Et si nos sociétés ne se distinguaient des totalitarismes passés que par la perfection méthodologique de l’oppression ?
C’est la plus grande mystification de l’histoire : l’Occident prétendument démocratique est devenu une dictature parfaite, le premier totalitarisme viable.
Emission animée par Wilsdorf, Jean-Louis Roumégace et Gérard Vaudan.
Le conférencier s'intéresse ici à la pensée de Carl Schmitt et au rapport de celui-ci à la philosophie politique. Il note que Carl Schmitt est une référence importante pour les philosophes continentaux, notamment Hayek, et pour les philosophes politiques alors même que selon Carl Schmitt il ne peut y avoir de philosophie politique.
De même, il n'y a pas de normativité morale : au fondement de la normativité, il y a la juridicité et non la moralité. Si l'on se met à agir pour des raisons morales, en politique, c'est le meilleur moyen de susciter une violence incontrôlable.
La guerre, inscrite dans la politique comme le mal dans la création, ne saurait avoir de justification morale ou rationnelle. Elle n'a qu'une valeur existentielle, particulière. Parce que l'identité personnelle est d'abord polémique (l'être humain se définit par opposition, par inimitié), un monde sans guerre serait un monde sans être humain.
Jean Leca analyse ensuite la critique schmittienne de la non-théorie politique du libéralisme : il n' y a pas de politique libérale sui generis, il n'y a qu'une critique libérale de la politique.
Il y a chez Hayek (1899-1992) une théorie originale de l’évolution culturelle, qui reprend des traits essentiels de la théorie darwinienne de l’évolution biologique tout en se distinguant d’elle par certains aspects très importants.
Il y a aussi une théorie élaborée du droit, de sa nature, des grandes catégories de règles entre lesquelles il se divise, et de ses modes d’évolution.
Il y a par ailleurs une psychologie cognitive et une analyse approfondie de ce qu’on appelle les savoirs pratiques, c’est-à-dire sur la faculté qu’a l’esprit humain – proche en cela de l’esprit animal – de se repérer efficacement dans un environnement complexe sans passer par la médiation d’une représentation théorique, "cartésienne", de la réalité.
Il y a enfin chez Hayek une épistémologie élaborée, mettant l’accent sur la complexité sociale, les limites de la raison humaine, l’impossibilité de parvenir à l’omniscience et les erreurs fatales auxquelles conduit l’illusion qu’on le peut – notamment les illusions du positivisme juridique.
En faisant conjointement usage de ces différents éclairages théoriques proposés par Hayek, on peut parvenir à une vue précise de ce que sont en général des normes de comportement dans un groupe, que ce soit un groupe restreint (normes professionnelles, "culture d’entreprise"…) ou la société dans son ensemble (normes morales et juridiques). Le problème de la norme juridique est ainsi situé dans le contexte d’une philosophie sociale plus générale, par rapport à laquelle ses spécificités se découpent d’autant mieux.
Conférence donnée dans le cadre du cycle "Gouverner par les normes - de Hume au ranking".
La Révolution française fut une révolution des droits de l’homme et du citoyen.
Elle parvint à abolir le régime féodal et l’esclavage dans les colonies, deux des piliers de l’oppression des peuples. Elle entama encore une lutte contre l’expropriation de la paysannerie, le chômage et la vie chère et mit le droit à l’existence et aux moyens de la conserver à l’ordre du jour du contrat social. Elle fonda encore un droit des peuples à leur souveraineté et refusa toute "guerre offensive", y compris coloniale.
La Déclaration des droits de l’homme et du citoyen synthétisait un projet de République démocratique, qui fut expérimenté de 1792 à 94, créant un espace public démocratique allant en s’élargissant, et dont les racines théoriques remontent aux Humanistes de la Renaissance, au XVIe siècle.
Et pourtant, son évocation s’accompagne immédiatement de son contraire : la Terreur. Le mot laisse derrière lui des images de répression accompagnée de flots de sang.
Il convient de rappeler quels actes et quelles personnes ont été réprimées, mais aussi de comprendre comment un tel rapprochement entre "droits de l’homme" et Terreur a pu se faire, éclipsant les premiers au profit de la seconde.
En effet, une telle substitution ne date pas de l’après-révolution, mais précisément du tout début de celle-ci, et plus exactement, du moment même où la Déclaration des droits fut votée, le 26 août 1789.
La conférence est donnée dans le cadre de l'exposition "La grande Révolution de 2014" de Raphaël Julliard du 13 janvier au 3 mars 2007.
Blandine Kriegel répond à plusieurs questions concernant son travail sur la naissance du droit politique de la première république moderne, à savoir la république des Provinces-Unies.
Il est d'ailleurs triste de constater que l’histoire de la naissance des Provinces-Unis demeure un sujet relativement marginal des études historiques françaises, alors que cela n’est nullement le cas pour les études hollandaises, anglaises et américaines.
Face au marché total, face à la concurrence éfreinée des firmes et des modèles juridiques, il semble aujourd'hui difficile de faire sa part à la justice sociale.
Armé de la certitude selon laquelle on ne régule pas les marchés comme on régule son chauffage central, le problématique soulevée par Alain Supiot est celle de la réglementation.
C'est donc à retrouver l'esprit de 1944 (Déclaration de Philadelphie), celui de la première Déclaration internationale des droits à vocation universelle qu'il s'emploie.
Emission "La Fabrique de l'Humain".