La mémoire brûlante de la guerre d'Algérie travaille toujours les sociétés française et algérienne. Contre les rentiers et autres provocateurs du FLN et de l'OAS, contre toutes les revendications victimaires, il s'agit désormais de rétablir la vérité historique afin d'appaiser les tensions mémorielles.
Car la France et l'Algérie, qu'on le veuille ou non, on un destin lié. Et pour faire face aux défis qui s'annoncent, ils ont tout intérêt à établir une coopération étroite et appaisée.
C'est cette phrase en forme de prophétie, prêtée au général de Gaulle, que nous devons méditer : "L'Algérie, aurait-il dit, restera française comme la Gaule est restée romaine". La France aussi avait été conquise et colonisée. Cette injustice, connue, fait désormais partie de son Histoire, pour le meilleur et pour le pire. Arriverons-nous aussi à dépasser nos rencoeurs pour la période coloniale en Algérie ?
Yves Lacoste, auteur, en 1976, du fameux essai et pamphlet La géographie ça sert d'abord à faire la guerre est d'abord et avant tout un géographe. Mais c'est aussi un intellectuel engagé et un universitaire de terrain. Professeur, aujourd'hui émérite, à l'Université Paris 8-Saint Denis, fondateur et animateur de la revue Hérodote qui a profondément contribué au renouvellement de la discipline, il est l'auteur d'une oeuvre prolifique qui touche aujourd'hui le grand public.
Le Tiers Monde, la France, la géopolitique : trois notions qui sont autant de point d'ancrages à partir desquels Yves Lacoste a arpenté bien des espaces et bien des territoires, dans l'idée de rendre lisible les situations complexes.
Arpentage et décryptage au service d'une conviction qui est aussi une ambition : la géographie, plutôt qu'une science, est un savoir fondamental et nécessaire.
Une émission animée par Sylvain Kahn.
Eric Hoesli, citoyen helvétique, journaliste de haut vol et professeur, est l'auteur en 2006 d'une somme intitulée À la conquête du Caucase. Épopée géopolitique et guerre d'influence (Editions des Syrtes). Il vient de récidiver pour notre plus grand bonheur avec un pavé captivant, L'épopée sibérienne. La Russie à la conquête de la Sibérie et du Grand Nord chez le même éditeur.
Nous nous penchons avec lui sur ces extraordinaires destinées qui ont présidé à la découverte puis à la mise en valeur de ces espaces grand continentaux, au climat hostile, mais aux extraordinaires richesse, des espaces de colonisation et de relégation qui ont aussi engendré un type humain farouchement attaché à sa liberté et son autonomie, à rebours des pesanteurs (eur)asiatiques d'une certaine Russie.
En avant donc vers l'est lointain, où se joue peut-être une partie de notre avenir, le futur d'un Grand espace que l'on pourra qualifier d'eurosibérien...
Émission du "Libre Journal de la jeunesse", animée par Pascal Lassalle.
La crise économique fait rage et l’on parle de plus en plus du retour de la lutte des classes. Celle-ci n'est pas seulement le conflit entre les classes propriétaires et le travail dépendant. C'est également "l'exploitation d'une nation par une autre", comme le dénonçait Marx. C'est aussi l'oppression "du sexe féminin par le masculin" comme l'écrivait Engels. Nous sommes donc en présence de trois formes différentes de lutte des classes, appelées à modifier radicalement la division du travail et les rapports d'exploitation et d'oppression.
La lutte des classes s'avère aujourd'hui plus vitale que jamais, à condition qu'elle ne devienne pas un populisme facile qui réduit tout entre humbles et puissants, ignorant la multiplicité des formes du conflit social.
Philippe Conrad, historien et journaliste, ancien rédacteur en chef de La Nouvelle Revue d'Histoire et actuel président de l'Institut Iliade, revient sur les origines, la trajectoire et les grands noms du nationalisme français.
- 0:00:22 : Définition du nationalisme
- 0:02:29 : Nationalisme et révolution française
- 0:06:09 : La Révolution française fut-elle nationaliste ?
- 0:09:07 : Le nationalisme de gauche au XIXeme siècle
- 0:14:39 : Le nationalisme français germanophobe
- 0:19:43 : Le nationalisme français et le colonialisme
- 0:23:47 : Le général Boulanger
- 0:27:56 : L'affaire Dreyfus
- 0:32:32 : Édouard Drumont
- 0:34:23 : Déroulède et Barrès
- 0:38:39 : Le nationalisme français et la question de la race
- 0:42:15 : Charles Maurras
- 0:45:15 : Le nationalisme français : une préfiguration du fascisme ?
- 0:49:24 : Le colonel de La Rocque
- 0:52:37 : La tentation fasciste
- 0:56:03 : Le Parti Populaire Français
- 1:00:47 : Marcel Déat
- 1:03:49 : Gaullistes et pétainistes : une lutte pour la légitimité
- 1:08:46 : Le discrédit du nationalisme après-guerre
- 1:10:45 : le renouveau du nationalisme en France dans les années 60
- 1:13:52 : Le Front National
- 1:18:43 : La "Nouvelle Droite" et la voie européenne
- 1:23:18 : Souverainisme et nationalisme
- 1:25:04 : L'avenir du nationalisme
Trente Glorieuses ou Trente pollueuses ? Patrick Marcolini et Céline Pessis nous présentent le travail collectif d'une nouvelle génération d'historiens qui vise à renouveler notre regard sur les décennies d'après-guerre. Car Une autre histoire des Trente Glorieuses éclaire d'un jour nouveau les impacts écologiques et sanitaires de la "modernisation" des façons de produire et de consommer de cette période, et propose une nouvelle lecture critique de la "geste modernisatrice" française et son mythe de trois décennies de bien-être social.
À rebours d'une histoire consensuelle de la modernisation, ce travail dévoile l'autre face, noire, du rouleau compresseur de la "modernité" et du "progrès". Il nous faut réévaluer les "Trente Glorieuses".
Émission "Terre à terre", animée par Ruth Stégassy.
Des plus grands penseurs du siècle passé jusqu’à ceux d’aujourd’hui, ils ont été nombreux tout au long de l’histoire à se préoccuper de l’extinction de la culture européenne. Pourquoi une telle inquiétude ?
Caractérisée par le regard qu’elle porte sur le monde, l’Europe ne serait-elle pas victime de sa critique, ou plus précisément de son autocritique ?
À l’heure de la globalisation, alors que le modèle européen traverse une crise sociale et morale, chacun cherche à se distinguer, refusant l’identité commune au nom de la diversité.
Jean-François Mattéi apporte son éclairage sur ce qu’est devenue et ce qu’il pourrait advenir de la culture européenne.
Comme était doux le temps des "Trente Glorieuses" ! La démocratisation de la voiture et de la viande ! L’électroménager libérant la femme ! La mécanisation agricole éradiquant la famine ! La Troisième Guerre mondiale évitée et la grandeur nationale restaurée grâce à la dissuasion nucléaire ! Etc. Telle est aujourd’hui la vision dominante de cette période d’ "expansion", objet d’une profonde nostalgie passéiste… au risque de l’aveuglement sur les racines de la crise contemporaine.
À rebours d’une histoire consensuelle de la modernisation, Céline Pessis et Sezin Topçu dévoilent l’autre face, noire, du rouleau compresseur de la "modernité" et du "progrès", qui tout à la fois créa et rendit invisibles ses victimes : les irradiés des essais nucléaires en Algérie et en Polynésie, les ouvriers de l’amiante ou des mines d’uranium contaminés, les rivières irrémédiablement polluées, les cerveaux colonisés par les mots d’ordre de la "croissance" et de la publicité…
Les conséquences sociales et environnementales des prétendues "Trente Glorieuses", de leur mythologie savamment construite par les "modernisateurs" eux-mêmes, de leurs choix technico-économiques et de leurs modes de vie, se révèlent aujourd’hui très lourdes. Il nous faut donc réévaluer la période et faire resurgir la voix des vaincus et des critiques du "progrès" (de l’atome, des pollutions, du productivisme et du consumérisme) antérieures à 1968. L’enjeu est non seulement de démonter les stratégies qui permirent alors de les contourner, mais aussi de les réinscrire dans les combats politiques et écologiques contemporains.
Émission "Offensive Sonore", animée par Patrick Marcolini.