Pour sortir de la violence, encore faut-il la comprendre. René Girard, professeur émérite à l’université de Stanford où il fit l’essentiel de sa carrière, tente, de livres en livres, de répondre à cette question.
Dans cet entretien, il s’explique tout à la fois sur son oeuvre et sur son dernier livre paru, "Achever Clausewitz", qui tente de comprendre ce phénomène comme montée aux extrêmes des rivalités mimétiques humaines.
Nous connaissons les larmes et le sang qu’ont coûtés les projets de transformation révolutionnaire du monde par la guerre ou la révolution.
Sont apparus au cours du XXe siècle de nombreux courants engagés dans la "critique de la violence", même quand celle-ci prétend être "un moyen pour de justes fins".
Mais que savons-nous des dilemmes, des "trahisons", des désillusions et des véritables tragédies auxquels s’est heurté le mouvement qui s’est inspiré de l’idéal de la non-violence ?
Domenico Losurdo parcourt une histoire fascinante : des organisations chrétiennes qui, au début du XIXe siècle, se proposent aux états-Unis de combattre de façon pacifique le fléau de l’esclavage et de la guerre, jusqu’aux acteurs des mouvements qui, soit par passion, soit par calcul, ont agité le drapeau de la non-violence : Thoreau, Tolstoï, Gandhi, Martin Luther King, le Dalaï Lama et les récents inspirateurs des "révolutions colorées".
Au travers de cet entretien du mois de décembre 2014, Pierre-Yves Rougeyron revient sur les sujets qui font l'actualité, et tente de délivrer des analyses qui s'expliquent par les tendances lourdes qui agitent notre époque.
De l’affaire des crèches à la question de la laïcité, du problème de la souveraineté aux débats sur les formes politiques (républicanisme, monarchie), de l'hypothétique remigration à la question géopolitique de la reprise des relations États-Unis/Cuba, Pierre-Yves Rougeyron nous dresse un tableau de l'état de la France et du monde.
"Catho" rimerait-il avec "écolo" ? Si l'on en croit Patrice de Plunkett, journaliste, écrivain et ancien directeur de la rédaction du Figaro magazine, les chrétiens qui se mettent au vert seraient une espèce en voie d'apparition !
Otage de manipulations partisanes qui font d'elle le prétexte à un progressisme forcené, l'écologie est généralement mal perçue dans l'univers catholique.
Patrice de Plunkett nous invite à dépasser cette appréciation à courte vue : l'attention portée à la nature se rattache fondamentalement à l'héritage biblique et à l'enseignement des papes.
Héritière à la fois de Jérusalem et d'Athènes, qu'elle relaie en Occident, la tradition chrétienne a pris une part prépondérante dans la constitution des cultures et de l'identité des peuples d'Europe.
Il ne s'agit pas ici d'évoquer le débat sur l'héritage chrétien, occasionné par le projet de Traité constitutionnel de l'Union Européenne mais la conférence "Foi et Raison" prononcée par le Pape en septembre 2006 à l'université de Ratisbonne.
Au-delà du malentendu suscité dans le monde musulman par la référence à une controverse religieuse du XIVème siècle, l'émission revient sur le motif principal de cette conférence : l'importance du "logos" et de l'unité de la raison, origine commune de notre histoire philosophique et religieuse, le résultat d'une "médiation grecque* que l'Islam a également assurée et qui peut donc servir au dialogue entre les cultures.
Comme il fait régulièrement la "Une" des journaux, l'État d'Israël nous semble familier : une démocratie à l'occidentale armée jusqu'aux dents au cœur d'un Proche-Orient hostile, protégé par les Etats-Unis et opprimant le peuple palestinien.
Mais qu'en est-il vraiment ? Comprendre l'État d'Israël et ses fondements, voilà ce à quoi nous invite l'historien Yakov Rabkin, en remontant aux origines du sionisme, socle idéologique sur lequel repose ce pays.
Le portrait qui en ressort est celui d'un État sans frontières. Yakov Rabkin retrace les origines d'Israël et en explicite la nature en replaçant sa naissance dans son contexte historique.
Partant de ce que nous enseigne la tradition juive à propos de la Terre Sainte, l'auteur montre de quelle façon le sionisme ayant présidé à la création d'Israël marque une rupture profonde dans l'histoire juive, ayant suscité de vives critiques au sein des communautés juives.
Au-delà de la légitimité toujours contestée de l'État d'Israël, c'est aussi toute la question identitaire juive qu'aborde l'auteur.
Le message délivré par Yakov Rabkin apporte un vent de fraîcheur à l'abondante littérature déjà produite sur le sujet : rappeler les faits, mettre ou remettre à l'ordre du jour des aspects de l'histoire oubliés, c'est aussi inviter les citoyens à participer aux grands débats qui touchent Israël et les communautés juives à travers le monde. Et comprendre ce paradoxe qui veut que le territoire sur lequel les juifs sont aujourd'hui le moins en sécurité est celui sur lequel a été fondé un pays devant leur garantir cette sécurité.
Observateur des campagnes napoléoniennes, Clausewitz a compris la nature de la guerre moderne : les termes de "duel", d'"action réciproque" ou de "montée aux extrêmes" désignent un mécanisme implacable, qui s'est depuis imposé comme l'unique loi de l'histoire.
Loin de contenir la violence, la politique court derrière la guerre : les moyens guerriers sont devenus des fins.
René Girard fait de Clausewitz le témoin fasciné d'une accélération de l'histoire. Hanté par le conflit franco-allemand, ce stratège éclaire, mieux qu'aucun autre, le mouvement qui va détruire l'Europe.
"Achever Clausewitz", c'est lever un tabou : celui qui nous empêchait de voir que l'apocalypse a commencé. Car la violence des hommes, échappant à tout contrôle, menace aujourd'hui la planète entière.
Le livre est présenté sous forme d'un entretien conduit par Benoît Chantre.
Marion Sigaut s'attelle une nouvelle fois à démysthifier l'histoire en s'attaquant à l'épisode de la chasse au sorcières et à la séquence inquisitoriale, deux événement souvent (volontairement?) couplés et utilisés pour discréditer l'ancien régime et la foi catholique.
La conférencière nous rappelle d’entrée qu’elle n’est pas une spécialiste du Moyen Âge, et précise qu’elle vient rendre compte des recherches et des travaux réalisés par d’autres historiens parmi lesquels :
- Norman Cohn pour son livre "Démonolâtrie et sorcellerie au Moyen Âge" édité chez Payot
- Robert Mandrou pour son livre "Magistrats et sorcier en France au XVIIe siècle" édité chez Seuil
- Jean Delumeau pour son livre "Le catholicisme entre Luther et Voltaire" co-écrit avec Monique Cottret, édité chez Puf