Entre histoire, philosophie et littérature, l'histoire des idées se situe à la croisée des disciplines comme à celle des continents, ne s'étant développée en France que dans une interaction avec la recherche anglo-saxonne ou germanique.
Et c'est dans cette perspective que Pascal Engel nous propose de nous intéresser aux idées d'Hippolyte Taine -souvent mal comprises- et à ses héritiers -souvent insoupçonnés...
"La Grèce antique est la plus belle invention des temps modernes", écrivait Paul Valéry. Au cœur de cette invention réside une forme singulière d'organisation de la vie collective qui incarnerait la singularité de l'expérience grecque : la cité.
Yves Sintomer s'interroge sur l'utilisation qui a été faite de la cité (polis) comme objet théorique et figure imaginaire dans la pensée politique contemporaine.
Il est évidemment tout d’abord affaire de pratiques politiques : parce qu'elle reposerait sur la mise en commun des paroles dans un espace où des égaux discutent et décident librement ensemble, la polis antique offrirait, à en croire une partie de la philosophie politique contemporaine, des ressources précieuses pour penser notre présent politique.
Mais cette expérience politique est indissociable d’une manière spécifique de faire commun, faite de gestes, manières de percevoir, attitudes et comportements. En ce sens, la polis est aussi l'emblème d'une "forme de vie", dans laquelle se réaliserait une politique authentique.
Les implicites théoriques d'une telle conception de la cité, à l’œuvre aussi bien chez Castoriadis que dans les travaux récents des historiens de la cité classique, sont au cœur de cette intervention.
Selon le cognitivisme littéraire il y a des vérités littéraires et la littérature, y compris la fiction, apporte une forme de connaissance. Cette thèse se heurte à des objections familières, qui ont conduit ses défenseurs à l’affaiblir ou à la rendre triviale. L’autre option consiste à soutenir que la connaissance littéraire est une connaissance pratique, d’un type fondamentalement différent de la connaissance propositionnelle de vérités.
C’est la thèse que défend Pascal Engel, en la modifiant quelque peu : la connaissance littéraire est une connaissance pratique, mais propositionnelle. La thèse de Stanley et de Williamson (2001), qui réduit le savoir pratique au savoir propositionnel, bien qu’elle se heurte, dans les cas usuels, à des difficultés majeures, pourrait être cependant correcte dans le cas de la connaissance littéraire, parce que la littérature ne véhicule pas des savoirs pratiques directement, mais indirectement, par descriptions ou modes de présentation pratiques.
Le pessimisme qui nous envahit aujourd’hui suscite plus que jamais une demande de paradis chez un public inquiet devant l’avenir. Jean Delumeau nous donne ici une synthèse de ses travaux en conservant l'itinéraire du "jardin des délices" au "bonheur éternel", en passant par l’attente de "mille ans de paix sur terre". Les interrogations d’aujourd’hui, sur le sens de la vie et de la mort, sont aussi présentes.
Cette conférence se présente donc comme une méditation, à base d’histoire, sur le thème de l’espérance.
Le sentiment de "malaise dans la civilisation" n’est pas nouveau, mais il a retrouvé aujourd’hui en Europe une intensité sans précédent depuis la Seconde Guerre mondiale.
La saturation de l’espace public par des discours économiques et identitaires est le symptôme d’une crise dont les causes profondes sont institutionnelles. La Loi, la démocratie, l’État, et tous les cadres juridiques auxquels nous continuons de nous référer, sont bousculés par la résurgence du vieux rêve occidental d’une harmonie fondée sur le calcul.
Réactivé d’abord par le taylorisme et la planification soviétique, ce projet scientiste prend aujourd’hui la forme d’une gouvernance par les nombres, qui se déploie sous l’égide de la "globalisation". La raison du pouvoir n’est plus recherchée dans une instance souveraine transcendant la société, mais dans des normes inhérentes à son bon fonctionnement.
Prospère sur ces bases un nouvel idéal normatif, qui vise la réalisation efficace d’objectifs mesurables plutôt que l’obéissance à des lois justes. Porté par la révolution numérique, ce nouvel imaginaire institutionnel est celui d’une société où la loi cède la place au programme et la réglementation à la régulation.
Mais dès lors que leur sécurité n’est pas garantie par une loi s’appliquant également à tous, les hommes n’ont plus d’autre issue que de faire allégeance à plus fort qu’eux. Radicalisant l’aspiration à un pouvoir impersonnel, qui caractérisait déjà l’affirmation du règne de la loi, la gouvernance par les nombres donne ainsi paradoxalement le jour à un monde dominé par les liens d’allégeance.
L'histoire juridique de l'édification de l'Etat social donne une idée de sa grandeur. Mais ce souverain débonnaire, tolérant la contestation et répondant du bien-être de ses sujets, semble aujourd'hui frappé de misère. Exposé par l'ouverture de ses frontières commerciales à des risques financiers systémiques, il voit ses ressources s'effriter et ses charges augmenter.
D'inquiétants docteurs se pressent à son chevet. Certains lui prescrivent saignée sur saignée, tandis que d'autres dressent déjà son acte de décès.
Plutôt que de cette médecine létale, c'est d'un diagnostic précis de l'Etat social dont nous avons besoin.
Karl Kraus est le seul Autrichien de ce siècle à avoir gagné deux guerres mondiales (Hans Weigel). Il a moralement gagné la première notamment en publiant, avec Les Derniers jours de l'humanité, un des réquisitoires les plus impitoyables qui aient jamais été conçus contre elle et contre la guerre en général. Et il n'y a rien d'artificiel ou d'exagéré dans le fait de suggérer qu'il a gagné également de façon anticipée la deuxième, en écrivant, en 1933, avec la Troisième Nuit de Walpurgis, un des textes les plus perspicaces et les plus puissants qui aient été produits sur une catastrophe dont il n'a pourtant vécu que les débuts, puisqu'il est mort en 1936, avant d'avoir connu le pire.
Cette conférence est consacré à certains aspects des nombreuses guerres que Kraus a menées non seulement contre la guerre, mais également contre le mensonge, la corruption, l'inhumanité et la barbarie sous toutes leurs formes.
Remarque : la qualité de l'enregistrement est médiocre.
En compagnie d’Henry Laurens, l'émission "Histoire Vivante" se penche sur l'épopée de l’Empire Ottoman (1299 à 1923). Car après plus de 20 ans consacrés à l’Histoire de la Palestine, le titulaire de la chaire d’histoire contemporaine du monde arabe du Collège de France agrandit son territoire de recherche pour l’orienter en direction de l’Empire Ottoman.
L'occasion de s'interroger sur les liens qui existent entre la Palestine et lʹEmpire Ottoman, lʹémergence du nationalisme dans lʹEmpire Ottoman et la question judéo-chrétienne.
D'autres problématiques plus actuelles sont aussi traitées, comme l'émergence de l'Intégrisme par la rencontre du wahabisme et d'Ibn Quelle ou lʹimplication répétée de lʹOccident dans cette région du monde.