Un chiasme curieux caractérise notre société libérale et technologique : d’un côté nous transformons radicalement la nature quand de l’autre nous proclamons l’impossibilité de modifier la société. Le libéralisme combine une acceptation supposément réaliste des buts humains et de l’organisation sociale tels qu’ils sont, avec un projet utopique de maîtrise et de transformation du monde.
Lorsqu’en 1992, au Sommet de la terre de Rio, George Bush père déclarait : "le mode de vie américain n’est pas négociable", cela impliquait que la nature et sa préservation l’étaient.
Comment ce chiasme destructeur s’est-il établi à partir de la fin du XVIIIe ? "Le siècle du progrès" n’a jamais été simplement technophile. L’histoire du risque technologique qu’il présente n’est pas l’histoire d’une prise de conscience, mais l’histoire de la production scientifique et politique d’une certaine inconscience modernisatrice.
Nous sommes entrés dans "l’Anthropocène", nous serions collectivement, en tant qu’espèce humaine, responsables du dérèglement climatique, d’une extinction massive des espèces, d’une déforestation tropicale et d’une destruction des environnements sans précédents, d’une pollution et d’une érosion historiquement inédites.
Peut-on vraiment incriminer un Anthropos indifférencié, une espèce complète, et en appeler à un "bon Anthropocène" techno-scientifique et à un capitalisme "vert" ?
Et s’il s’agissait plutôt, comme l’affirment Andreas Malm, Jason Moore, John Bellamy Foster et des auteurs issus du courant dit de "critique de la valeur", d’un Capitalocène, d’une dynamique socio-historiquement spécifique aux conséquences écologiques également spécifiques, celle du capitalisme, et appelant donc à une sortie conjointe de "l’Anthropocène" et du capitalisme ?
C’est cette hypothèse que développent Anselm Jappe et Armel Campagne.
Les scientifiques nous l’annoncent, la Terre est entrée dans une nouvelle époque. Bien plus qu’une crise environnementale, l’Anthropocène signale une bifurcation de la trajectoire géologique de la Terre.
Habiter de façon plus sobre, plus équitable et moins barbare la Terre est l’enjeu de demain. L'Anthropocène, littéralement "nouvel âge de l’Homme", est le signe de notre puissance, mais aussi de notre impuissance.
Il ouvre une nouvelle condition humaine et balaye bien des ontologies et certitudes de la modernité. Est-ce la fin du progrès ?
D’un côté, 3 milliards de gens vivent dans des conditions indignes de l’humanité. Enseignement, santé, énergie, eau, alimentation, mobilité, logement : individuellement leurs besoins sont modestes mais, au total, ils sont énormes. Comment les satisfaire sans augmenter la production ? De l’autre, deux cents ans de productivisme ont mené le système climatique au bord de l’infarctus. La réalité nous impose de réduire radicalement les émissions de gaz à effet de serre. Donc la production matérielle. Comment stabiliser le climat tout en satisfaisant le droit légitime au développement de celles et ceux qui n’ont rien, ou si peu… et qui sont en même temps les principales victimes du réchauffement ? C’est le casse-tête du siècle.
Daniel Tanuro propose de réconcilier l’écologie et le projet socialiste, parce que le capitalisme ne saura rien résoudre. Si l’on n’est pas capable d’articuler lutte sociales et écologiques, le capitalisme causera des catastrophes humaines et environnementales de grande ampleur. Quelles erreurs ceux qui se réclament du socialisme ont-ils commises pour que cette articulation semble aujourd’hui si difficile ?
Alors que la conférence de la COP21 sera tenue dans quelque mois, le philosophe Jean-Pierre Dupuy s'interroge sur le sens à donner au changement climatique.
Comment penser les bouleversements qui vont nous affecter ? Est-ce que les thèses du "catastrophisme éclairé" sont toujours d'actualité ?
Émission "La Grande table", animée par Caroline Broué.
Le XIXe siècle européen sacre le triomphe du charbon, puis du pétrole. Or le "choix du feu" l’a emporté lentement sur d’autres moyens d’accroître la force de l’humanité.
L’exploration des expériences énergétiques oubliées se révèle indispensable pour affronter les défis énergétiques du futur.
Une conférence du cycle "Modernité en crise".