Dans De L'Esprit des lois, Montesquieu défendait l'idée que la dépendance par le commerce entraîne l'adoucissement des mœurs, et réciproquement. Or, il semble bien que cette promesse a été trahie. Jamais les nations n'ont été aussi interdépendantes économiquement et financièrement, jamais il n'y a eu une globalisation aussi active, notamment sur le plan marchand, et pourtant, dans le même temps, les peuples aspirent de plus en plus à se séparer humainement, à faire sécession. Des tensions surgissent presque partout entre liens économiques et liens humains, entre marchés et démocraties, et d'aucuns veulent même construire des murs de séparation là où il n'y en a jamais eu.
Mais que se passe-t-il donc ? Comment comprendre ce qui a effectivement lieu ? Qu’est-ce qui tourmente le lien entre les parties et le tout ? Les sciences sociales peuvent-elles nous aider, grâce à une sorte de paradoxe, à déchiffrer ce qui nous est souvent présenté sous la forme de tableaux de chiffres ?
Émission "La Conversation scientifique", animée par Etienne Klein.
Les nanotechnologies recouvrent désormais un spectre très large d'activités fort différentes qui vont de l'électronique dernier cri aux nouvelles biotechnologies en passant par la conception de matériaux dits "intelligents".
Elles bénéficient depuis quelques années de crédits massifs et, comme elles concerneront sans doute tous les secteurs industriels, les plus classiques comme les plus high-tech, on les associe même à une véritable "révolution de civilisation" qui pourrait modifier spectaculairement nos façons de vivre, de travailler, de communiquer, de produire, de consommer, de contrôler, de surveiller.
Dès lors, elles s'arriment à la question des valeurs, que celles-ci soient morales ou spirituelles, et interrogent l'idée que l'on se fait de la société, de ce qu'elle devrait être ou ne devrait jamais devenir.
Etienne Klein nous propose une réflexion sur la science et la technique dans la société au plus près des progrès récents.
Il y a cette petite histoire qu'on raconte souvent. Deux mathématiciens sont dans la brousse. Chaque soir, ils plantent leur tente sur un terrain dégagé. Un beau matin, l'un d’entre eux est réveillé par des bruits étranges. Intrigué, il glisse sa tête hors de la tente et voit son camarade qui court autour, en étant poursuivi par un lion. Il s'inquiète de son sort, mais l'autre lui répond d'une voix calme : "Ne t’en fais pas pour moi, mon ami, le danger est plus apparent que réel, car j'ai deux tours d'avance"…
Cet argument (qu'on n’est pas obligé de trouver rassurant) invite à interroger le statut des mathématiques : celles-ci sont-elles à la marge de la réalité empirique, confinées dans un monde séparé du monde physique ? Ou faut-il les inclure dans une sorte d'extension intégrale du réel ?
Dans la foulée de ces questions, d'autres se posent : peut-on écrire des romans mathématiques ? Quels liens y a-t-il entre mathématiques et musique ? Et que peut-on faire d'intéressant avec une plaquette de chocolat ?
Réponses avec le mathématicien Alain Connes, professeur au collège de France, titulaire de la chaire d'analyse et de géométrie et lauréat de la médaille Fields (1982).
Émission "La Conversation scientifique", animée par Etienne Klein.
Le temps d'apprendre à vivre il est déjà trop tard... Chers amis au coeur tendre et à la mélancolie passagère, au fond, savons-nous vraiment ce qu'est le temps ?
En compagnie d'un spécialiste de la question, Etienne Klein, nous méditions ce matin quelques paroles quantiques.
En haut des cîmes avec un (petit) verre de rhum, quelles sont les nouvelles du monde? C'est extra ! s'écrie Léo.
Le concept de vérité a-t-il encore une validité pratique et théorique aujourd'hui ? Au croisement des sciences et de la philosophie, Etienne Klein, Francis Wolff, Pascal Engel et Marc Mézard confrontent leurs points de vue pour nous aider à mieux cerner la notion de vérité et à comprendre son domaine de validité.
Un atelier-débat s'inscrivant dans la 15e journée de conférences en histoire des sciences et épistémologie/Journée George Bram, animépar Emmanuelle Huisman-Perrin.
Parce que la science se comprend comme le fruit d'un débat public et d'expériences controlées, et parce qu'elle se veut également méthodique - elle tient tout entière dans la démarche qu'elle met en œuvre pour forger son questionnement -, elle est aussi en constant renouvellement.
Etienne Klein, physicien, professeur à l'Ecole centrale à Paris et directeur du laboratoire de recherche sur les sciences de la matière au Commissariat d'Energie Atomique, docteur en philosophie des sciences, est tout indiqué pour nous exposer les conquêtes récentes et les problématiques de la physique contemporaine.
C'est une démarche de vulgarisation qui fait entrer en résonance physique et philosophie à vocation populaire parce que l'exercice de la raison qui nous est demandé s'adresse à tous.
Ces "cours méthodiques et populaires" doivent donc permettre à un large public de se familiariser avec la physique, ses grands noms et ses thématiques incontournables.
La détection du boson de Higgs au CERN fut annoncée urbi et orbi le 4 juillet 2012, pas moins de 48 ans après que des physiciens théoriciens ont prévu son existence.
Cette découverte est fondamentale en physique, mais pas seulement : elle a aussi des implications philosophiques qui viennent défaire le lien que l'on a l'habitude de faire, depuis la naissance de la physique moderne, entre le concept de matière et celui de masse. En général, nous pensons que ces deux notions sont ontologiquement intriquées : que serait en effet une matière dépourvue de masse ? Et comment imaginer une masse qui ne s'incarnerait pas en particules de matière ?
Or ce que révèle la présence de bosons de Higgs dans l'univers, c'est que, contrairement à ce que l'on pensait, la masse n'est pas une propriété intrinsèque des particules élémentaires, seulement une propriété secondaire : elle résulte du fait qu’elles se frottent au vide, plus exactement au champ qu’il contient et qu’on appelle "le champ scalaire de Higgs".
Aujourd'hui, le projet scientifique n'apparaît plus enchâssé dans un projet de civilisation : toute innovation est désormais interrogée pour elle-même, et non plus en fonction d'un horizon plus général qu'elle permettrait d'atteindre ou d'entrevoir.
Le sentiment s’installe en effet que le progrès technique, longtemps réputé servir à l'amélioration de la condition humaine, se développe dorénavant pour lui-même et non plus en vue d'une fin supérieure. Comme si la rivalité des laboratoires et des entreprises engendrait de façon presque automatique un impératif "d'innovation pour l'innovation, de recherche pour la recherche", sans que personne ne maîtrise plus le processus.
Contre cette menace d'être dépossédés de leur destin, les individus et les sociétés aspirent à disposer de repères plus objectifs et mieux assurés.
Qu'est-ce que les scientifiques ont à nous dire de cette situation ?