). Livre-monstre qui focalise en lui la quintessence d'un engagement et d'une époque.
Cette comète brune repasse dans le ciel éditorial à la faveur d'une exemplaire édition procurée par Bouquins-Laffont. L'occasion de fouiller ce dossier Rebatet en compagnie de l'historien Pascal Ory, spécialiste de la Collaboration et préfacier du volume.