En économie, il est courant de postuler que les processus sociaux sont le résultat des interactions individuelles. La société et le système économique sont ainsi perçus comme les conséquences de décisions rationnelles produites par le calcul des intérêts personnels.
D'un point de vue anthropologique, cette vision des rapports entre individus et société est extrêmement contestable. Elle néglige le rôle fondamental que jouent les structures sociales dans les comportements et même les performances économiques.
De fait, l'individu rationnel et conscient de ses intérêts relève davantage du mythe que d'un savoir scientifique. Plus fondamentalement, la pensée économique ne parvient pas à prendre en compte l'importance de la diversité des sociétés et propose bien souvent des modèles abstraits qui débouchent sur des recommandations politiques qui se heurtent à la réalité empirique des structures sociales et des sociétés dans lesquelles elles sont mises en œuvre.
Le libéralisme n'implique pas la démocratie mais il tente de s'unir avec elle, mais jusqu'où ce mariage est-il possible ? N'y a-t-il pas aujourd’hui un divorce entre démocratie et libéralisme ?
Lucien Jaume, professeur de philosophie politique et spécialiste du libéralisme français, revient sur plusieurs siècles de controverses qui ne sont toujours pas résolues.
Émission "Les Chemins de la philosophie", animée par Anastasia Colosimo.
Connu pour ses prédictions sur la chute de l'URSS et pour le concept de "fracture sociale", Emmanuel Todd est aussi un dénonciateur des excès du libre-échange. Son dernier ouvrage, Où en sommes-nous ? décrit une anglosphère ressourçant la démocratie dans "l’espoir du progrès et le bonheur de la régression", face à une Europe "post-démocratique" sous domination allemande.
Si comme il l'affirme, "l'Europe s'en est allée" et si le libre-échange favorise la xénophobie universelle, quel avenir peut-on imaginer pour notre continent ? Plus prosaïquement, la campagne des élections européennes va-t-elle nous enfermer dans l'alternative Macron vs. Orbán ?
Parfois excessif, souvent visionnaire, toujours original, on ne perd jamais sont temps à écouter Emmanuel Todd.
Un sondage Elabe pour BFMTV publié la fin novembre montre que 75% des Français approuvent le mouvement des gilets jaunes. Le mouvement semble dès lors parti pour durer, d’autant que les propositions formulées par Emmanuel Macron pour répondre aux revendications des gilets jaunes n’ont pas convaincu, et que la rencontre avec le Premier ministre qui devait avoir lieu a été largement boycottée par leurs représentants.
Après la nouvelle manifestation, il est intéressante de se pencher sur la complexité et la diversité sociale de ce mouvement. Peut-on savoir qui sont les gilets jaunes ?
Émission "L'Invité des Matins", animée par Guillaume Erner.
Historien et démographe, Emmanuel Todd a développé un modèle de fonctionnement des sociétés basé sur des facteurs démographiques et anthropologiques. Il relie ainsi les idéologies d'une société donnée à ses modèles familiaux et ses règles d'héritage, même anciens.
En dehors de ses travaux universitaires, il s'attache également à comprendre comment ces variables structurent les évolutions du monde, particulièrement des sociétés développées.
Et pour Emmanuel Todd, la vraie fracture n'est aujourd'hui plus sociale, mais éducative : la démocratie est alors vouée à disparaître en Europe.
Une chronique -pessimiste- de notre actualité, qui est replacée dans le temps long.
Si un homme réclame la possibilité de vendre un de ses organes, certains répondront que cela est juste parce que cela ne nuit pas à autrui et que cela peut même sauver une vie. Cependant d'autres s’opposeront à la décision de vendre ses organes en disant que cela est immoral.
La personne humaine ne peut faire l'objet d'un marché mais seulement se donner. Elle ne peut être échangée contre de l'argent. Les religions et l'humanisme nous commandent de respecter le corps humain en affirmant que cela est juste et ils interdisent de vendre des organes humains ou de les acheter.
Mais si toutes les personnes ne sont pas d’accord pour dire ce qui est juste, comment savoir ce qu'est la justice ? Comment exiger la justice si nous ne savons pas ce qu'elle est ?
Autant de questions qu'affronte Michael Sandel en développant une philosophie morale réhabilitant le bien commun, en rupture avec les conceptions libérale et utilitaire qui fondent le droit moderne.
Pour ce cinquième numéro de Sécession, Julien Rochedy entame une réflexion plus politique et philosophique avec l'ambition, à quatre mois maintenant de l’élection présidentielle, de formuler une véritable doctrine pour la droite.
Sommaire de l'entretien :
- 0:01:00 – De quoi Hollande est-il le nom ?
- 0:22:02 – Interdiction de la fessée : dans quel libéralisme vivons-nous ?
- 0:34:25 – Quelle politique économique ?
- 0:43:41 – De l’absence d’une doctrine de droite
- 0:52:06 – Les 3 grands postulats de la gauche philosophique
- 0:58:19 – La gauche contre la Civilisation
- 1:01:57 – L’Egalité comme vertu cardinale de la gauche
- 1:09:05 – Qu’est-ce que la Civilisation ?
- 1:22:51 – La dérive de l’humanisme européen
- 1:37:02 – Michel Onfray : camarade ou salopard ?
- 1:50:59 – 2017, année charnière ?
Claude Lefort se propose d’éclairer la nature de la démocratie moderne à travers la distinction entre la politique (essentiellement tournée vers la considération du régime) et le politique, qui veut en penser les conditions sociales.
La science politique méconnaît la nature profonde de la démocratie parce qu’elle laisse dans l’ombre la société dans laquelle elle s’est formée.
La démocratie n’est pas localisable dans la société : elle est une forme de société. Dans l’Ancien Régime, le pouvoir monarchique était incorporé dans la personne du prince. La démocratie introduit dans cette perspective un bouleversement : le pouvoir n’est plus incorporé, c’est un lieu vide.
Le conflit est alors institutionnalisé, le pouvoir dans une démocratie ne peut exister qu’en quête de sa légitimité. La démocratie n’est pas réductible à un certain nombre d’institutions.
La conférence est suivie d'une session de questions posées par Pierre Rosanvallon auxquelles Claude Lefort répond.