Pierre Legendre est né le 15 octobre 1930 en Normandie. Attaché à cette origine, il aime à se définir aujourd'hui comme "un homme du passé et de l'avenir". Son parcours est atypique et son oeuvre monumentale. Les livres ont toujours été sa patrie. Il fit ses universités à Paris et à Rennes.
A la fin des années 40, on composait son menu au gré de ses penchants. On avait le choix, dit-il, "de devenir un idiot ou de se construire". Il a choisi la deuxième hypothèse ... C'est ainsi qu'il est devenu un expert de la civilisation du droit civil, de la normativité, un anthropologue intransigeant, un penseur de l'Etat et des institutions... C'est en Afrique au début des années 1960 que l'auteur de "Jouir du pouvoir" (1976) a commencé à s'interroger sur les nouvelles formes d'occidentalisation du monde et s'est mis à l'école de ses "maîtres nègres". C'était au temps où les experts internationaux vendaient du "développement" à tout-va et se targuaient d'émanciper les Africains de leurs coutumes ancestrales, faisant fi des paroles de l'écrivain Hampaté Bâ disant que lorsqu'un vieux meurt en Afrique, c'est une bibliothèque qui brûle.
Depuis ces longues années d'apprentissage Pierre Legendre met à nu ce que remuent le Management et la littérature gestionnaire : le défi, le challenge, l'efficiency. Quoi encore ? Le forçage qui consiste à nouer, à la façon d'une théologie, l'ordre du marché et l'ordre du pouvoir...
Que ce soit le problème de la sexualité via l'analyse des revendications du mouvement LGBT, ou la problèmatique de l'Art, Francis Cousin répond aux nombreuses questions que soulèvent sa critique radicale de la société de l'avoir.
Drogue, révisionnisme, hip-hop ou végétalisme : autant d'interrogations qui trouvent une réponse dans la perspective d'un retour aux sources communistes de notre humanité.
L'ouvrage d'Eric Werner L'avant-guerre civile a fait sensation lors de sa sortie en 1998. Avec des années d'avance, il décrivait les conséquences de l'effondrement de l'URSS. Une fois le grand Ennemi disparu, qu'allait faire le système de pouvoir occidental pour se légitimer ? Se reconstruire un ennemi, au besoin dans sa propre basse-cour. L'après-guerre froide aurait pu être la paix. Ce fut l'avant-guerre civile.
Plus de quinze ans après sa première édition, la thèse d'Eric Werner trouve des illustrations confondantes dans l'actualité géopolitique et sociale de notre temps. Une véritable école de pensée et d'intelligence pour les temps de troubles.
Cette question est aussi étrange que fondamentale, et d'autant plus difficile lorsque l'exigence de penser le conservatisme est posée dans une époque qui veut nous convaincre des vertus de la marche forcée vers la modernité.
Il est vrai que le conservatisme, dans notre monde, est davantage une indignation qu'une accusation. Mais cette question se pose évidemment de manière particulière en France, qui n'a pas, à proprement parler, de tradition conservatrice, ou du moins, qui ne l'assume pas comme telle et surtout, où à peu près personne, ne revendique une telle étiquette.
Alors : que veut dire être conservateur ?
Dans cet entretien, Pierre-Yves Rougeyron aborde différentes thématiques : déclin des États-Unis, place de la Chine, de la Russie, et de la France dans le monde, l'impérialiste et l'anti-impérialisme français, la sortie de l'euro et le problème de la dette, le néolibéralisme et le socialisme.
L'occasion de prendre un peu de recul face au déferlement des nouvelles d'actualité...
Afin de comprendre les transformations de notre monde, Francis Cousin analyse plusieurs sujet en utilisant sa grille de lecture de "philosophie radicale".
Uberisation des activités économiques, islamophobie ou promotion de l'euthanasie : c'est dans la logique de déploiement du fétichisme de la marchandise que nous devons interpréter ces phénomènes.
Dans une démocratie moderne, l'individu est au coeur d'une tension entre l'image qu'il a de lui-même, l'image du peuple dans ses institutions libres et l'image de l'humanité dans ses droits.
La démocratie libérale d'aujourd'hui est-elle l'héritière du libéralisme politique du XIXe siècle ? Le libéralisme contemporain est-il l'expression d'une pensée dégrisée, épurée des scories totalitaires ? Une telle sobriété ne fait-elle pas courir le risque d'un désinvestissement du politique ouvrant la voie à la possibilité de formes inédites de totalitarisme ?
La démocratie renvoie à plusieurs réalités distinctes :
- c’est d’abord un mode d’organisation des pouvoirs (un peuple qui se gouverne lui-même selon des procédures à préciser : la souveraineté populaire)
- c’est un mode d’exercice du pouvoir qui, par des techniques diverses, garantit les droits subjectifs des individus ; en particulier, il protège les citoyens contre l’arbitraire et les abus auxquels tend spontanément tout pouvoir (la liberté)
- la démocratie est aussi un régime social dont l’idéal régulateur est l’égalité
La démocratie a toujours fait l’objet de critiques. On lui reproche de flatter la plèbe au détriment des hommes sages et raisonnables. On lui impute la médiocratie des goûts et des mœurs ou l’égoïsme et l’absence de sens civique. On l’accuse de diviser la société et ainsi d’affaiblir l’Etat. On la soupçonne d’être incapable d’effort prolongé, notamment dans le domaine diplomatique et guerrier. On veut y voir un simple théâtre d’ombres, derrière lequel, quelques individus appartenant aux élites sociale miment l’affrontement. On la soupçonne d’être corrompue et de protéger les intérêts des riches.
Voilà pour les critiques classiques. Mais la critique se renouvelle : la démocratie nourrit les haines ethniques et expose les minorités à la revanche des peuples majoritaires. La démocratie représentative est enfermée dans le cadre des Etats-nations, alors que les défis sont planétaires.
Puisqu’elle elle n’est plus adaptée, il faut la remplacer par des gouvernances régionales, comme l’Union Européenne, voire mondiale.
Emission "Du Grain à moudre".