À l’aube de la Première Guerre mondiale, les puissances françaises et britanniques cherchent un moyen d’affaiblir l’empire ottoman, grand allié des Allemands. C’est alors qu’ils encouragent les Arabes, menés entre autres par Hussein Ibn Ali et ses fils, à se révolter contre le joug du califat turc en leur promettant un grand royaume.
Paradoxalement, c’est au même moment que sont signés les accords, initialement secrets, de Sykes-Picot (16 mai 1916), visant à "partager" la région du Moyen-Orient entre les deux puissances européennes en cas de victoire de guerre.
Dès la fin de la guerre, des protectorats sont établis sur leurs régions respectives, et ce malgré l’incohérence totale entre peuples et frontières. Ce tracé nouveau fut remis en question à plusieurs reprises dans l’histoire, notamment à l’ère du nationalisme arabe, et continue de soulever des profonds débats.
Les frontières entre États du Moyen-Orient sont-elles réellement légitimes ? Les réalités nationales s’étant crées sont-elles assez solides pour perdurer dans le temps ? Et qu’en est-il des volontés d’abolition des frontières aujourd’hui, le Moyen-Orient de Sykes-Picot est-il en train de s’essouffler ?
Une conférence organisée par l’association Panthéon-Sorbonne Monde Arabe et le média en ligne Sowt Al Arab.
Les accords dits Sykes-Picot n’expriment qu’un moment d’un processus diplomatique qui s’étend pour le moins de 1914 à 1923 et qui accompagne la disparition de l’Empire ottoman et la définition des actuels États du Proche-Orient.
L'historien et professeur au Collège de France Henry Laurens nous offre une conférence en deux temps : la première partie, la plus longue, essaie de décrire cette dizaine d’années riches en événements divers.
La seconde, en conclusion, posera la question de savoir si les frontières issues de la première guerre mondiale sont destinées à durer ou si elles sont susceptibles d’être modifiées voire de disparaître.
En compagnie d’Henry Laurens, l'émission "Histoire Vivante" se penche sur l'épopée de l’Empire Ottoman (1299 à 1923). Car après plus de 20 ans consacrés à l’Histoire de la Palestine, le titulaire de la chaire d’histoire contemporaine du monde arabe du Collège de France agrandit son territoire de recherche pour l’orienter en direction de l’Empire Ottoman.
L'occasion de s'interroger sur les liens qui existent entre la Palestine et lʹEmpire Ottoman, lʹémergence du nationalisme dans lʹEmpire Ottoman et la question judéo-chrétienne.
D'autres problématiques plus actuelles sont aussi traitées, comme l'émergence de l'Intégrisme par la rencontre du wahabisme et d'Ibn Quelle ou lʹimplication répétée de lʹOccident dans cette région du monde.
Alors que l'actualité nous rappelle régulièrement le triste sort des différentes communautés chrétiennes orientales, Marion Sigaut, Youssef Hindi et Jean-Michel Vernochet nous brossent un tableau général de leur situation.
Les faits avancés sont basés sur des recherches approfondies autant que sur le vécu des intervenants dans la région (Marion Sigaut particulièrement).
Une mise au point importante à l'heure où l'Empire joue des rivalités confessionnelles pour diviser les efforts de contre-offensive.
"La politique d'un Etat est dans sa géographie, elle suggère, à la manière d'un portrait, une destinée". Sans conteste, la célèbre formule prêtée à Napoléon convient à la Turquie. Avancée de terre entourée de mers, aux confins de l'Europe et de l'Asie, la Turquie est un Janus géopolitique. A l'image du Dieu romain, elle associe deux visages antagonistes, l'un tourné vers l'Occident, l'autre profondément épris de sacré. L'histoire de la Turquie contemporaine est celle d'un conflit permanent entre Islam et laïcité, démocratie et autoritarisme, peuple et élite. Or, depuis 2002 et l'arrivée des islamistes aux affaires, une révolution silencieuse est en cours.
La marche vers l'Europe, la mondialisation, ont bousculé les clivages. Convertis, non sans arrière-pensée, au rêve européen, les islamistes turcs sont les plus ardents partisans de l'adhésion. Nationaliste, laïque, progressiste, la matrice kémaliste est démantelée au profit d'une synthèse originale alliant foi, démocratie et économie de marché. Ce processus est porté par une classe d'entrepreneurs islamiques dynamiques. La nouvelle élite entend aujourd'hui construire un nouveau contrat social à l'écoute des attentes réelles de la population. L'ancienne Turquie s'était bâtie sur l'oubli du passé impérial et le rejet de la théocratie, la nouvelle puise, sans complexe, ses racines dans l'histoire ottomane et la transcendance. Cette révolution verte clôt chaque jour davantage la parenthèse ouverte en 1923 par Mustapha Kemal.
Atatürk demeure l'icône de la Turquie moderne. Nul ne conteste qu'il fut un chef de guerre hors pair et un législateur inspiré. Mais il était aussi un tyran sans scrupules et le persécuteur implacable des minorités religieuses.
Jeune Turc ambitieux, officier d'état-major plein d'allant, preux de l'islam, ardent républicain, politicien madré... Les contradictions ont la vie dure dès qu'il s'agit d'évoquer la figure à multiples facettes du fondateur de la première république laïque en "terre d'islam", personnage énigmatique et paradoxal.
Fabrice Monnier retrace cette vie menée tambour battant, dans le contexte d'un Empire ottoman en faillite où les passions politiques, le jeu cynique des grandes puissances, l'intolérance religieuse et les rivalités ethniques entraînent mouvements de populations, déportations et assassinats de masse.
Une émission essentielle pour comprendre la Turquie d'aujourd'hui.
Alors que la société européenne commençait à vivre des bouleversements intellectuels de grande ampleure, il est intéressant de comprendre le rapport que les acteurs des Lumières entretenaient avec l'Islam.
Henry Laurens nous introduit à la question en insistant sur l'usage que les penseurs de l'époque ont fait du monde oriental et de sa religion.
Conférence prononcée dans le cadre de la série "Place et perception de l'Islam du Moyen-âge au XIXème siècle."