Qu'avons-nous fait de la "libération sexuelle" ? Quelle est cette liberté qui condamne à choisir en permanence son identité, ses amours, ses pratiques comme n'importe quel produit de consommation ? Et quelles sont les nouvelles contraintes qui en ont émergé ?
Les trois intervenants s'interrogent face aux évolutions des comportements de toutes les classes d'âges devant les injonctions de notre société, notamment les codes transmis par la pornographie.
Le Cercle Kritik s'entretient avec Baptiste Rappin pour parler de deux courants de pensée dont les enjeux sont hautement actuels : le management, la cybernétique.
Au passage, il relève également un intérêt méconnu mais certain du philosophe Martin Heidegger pour la cybernétique, inquiet de la montée en puissance de cette pensée de "l'âge atomique"...
Alors que les attentats du 11 septembre viennent d'avoir lieu, Jean-Claude Guillebaud et René Girard tentent de comprendre le sens de notre époque à la lumière des théories de la rivalité mimétique.
Un dialogue intéressant, modéré par Jean Birnbaum de Télérama, qui annonce bien des choses que nous avons pu depuis vérifier.
Notre époque se caractérise comme prise de contrôle de la production symbolique par la technologie industrielle, où l’esthétique est devenue l’arme et le théâtre de la guerre économique. Il en résulte une misère où le conditionnement se substitue à l’expérience esthétique.
"Cette misère est une honte" rajoute Stiegler. Le processus pour échapper au contrôle du sensible et au conditionnement des esprits - l’an-esthésie qui conduit à la misère symbolique - serait de rendre sa place à "l’expérience esthétique", voie d’émergence de la singularité sensible, indispensable à la constitution de l’être social.
C’est en analysant le circuit de cette expérience et les niveaux de la sensibilité, tout en prenant en considération le "tournant machinique de la sensibilité", que Bernard Stiegler s’essaie à repenser l’esthétique, et ébauche les concepts d’organologie générale et de généalogie du sensible.
Pour une "nouvelle pensée de l’industrie à partir de l’expérience sensible", qui formerait une ultramodernité artistique et culturelle. Et pour l’établissement d’une société dans laquelle production symbolique et vie de l’esprit viendraient au coeur de la vie industrielle.
L’économie a sinon inventé un nouveau rapport à l’avenir, elle lui a donné une ampleur inédite. Sous certaines conditions qui font intervenir le politique, mieux, qui font véritablement de l’économie une économie politique, l’économie "ouvre" l’avenir, au sens que les hommes s’engagent sur son chemin avec confiance et détermination. Or c’est ce rapport qui est en crise aujourd’hui. De là que l’économie est hantée par le spectre de sa fin possible.
Il faut d’abord comprendre le type de rationalité que l’économie incarne et pourquoi, aujourd’hui déréglé, il confine à la folie. Le capitalisme fonctionne en se projetant vers un avenir qu’il doit imaginer sans borne - d’où la sacralisation de la croissance - et en se laissant tracter par lui. C’est ce qu’on appelle un "bootstrap", en référence aux exploits du baron de Münchhausen qui savait, dit-on, s’extirper d’un marais en tirant sur les lanières de ses bottes, ou bien, une autotranscendance. Or la question que posent les critiques du capitalisme commence à faire son chemin dans l’esprit des principaux acteurs de l’économie : quel sens cela a-t-il de vouloir toujours croître ?
Et d’abord, est-ce seulement matériellement possible ? Un capitalisme qui commence à imaginer qu’il pourrait mourir est, en un sens, déjà mort. La croissance, que l’on a d’abord désirée parce qu’elle devait apporter le bonheur, puis garantir l’emploi, est devenue indispensable pour éponger nos dettes par rapport aux générations futures. La crise actuelle est avant tout une crise du rapport à l’avenir.
Depuis l’invention des ordinateurs et d’Internet, la société humaine à connu une modification profonde de son fonctionnement, autant dans l’organisation globale de celle-ci, que dans les rapports entre êtres humains.
Ces changements significatifs nous procurent à la fois plus de confort, et facilitent certaines tâches, l’accession au savoir et bien d’autres choses. En contrepartie, le numérique a aussi bouleversé la structure sociale humaine au point parfois de nous faire perdre nos repères ou de modifier en profondeur notre manière d’interagir entre nous.
Conférence prononcée aux Etats Généraux de la Psychiatrie dans un colloque sur le développement cérébral depuis l'apparition de la mémo-technique il y a plus de 30000 ans.
Notre temps est marqué par l'intensification de la modernité, c'est-à-dire du culte du progrès, par la négation des limites et des genres, que sont notamment les sexes, les peuples, les cultures, les civilisations, par la liquéfaction de tout, et donc la destruction de tous les repères. Nous nous voulons un temps sans frontières, et un temps où tout est possible, et pour chacun. Tout pour tous. C'est le triomphe du tout à l'ego.
Vivons-nous alors le temps des derniers hommes ? Et comment l'homme survivra-t-il à nos temps post-modernes ?
C'est l'objet de la riche intervention du philosophe Pierre Le Vigan, qui peut presque paraître sépulcrale, mais résonnant dès lors comme un appel au sursaut : "On ne peut être à la fois responsable et désespéré" (Saint-Exupéry).
La présente réflexion s'arrête sur l'une des questions les plus délicates et les plus controversées de la pensée de Rousseau : la relation entre religion et politique.
La guerre, l’apostasie, l’athéisme et surtout la "religion civile" sont étudiés, avec la volonté de ne pas présenter une interprétation univoque ou consensuelle de cet élément clé de la théologie politique de Rousseau. Il s’agit plutôt de montrer à quel point cette construction conceptuelle originale et singulière suscite des discussions et des compréhensions contradictoires.