La nature humaine ? Fiction dangereuse. La raison analytique ? Instrument d’uniformisation culturelle. La vérité ? Objet relatif masquant les dispositifs de pouvoir. Le langage ? Geôlier de la créativité. L’universalisme ? Alibi de l’Occident pour dominer le monde. Le corps ? Pâte à modeler au gré des innovations technologiques. Tels sont les lieux, devenus communs, de la pensée de la déconstruction.
Et pour comprendre l'hégémonie du post-modernisme au sein de l'extrême-gauche, Patrick Marcolini nous parle du livre de Renaud Garcia Désert de la critique, récemment sorti aux éditions l'échappée.
Les travaux d’Olivier Rey, philosophe des sciences et chercheur au CNRS, sont très bien reçus dans les milieux prônant la "sobriété heureuse" et la "décroissance".
Sa connaissance de la pensée moderne et des représentations de la nature qu’elle a conjurées l’amènent à émettre un jugement sans concession sur les situations de crises actuelles que notre monde traverse, précédent, et faisant écho à la critique du paradigme technocratique du Pape François dans son encyclique Laudato si’. La décroissance à laquelle Olivier Rey appelle nos sociétés moderne n’est pas un simpliste retour en arrière, mais l’art de trouver la mesure de l’échelle humaine dans l’intégration lucide des limites de la planète, des ressources naturelles, mais aussi de la finitude de notre commune humanité.
Le Centre de Recherche en Entreprenariat SOcial, la Chaire Jean Bastaire pour une vision chrétienne de l’écologie intégrale, les associations "Chrétiens et Pic de Pétrole" et "Les Alternatives Catholiques" s’associent pour mettre en valeur et interroger la perspective d’Olivier Rey dans l’esprit de l’écologie intégrale.
Cette émission entend analyser l'antisémitisme d'extrême-droite comme un anticapitalisme tronqué qui ne critique que la seule finance (souvent au nom du travail, de l'industrie, de l'État et/ou de la nation/race) pour la lier aux "Juifs" qui en seraint l'incarnation "maléfique", "cosmopolite", et "dominatrice". Cet anticapitalisme tronqué se retrouve aujourd'hui chez des personnalités comme Alain Soral ou Francis Cousin.
Cet anticapitalisme tronqué est également souvent mélangé à un anti-judaïsme classique (néo-païen ou chrétien).
Pour comprendre cette résurgence qui se diffuse massivement sur Internet, une généalogie philosophique sera entreprise en s'intéressant aux grandes figures de l'antisémitisme d'extrême-droite "germanique", soit Hegel, Nietzsche et Heidegger.
D'abord un constat : les courants anti-capitalistes, pour la plupart issus de la gauche ou du marxisme traditionnel, ont tous échoué à produire une théorie permettant de comprendre les multiples crises économiques que nous avons traversées.
Robert Kurz et Norbert Trenkle proposent, à partir d'une lecture approfondie du premier chapitre du Capital de Marx, de constituer une nouvelle approche critique des formes engendrées par le capitalisme, "abstraction réelle" que nous avons tous intégrés et mettons en pratique, où que nous nous situions dans le procès de production.
Ce n'est qu'en adoptant un point de vue surplombant que nous pourrons ensuite chercher une issue qui ne s'inscrive pas directement dans les règles du jeu fixées par les rapports sociaux capitalistes.
Juif Allemand, Léo Strauss s'exile aux USA à la fin des années 30 et s'impose comme philosophe politique.
Grand lecteur des textes classiques, de Platon à Spinoza et Hobbes en passant par Maïmonide, il livre de précieuses analyses sur la généalogie du nihilisme.
Ses méditations sur les Lumières, la crise du rationalisme moderne, le rapport entre religion et politique, et le libéralisme sont peut-être inégalées au XXe siècle.
Reprenant les problématiques originelles de l’Ecole de Francfort, Katia Genel suit le cheminement des travaux de Max Horkheimer, ses débats avec Adorno, Fromm, Marcuse, mais aussi Walter Benjamin.
La problématique de l’autorité est centrale. Tout d’abord elle fait l’objet de recherches pluridisciplinaires : il s’agissait d’éclairer, dans le cadre de la famille, de la vie professionnelle et politique, la soumission à l’autorité du chef, du père, du maître. Par-là on cherchait à comprendre le processus de servitude volontaire par lequel les masses ouvrières, brisées par l’échec de la révolution spartakiste, se sont ralliées à Hitler.
Mais la question de l’autorité n’est pas seulement une réalité psychologique et sociale, c’est aussi une réalité épistémologique. Très tôt Horkheimer dénonce le "faitalisme", la soumission à l’autorité du "c’est un fait", du "c’est comme ça" par lequel on interdit d’avance toute légitimité à une théorie critique.
L’autorité, définie comme l’ "approbation de fait d’un rapport de dépendance donné", est ce phénomène complexe qui regroupe aussi bien des attitudes dogmatiques, des positions idéalistes, que les phénomènes les plus triviaux et les plus routiniers de l’asservissement quotidien.
On découvrira en "excursus" un rapprochement entre les analyses de Hannah Arendt sur la crise de l’autorité et les travaux de l’Ecole de Francfort.
Comment lever les obstacles que toutes les formes d’autorité, qui ne sont pas nécessairement réductibles les unes aux autres, posent sur la voie de l’émancipation ? Quand l’autoritarisme s’épanouit dans l’espace public, quand les théories critiques ne font plus autorité, et quelles sont nos chances d’émancipation ?
La nature humaine ? Fiction dangereuse. La raison analytique ? Instrument d'uniformisation culturelle. La vérité ? Objet relatif masquant les dispositifs de pouvoir. Le langage ? Geôlier de la créativité. L'universalisme ? Alibi de l'Occident pour dominer le monde. Le corps ? Pâte à modeler au gré des innovations technologiques. Tels sont les lieux, devenus communs, de la pensée de la déconstruction.
Déconstruire... D'un concept plutôt ésotérique, les gauches "radicales" ont fait un programme systématique consistant à suspecter un rapport de domination sous chaque idée ou comportement. Si elles permettent de redoubler de subtilité sur les questions de moeurs - le domaine "sociétal" -, les théories de la déconstruction rendent les armes devant la marchandisation généralisée, l'emprise des industries culturelles et l'artificialisation du monde.
Qui évoque la nécessité d'une décélération, parle d'aliénation, remet au coeur de l'analyse le corps vécu dans un environnement limité, commet dès lors le crime ultime : réintégrer un moment conservateur dans la critique.
Occupées à déconstruire et à se déconstruire à l'infini, les gauches "radicales" ont négligé le terrain du social, qu'une extrême-droite opportuniste a investi en exploitant la détresse des perdants de l'histoire.
Renaud Garcia tente de comprendre comment nous en sommes arrivés là, de donner les raisons de ce sabordage intellectuel et politique, en analysant l'influence de la déconstruction sur la critique sociale contemporaine. Il en appelle par là même à un renouveau de la lutte contre le capitalisme sur de tout autres fondements théoriques.
Alain de Benoist, qu'on a longtemps présenté comme le chef de file de la "Nouvelle Droite", reste aujourd'hui mal connu. Intellectuel atypique, qui a toujours voulu être fidèle à la pensée critique, il appartient au petit nombre des penseurs français étudiés à l'étranger. En France, il reste ostracisé dans certains milieux, qui ne l'ont généralement pas lu. Trop de malentendus sont venus brouiller la perception de son oeuvre. Cet entretien est l'occasion de les dissiper.
Un échange qui permet à Alain de Benosit de revenir entre autres sur son parcours militant, la formation du GRECE, ses activités de publications ainsi que les thèses qu'il a défendu au cours de sa vie. Des hommes et des idées, des livres et des rencontres. Le tout esquissant la physionomie de l'époque et le visage de l'auteur.