La Tiers-Mondialisation de la planète, c'est le laminage des classes moyennes et la polarisation riches-pauvres de l'ensemble des sociétés, les ramenant toutes à l'état du Tiers-monde d'avant les "miracles".
Bernard Conte analyse le caractère universel de cette transformation sociale comme résultat des politiques économiques néolibérales mises en œuvre depuis le milieu des années 1970. Le libéralisme régulé des "Trente Glorieuses" fonctionnait sur la base redistributive du compromis fordiste au Nord et du clientélisme nationaliste au Sud. Puis la crise des années 1970 et l'implosion du bloc soviétique changèrent la donne et le capitalisme s'orienta vers la financiarisation et la dérégulation.
Dans un premier temps, le monétarisme inspira les ajustements structurels : la désinflation compétitive au Nord et les programmes du consensus de Washington au Sud. Quand leur mise en œuvre buta sur l'obstacle politique, l'ordolibéralisme prit le relais et entreprit, sur la base du post-consensus de Washington, de diffuser mondialement une "économie sociale de marché" purifiée. L'économique et le social sont alors progressivement déconnectés du politique, la démocratie devient virtuelle, la redistribution s'épuise et la classe moyenne est en voie d'euthanasie... La dynamique du capitalisme financiarisé globalise la structure sociale fortement dualisée des pays les plus pauvres : c'est la Tiers-Mondialisation de la planète.
Jacques Grinevald nous parle de celui qui est aujourd'hui considéré comme le père de la Décroissance, à savoir Nicholas Georgescu-Roegen. Ce roumain d'origine a plusieurs cordes à son arc : mathématicien (statisticien), économiste (il a travaillé avec Schumpeter), mais aussi biologiste darwiniste convaincu, physicien, il a eu une carrière académique classique remarquable.
A partir des années soixante, il commence à remettre en question les fondements mécanistes de l'économie néo-classique en y introduisant le deuxième principe de la thermodynamique : la loi de l'entropie.
A travers ses travaux, il démontra mathématiquement, physiquement, biologiquement, économiquement et philosophiquement que la science économique s'est trompée et continue à se tromper... et s'enlise dans son paradigme mécaniste et dans ses idéologies productivistes, travaillistes et croissancistes !
Son travail reste cependant assez ignoré au sein des facultés d'économie, malgré l'actualité brûlante de ses réflexions (l'atteinte des limites énergétiques et régénératrices de notre planète).