Index chronologique de la partie 1 :
- 00mn00 : Sommes-nous sortis de la crise de 2008 ?
- 07mn05 : Quels sont les impacts économiques de la récente chute du cours du pétrole ?
- 14mn20 : Pouvons-nous prédire un krach obligataire à venir prochainement ?
- 18mn35 : Dans la situation financière actuelle, où placer son argent ? L’or et l’argent sont-ils de bonnes options ?
- 25mn00 : Pensez-vous que la Grèce va prochainement sortir de la zone euro et la faire exploser ?
Partie 2 :
- 00mn00 : La Chine peut-elle amener le yuan à remplacer le dollar ?
- 03mn15 : Une révolution énergétique relancerait-elle l’économie ? Le nucléaire au thorium est-il prometteur en ce sens ?
- 09mn05 : Concernant le concept de BAD (Base autonome durable), quel est votre objectif ? Quel bilan en faites-vous aujourd’hui ?
- 13mn00 : Selon votre expérience, quels sont les schémas de BAD qui fonctionnent et ceux qui ne fonctionnent pas ?
- 18mn25 : Quelles sont vos impressions sur le dernier livre d’Emmanuel Todd, Qui est Charlie ?
Partie 3 :
- 00mn00 : Pouvez-vous détailler ce qui nous a amenés à cette crise de la dette ?
Le philosophe et essayiste Dany-Robert Dufour explique que nos sociétés ne sont pas individualistes, mais seulement égoïstes. Les individus, sous l'influence des innombrables injonctions de la publicité, cèdent égoïstement à leurs envies et à leurs pulsions.
Dany-Robert Dufour pointe du doigt la philosophie libérale : celle-ci trouve son origine au XVIIe siècle dans les idées de Bernard de Mandeville, reprises par Adam Smith, et résumées par l'aphorisme "Les vices privés concourent au bien public".
Cette idéologie conduit évidemment aux crises contemporaines -financières, écologiques, sociétales-. Pour nous sortir de cet inéluctabilité, nous devons développer notre individualisme, en d’autres termes notre discernement, notre maîtrise de soi et notre sens de la responsabilité, afin de redonner place aux autres systèmes d'échanges symbolique ou solidaire que l'économie fondée sur l'égoïsme individuel entend éliminer.
Le philosophe cite enfin la Grèce antique en exemple : on y apprenait aux jeunes gens à contrôler leurs pulsions afin que ceux-ci résistent à la croyance que tout est possible (l’hubris).
Le manque de réaction de nos sociétés face à la dégradation économique peut être imputé au niveau élevé de confort sur lequel nous reposons. En effet, la génération précédente semblait avoir trouvé toutes les solutions : plein emploi, hausse du niveau de vie, apogée du keynésianisme, paix sur le continent.
Mais aujourd’hui, le comportement de nos dirigeants en pleine crise paraît ahurissant : sauver l’euro reste leur obsession. Qu’est-ce qui pourrait expliquer cette incompétence ?
Emmanuel Todd est l’invité de Paul Jorion à la chaire Stewardship of Finance.
S'il faut défendre la sociologie, c'est bien malgré ce qu'elle est devenue. Bien loin de ses grandes espérances initiales et des splendeurs que nous ont léguées les Durkheim, Weber, Simmel, Mead, Elias, Mauss, etc. Ce que l'on appelle sociologie s'est peu à peu recroquevillé jusqu'à apparaître comme la "science (ou la pseudo science) des restes", la science de ce dont ne parlent ni les philosophes, ni les économistes, ni les historiens, ni les anthropologues, ni les théoriciens de la littérature, etc.
Eclatée en de multiples chapelles théoriques ou idéologiques, privée de colonne vertébrale paradigmatique et institutionnelle, elle ne croit plus pouvoir trouver son unité que dans une référence de plus en plus incantatoire au "terrain" et à l'empirisme, et dans ses querelles infinies sur ce qui fait la bonne méthode ou le bon terrain.
La sociologie classique, celle qu'il nous faut faire revivre et actualiser, se présentait tout autrement. Elle revendiquait hautement une approche empirique de la réalité et le souci d'établir des faits, elle aussi, mais elle n'imaginait pas que ce puisse être accompli hors-théorie et sans enjeux normatifs, c'est-à-dire éthiques et politiques... Dit autrement, elle se vivait comme le lieu et le moment généraliste de la science sociale générale.
C'est cette sociologie là qui nous fait désormais défaut et qu'Alain Caillé appelle ici à renaître de ses cendres. Cette sociologie sera ancrée dans le paradigme du don et s'attaquera aux enjeux normatifs et éthiques en proposant une philosophie politique du vivre ensemble : le convivialisme.
Remarque : la qualité audio de l'enregistrement est mauvaise.
Une conférence où le philosophe Bernard Stiegler, non sans audace, s'attaque au problème du discrédit généralisé envers les élus.
Sous le regard de la psychanalyse et des sciences sociales, celui-ci décrit avec minutie les effets ravageurs d'une politique d'abandon des citoyens, devenus les "boucs-émissaires" de la déferlante néolibérale.
Le management se présente volontiers comme une simple activité visant à améliorer l'efficacité, la productivité et la qualité dans la production de biens et de services, mettant en oeuvre des outils et des techniques qui se veulent de simples instruments.
L'examen des discours et des outils managériaux montre, s'il en était besoin, que le management va bien au-delà de la dimension pragmatique et fonctionnelle dont il se réclame : il dresse un tableau chaotique des évolutions du monde dans tous les domaines, développe une conception de l'homme nouveau adapté à ces évolutions, et véhicule la représentation d'un pouvoir qui effacerait les liens de subordinations pour laisser la place à un collectif horizontal tout entier organisé en réseau.
Ces représentations ne concernent pas seulement l'entreprise, mais elles sont symptomatiques de la décomposition d'un imaginaire qui s'est développé avec l'industrie et qui est aujourd'hui en crise. L'inflation du discours managérial, de ses thèmes et de ses outils, dans l'ensemble des sphères de l'activité sociale accompagne une modernisation qui "tourne à vide" et cède aux pressions de l'idéologie libérale.
C’est un niveau d’alerte sans précédent que le Traité transatlantique actuellement négocié à huis clos loin des citoyens comme des États, fera franchir à l’ensemble des pays d’Europe, s’il est ratifié. En faisant, plus que jamais, planer l’ombre d’une bérézina ultra-libérale sur la vision idyllique de l’immense zone de libre-échange qui doit permettre, entre les deux continents, une liberté de circulation totale des hommes, des capitaux, des services et des marchandises.
Comment ignorer, en effet, que d’abord c’est la protection du consommateur mais aussi des entreprises d’Europe, étendue aux domaines environnemental, sanitaire, salarial, etc., qui volera en éclats, chassée du dispositif légal par des normes américaines nettement moins contraignantes ? À telle enseigne que les multinationales obtiendront désormais le droit de traîner en justice les États nationaux dont elles jugeraient la législation nuisible à leurs intérêts.
Et si le prix du libéralisme à tout crin était la perte de la souveraineté nationale désormais soumise à la toute-puissance des marchés financiers ? Que représente exactement la mondialisation sinon le stade suprême de l’hégémonie du Capital ? Quant à la "gouvernance", prétendu modèle de management, ne donne-t-elle pas le moyen de diriger les États… en tenant le peuple à l’écart ?
Dans cette conférence passionnante, Alain de Benoist et Michel Drac exposent avec une remarquable clarté ces enjeux cruciaux et les dangers qu’ils annoncent.
A l’occasion du colloque Emmanuel Mounier, Alain Supiot aborde la dimension institutionnelle de la crise que nous traversons.
Il remarque en effet que le libéralisme classique avait conscience de la primauté du droit dans l'organisation de l'ordre marchand, a contrario de l'ultralibéralisme aujourd'hui en vogue.
C'est ce renversement de hiérarchie qui est ici analysé, dans ses causes et dans ses conséquences.