Depuis plusieurs années déjà s'élèvent des critiques d'une radicalité inouïe contre le cœur même de l'héritage des Lumières : le rationalisme, le progressisme, l'universalisme. Ces critiques se revendiquent de l'émancipation des dominés, marqueur traditionnel des différents courants de gauche.
Mais s'inscrivent-elles dans le prolongement de celles qui, depuis l'émergence des mouvements socialiste, communiste ou anarchiste, avaient pour horizon un prolongement et un élargissement des combats des Lumières "bourgeoises" ? Il est malheureusement à craindre que non.
Une partie de la gauche est-elle dès lors en train de se renier elle-même ?
Le XXe siècle aura été un riche incubateur d'idées et d'approches novatrices, dont les répercussions se font encore sentir aujourd'hui.
Accompagné de plusieurs spécialistes, le philosophe Normand Baillargeon aborde les problématiques de l'école pour tous comme idéal de démocratisation de l'éducation, de l'écologie et du mouvement environnemental, discute d'intelligence artificielle ou encore d'économie de marché.
Tout au long de cette série d'émissions, il souhaite offrir des clés de compréhension afin que chaque citoyen puisse saisir les enjeux des grandes idées scientifiques, politiques et philosophiques qui façonnent le monde d'aujourd'hui et de demain.
En nous émancipant des énergies fossiles, nous sombrons en réalité dans une nouvelle dépendance : celle aux métaux rares. Graphite, cobalt, indium, platinoïdes, tungstène, terres rares... ces ressources sont devenues indispensables à notre nouvelle société écologique et numérique. Elles se nichent dans nos smartphones, nos ordinateurs, tablettes et autre objets connectés de notre quotidien.
Or les coûts environnementaux, économiques et géopolitiques de cette dépendance pourraient se révéler encore plus dramatiques que ceux qui nous lient au pétrole.
Le journaliste et réalisateur Guillaume Pitron décrypte les tendances symptomatiques d'un monde globalisé en s'intéressant notamment aux enjeux économiques, politiques et environnementaux liés à l’exploitation des matières premières. Par là, il nous révèle la face cachée de la transition énergétique...
Après deux ans de questions-réponses en vidéo sur ERTV, l'émission Soral répond revient sous un nouveau format sur ERFM, la radio en ligne et en continu d'Égalité & Réconciliation.
Le principe : les auditeurs qui le souhaitent posent leurs questions sur le répondeur du polémiste qui choisit ensuite les meilleures et y répond.
Comment s'opèrent les choix d'une carrière, et finalement ceux d'une vie entière consacrée à l'anthropologie ? Il y a certes au départ, chez Philippe Descola, et ainsi qu'il a pu l'évoquer lui-même, une part de contexte familial et social, mais aussi de tempérament personnel : un père spécialiste de l'Amérique du Sud, de longues marches en montagne avec son grand-père, un goût pour la beauté du monde, un certain penchant pour la solitude, la passion des voyages...
Mais au-delà, quelles sont les rencontres amicales et intellectuelles qui ont été décisives, les lectures qui ont été marquantes, les maîtres qui ont compté ? Quel chemin parcourt-on quand on choisit la philosophie à l'ENS, quand on part en Amazonie, puis quand on enseigne au Collège de France ?
Un échange animé par Pierre Lemonnier et Bruno Karsenti.
Qui a pu y échapper ? L'urgence est à l'écologie, a répété Greta Thunberg tout l'été. La lycéenne suédoise apparaît aux uns comme un exemple d'engagement, aux autres comme une marionnette du "totalitarisme vert". Paradoxalement, la traduction médiatique des inquiétudes du monde scientifique a suscité un regain du climato-scepticisme, et les diverses postures empoisonnent le traitement d’une question cruciale.
Fabien Niezgoda, lui, nous propose de "dépasser Greta". Dépasser le personnage et sa médiatisation, c'est refuser la posture paresseuse de ceux qui se focalisent sur le messager pour en prendre le contre-pied de façon pavlovienne. Mais c’est aussi mettre en lumière les limites du catastrophisme : au-delà de ce qui le justifie, quelle est l’efficacité du "discours d'alarme vu comme une action" (Laurent Mermet), quels en sont les angles morts politiques, comment la lecture de Max Weber ou de Julien Freund peut-elle nous aider à aborder cette question ?
Depuis la fin du XXe siècle, des signaux d'alarme écologiques ne cessent de retentir : réchauffement climatique toujours plus incontrôlable, destruction exponentielle et dramatique de la biodiversité, déforestations accélérées, pollutions diverses, "plastification" des mers, etc. Pourtant, les défenseurs de la cause écologique peinent à véritablement convaincre l'ensemble de la société ainsi que les décideurs économiques et politiques de la nécessité d'un changement urgent de modèle. Pourquoi les forces politiques, de droite mais aussi de gauche, n'ont-elles pas su ou voulu prendre en charge le défi écologique ?
C'est à cette question que s'intéresse Serge Audier qui, pour y répondre, nous offre une ample fresque sur les racines philosophiques, idéologiques et politiques de la crise actuelle. Au croisement de l'histoire et de la philosophie, cette généalogie intellectuelle examine les logiques doctrinales et politiques qui, depuis près de deux siècles, ont présidé aux prises de position et aux programmes en matière environnementale, à leurs réussites comme à leurs nombreux échecs. Il montre notamment pourquoi, dans de nombreuses régions du monde, la logique socio-économique, politique et culturelle dominante est allée dans le sens d'un modèle productiviste qui a provoqué une destruction accélérée et sans précédent du milieu naturel.
Parallèlement, il soulève la question des "possibles" non aboutis ou non réalisés, et invite à (re)découvrir des voies alternatives – entre anarchisme et socialisme – qui ont cherché à articuler critique sociale et critique écologique du capitalisme, dans l'horizon d'une "cité écologique" à venir.
Jamais l'urgence écologique n'a été aussi manifeste, ni sa conscience partagée. Et pourtant ? Quelles conséquences politiques sont véritablement tirées de cette situation ? Comment comprendre que les enjeux écologiques ne soient pas désormais ceux qui structurent en premier lieu le débat politique ? Comment comprendre ce fossé entre d'un côté les faits et de l'autre l'absence de conséquences que nous semblons politiquement en tirer ?
Pour saisir ce hiatus, et sans doute commencer d'y remédier, il ne convient pas seulement d'être saisis, effrayés par l'avenir mais aussi d'accepter de faire un nécessaire détour par l'histoire. Une histoire intellectuelle qui s'efforce de remonter le cours du long fleuve de l'écologie afin d'identifier les barrages, les retenues, les obstacles posés depuis plus de deux siècles par le productivisme.
Émission "La Suite dans les idées", animée par Sylvain Bourmeau.