Depuis les années 1970, l'œuvre de Cornélius Castoriadis apparaît de plus en plus comme une référence majeure pour tous ceux qui s'efforcent d'analyser la dynamique des sociétés contemporaines, d'élucider le sens du projet démocratique, ou de mettre en lumière les conditions auxquelles on peut penser l'histoire et la liberté.
Ce colloque a pour but de montrer et de discuter les principaux apports de cette pensée exigeante à la philosophie et à la théorie politique, mais aussi à la compréhension du présent et à l'épistémologie du savoir contemporain.
Cinq thèmes ont été retenus qui donnent lieu à des exposés et à des débats entre Cornélius Castoriadis et des intellectuels de divers pays :
- ontologie et épistémologie
- la théorie de la démocratie et l'expérience grecque
- le social-historique et l'imaginaire social des sociétés modernes
- les conflits politiques et les perspectives contemporaines
- l'inconscient et la psychanalyse
Qu’est-ce que la gauche reproche traditionnellement à la démocratie ? Que peut demander la gauche à la démocratie sachant que sa revendication initiale du pouvoir au peuple n'est pas valable dans le monde actuel ? Et si être de gauche en France, c'était d'abord tenir fermement aux responsabilités sociales de l'État, à la justice et à l'égalité, en gardant le bien commun comme but ?
Émission "Les Chemins de la philosophie", animée par Anastasia Colosimo.
Jacques Sapir, économiste et directeur d'études à l'EHESS, revient sur les origines, les théoriciens et les enjeux du souverainisme.
- 0'00'31 : définition de la souveraineté
- 0'02'09 : genèse de la notion
- 0'09'37 : Jean Bodin
- 0'17'53 : Carl Schmitt
- 0'21'54 : naissance du souverainisme comme doctrine politique au Québec dans les années soixante
- 0'24'45 : différences entre souverainisme, patriotisme et nationalisme
- 0'28'13 : souveraineté nationale et souveraineté populaire
- 0'29'43 : souveraineté et démocratie
- 0'30'46 : souveraineté et laïcité
- 0'35'44 : peuple et nation
- 0'41'49 : Europe des nations, fédéralisme européen, jacobinisme européen
- 0'47'44 : la construction européenne et le rôle qu'y ont joué les USA
- 0'54'53 : position de l’Allemagne au sein de l'UE
- 1'01'25 : rôle de l’Euro dans le dispositif européen
- 1'05'17 : monnaie unique, monnaie commune
- 1'06'24 : la démocratie selon Jean-Claude Juncker
- 1'08'17 : fédéralisme européen sui generis et distinction entre légitimité et légalité
- 1'11'34 : le TAFTA
- 1'13'04 : l'OTAN
- 1'15'14 : le "reniement" d'Alexis Tsipras
- 1'16'08 : souverainisme et capitalisme
- 1'19'24 : front des souverainistes
Cofondateur de la revue Le Débat, directeur d'études émérite à l'EHESS, Marcel Gauchet ausculte depuis plus de trente ans le triomphe de la modernité politique et la sortie de l'ère du religieux. Avec Le Désenchantement du monde, en 1985, il a écrit un des livres les plus essentiels pour comprendre notre temps.
Depuis, il ne cesse de s'interroger sur L'Avènement de la démocratie qui a fini par créer Un monde désenchanté. Est-ce qu'après avoir vaincu la réaction et la révolution, la démocratie n'aurait pas trouvé son pire ennemi en elle-même, en se dissolvant dans l'individualisme et la perte du sens de ce qui nous réunit ?
"7 conversations philosophiques" animées par François Huguenin.
Le libéralisme n'implique pas la démocratie mais il tente de s'unir avec elle, mais jusqu'où ce mariage est-il possible ? N'y a-t-il pas aujourd’hui un divorce entre démocratie et libéralisme ?
Lucien Jaume, professeur de philosophie politique et spécialiste du libéralisme français, revient sur plusieurs siècles de controverses qui ne sont toujours pas résolues.
Émission "Les Chemins de la philosophie", animée par Anastasia Colosimo.
Le professeur de science politique Chantal Mouffe examine les raisons pour lesquelles nous assistons aujourd'hui à un "moment populiste" avec l'émergence de mouvements qui construisent la frontière politique sur le mode d'une opposition entre "le peuple" et "l’establishment".
Elle défend l'idée qu'il s’agit d'une forme de résistance à la "post-démocratie" qui est la conséquence de l'hégémonie néo-libérale. Ces résistances peuvent être articulées à travers des vocabulaires très différents et c'est là que se situe la différence entre le populisme de droite et le populisme de gauche.
Le spécialiste et défenseur de la démocratie directe Andreas Auer nous propose une description des principes institutionnels qui régissent le référendum et l'initiative populaires aux Etats-Unis et de son histoire.
C'est en tant que professeur de droit constitutionnel qu'il nous invite à mieux comprendre la signification politique de ces procédures, très diverse selon la période et le lieu.
Ces mécanismes de démocratie directe ne doivent pas être opposés au gouvernement représentatif, mais compris comme l'ajout de composantes populaires dans l'exercice du pouvoir.
Qu'est-ce que la République ? Quels sont ses principes et ses valeurs ? Certains prétendent que la République ne serait plus qu'un mot "vide de sens". Pourtant, elle continue de fédérer les Français autour d'un même espoir de "dignité pour tous".
Paradoxalement, l'histoire de la République reste mal connue. Présenter cette histoire controversée et toujours amplement débattue impose de remonter à ses fondements idéologiques à partir de la redécouverte d'Aristote au Moyen Âge qui donna naissance à un "républicanisme classique" qui se répandra des Cités italiennes aux États-Unis d'Amérique. Mais les "Lumières radicales" vont donner à ce républicanisme une connotation particulière en France, en l'associant à la démocratie, ce qu'on a appelé l' "exception républicaine française".
À partir de 1789-1792, la République devient l'objet de grands affrontements politiques et pendant plus d'un siècle source de divisions, parfois même au sein du camp républicain. Plus complexe que ne le laissait jadis entrevoir l'étude téléologique de l'idée républicaine, l'histoire que nous raconte Thomas Branthôme révèle qu'il n'y a pas une tradition républicaine mais plusieurs (conservatrice, libérale, jacobine, plébéienne). Le ralliement de la plupart des traditions politiques à l'idée républicaine au cours du XIXe siècle s'est ainsi faite sous ces couleurs diverses, habillant parfois des conceptions fort opposées.