L'imaginaire structure la vie sociale : c'est cette approche sociologique qui guide le travail de Michel Maffesoli.
Les évolutions récentes des "bassins sémantiques" dans lesquels nos sociétés sont plongées révèlent l'émergence d'un nouvel imaginaire : la post-modernité.
Nous voyons en effet un retour affirmé des idées archaïques, idées qui se meuvent au sein d'un climat nébuleux marqué par le retour de caractéristiques pré-modernes.
Il semblerait donc que l'araisonnement du monde -emblématique de notre modernité rationnelle- soit en trait de subir une inversion de polaritié.
Est-ce que les nouvelles "églises électroniques" (videogammes, sites, forums, encyclopédies) pourraient jouer le rôle renouvelé des "mystères" ?
Et si nous assistions à un ré-enchantement du monde ?
Conférence prononcée dans le cadre du cycle "Jeudi de l'Imaginaire".
Stéphane Blanchonnet nous présente les trois figures majeures de la légitimité politique selon Charles Maurras. C'est en étudiant le parcours de Jeanne d'Arc, le personnage d'Antigone et l'oeuvre Anthinéa que l'on comprend quelle conception le maître de Martigues se fait du pouvoir et de son incarnation.
Ces réflexions sont aussi l'occasion de comprendre les liens et l'articulation entre le politique et la morale.
Finalement, c'est à une réflexion sur la permanence des civilisations -fruits de l'histoire- et des lois immuables de la physique sociale que nous sommes invités.
Dans sa tentative de comprendre les structures de la domination coloniale, et les mentalités du colonisateur comme du colonisé, Frantz Fanon continue ici son travail d'exploration et s'intéresse à la valeur normative que certaines cultures se donnent.Il s'arrête ensuite sur le racisme comme élément culturel, et sur le racisme comme élément d'oppression systèmatique.Pour Frantz Fanon, le constat est sans appel : "Un pays colonial est un pays raciste."
Bernard Stiegler nous délivre ici sa réflexion sur la situation passée, présente et à venir du capitalisme, en gardant au coeur de son analyse la question de la technique.
Il soutient que la société industrielle a connu jusqu’à présent deux grands modèles organisationnels.
Le premier est le productivisme, qui domina XIXe siècle. Fondé sur le machinisme industriel qui engendre une augmentation spectaculaire de la productivité, il bénéficie presque exclusivement à ce que l’on appelle alors la bourgeoisie – petite, moyenne ou grande.
Au XXe siècle, une autre organisation de la société industrielle se met en œuvre aux États-Unis, pour se répandre ensuite dans le monde entier. Ce n’est plus seulement une organisation de la production, mais aussi de la consommation. La stimulation de la consommation s’opère à travers les techniques de marketing.
C’est ce modèle caractéristique du XXe siècle qui s’est effondré au mois d’octobre 2008. La faillite de General Motors n’est pas qu'une conséquence des spéculations de l’économie virtuelle dans le monde de l’économie réelle : à travers cette crise, c’est le modèle consumériste qui a rencontré ses limites dans une combinaison de facteurs toxiques que cette conférence propose d’analyser comme une mécroissance. L’enjeu est alors de repenser la croissance sur de nouvelles bases.
Bernard Stiegler soutiendra que l’avenir de la croissance, qui suppose le dépassement de la "mécroissance", consiste en une économie de la contribution où l’opposition fonctionnelle entre production et consommation devient caduque.
L'Union européenne est en crise.
Une crise identitaire avant d’être institutionnelle ou économique. Les résultats des élections européennes du 22 mai dernier l'ont une nouvelle fois montré. Le club d'épiciers baptisé "Union européenne" aura réussi le tour de force de transformer l'Europe en cauchemar pour ses peuples.
Les intervenants du colloque "Europe marché ou Europe puissance" réunis par la revue Éléments ont, chacun à leur manière, pointé les menaces de cette construction européenne, menée en dépit du bon sens, obsédée par les valeurs universalistes qui au bout du compte la nie.
Au terme de ce colloque qui a vu des personnalités d'horizons différents prendre la parole, le mot d'ordre général était : "Pour l'Europe, contre Bruxelles".
Hervé Juvin, défenseur de la diversité des cultures du monde, porte un projet d' "écologie des civilisations" voulant prévenir la disparition de l'Autre.
Cet Autre, en effet, a la fâcheuse tendance à se transformer en Même sous les coups de boutoir de la mondialisation économique et culturelle.
C'est parce que le déracinement et le nomadisme généralisés sont en train de détruire la diversité du monde que nous nous devons de réagir !
Emission "Les matins", animée par Marc Voinchet et Brice Couturier.
L'oeuvre de Paul Yonnet, sociologue, essayiste et écrivain, se situe au confluent de trois convictions :
1) L’analyse de l’expérience personnelle est le premier pas vers la connaissance de l’homme, des sociétés qu’il forme et de leur histoire. Certitude très tôt acquise, d’abord par la lecture fondamentale, à quinze ans, du "Voyage au bout de la nuit" de Céline, puis, déplacée dans le champ de la sociologie, lors de ses premières études des phénomènes du loisir. Ainsi a-t-il découvert, en étudiant "la France du tiercé", dont il était naturellement proche, à quel point les acteurs de base du phénomène possédaient une connaissance spontanée savante, et à quel point, à l’inverse, une sociologie de l’extériorité, traitant le social avec désinvolture, véhiculait de contresens et de préjugés. D’où le recours à la méthode de la "participation observante" - séparée des phases ultérieures de l’objectivation.
2) Passionné de démographie, d’histoire (de toutes les histoires), de droit, de psychologie, de philosophie, de littérature, d’anthropologie, mais aussi par les apports des sciences à l’explication des phénomènes sociaux, Paul Yonnet ne conçoit pas que la recherche ni l’élucidation puissent avoir lieu à l’intérieur d’une "discipline" seule, artificiellement recluse derrière les remparts qu’elle a (ou aurait) construits. Ardente obligation de l’interdisciplinarité.
3) La vérité gît dans les livres. Mais il est plusieurs chemins pour y accéder, et notamment la voie littéraire. Il s’ensuit quelques conséquences : il n’est de pensée qu’écrite ; la sociologie, comme la philosophie ou l’ethnologie, est aussi un style et un art littéraire (Raymond Aron, Claude Lefort, Claude Lévi-Strauss) ; l’analyse des oeuvres de la littérature est un temps essentiel de la recherche ; nous pouvons entrer directement dans le cercle magique pour y côtoyer les écrivains (c’est Le Testament de Céline).