Cet entretien fait suite au petit livre que Rémi Soulié a consacré à Nietzsche en 2014, et aborde la vie, l'oeuvre et l'actualié de ce grand penseur.
Est en particulier abordé l'aspect dionysiaque de la philosophie de Friedrich Nietzsche, ainsi que les concepts d'éternel retour, de volonté de puissance et de sagesse tragique : une libre improvisation sur ce que cet esprit libre nous a laissé.
On peut raisonnablement estimer que, depuis la nuit des temps, tous les représentants de notre espèce connaissent épisodiquement des moments de déprime ; le mal-être, le flou identitaire et la douleur d’exister font jusqu’à un certain point partie intégrante de notre condition. On peut imaginer aussi que certaines personnes sont plus vulnérables que d’autres à ce que nous appelons aujourd’hui la "dépression", que ce soit pour des raisons purement psychologiques, liées à l’éducation, ou pour des raisons physiologiques, liées au circuit neurologique et hormonal du corps.
Mais il y a néanmoins tout lieu de penser que notre époque est la proie d’un sentiment exacerbé de malaise intérieur. Depuis le tournant des années 1830 et l’entrée brutale dans la révolution industrielle, l’Occident semble ainsi submergé par une vague plus ou moins généralisée de "spleen", que les auteurs romantiques qualifiaient avec optimisme de "mal du siècle", sans savoir que nous l’éprouverions encore près de deux cents ans après eux… Notre art s’en est largement fait l’écho, tout au long du XXe siècle, de même que nos publications médicales, nos magazines, nos reportages télévisés et nos conversations. La "dépression" est partout, superficiellement soignée par les traitements pharmacologiques à la mode, comme une rustine apposée sur un navire en voie de perdition.
Thibaut Isabel se proposent de faire le point sur quelques-uns des aspects les plus marquants de cet étrange nihilisme contemporain, dont le surpassement constituera sans doute le principal défi des siècles à venir.
Émission du "Libre Journal des idées politiques".
Le philosophe et sinologue François Jullien, l'un des penseurs français les plus traduits et les plus lus à l’étranger, passe par la pensée chinoise pour envisager du dehors la pensée européenne.
La Chine propose une tradition de pensée trois fois millénaire qui s’est développée sans rencontrer la philosophie européenne. Les questions qui nous semblent aller de soi, concernant le sens de la vie, l’origine du monde et la vie après la mort, ne s’y posent tout simplement pas. On ne va donc pas en Chine chercher d’autres réponses à nos questions, mais une autre intelligibilité et une autre manière de penser.
Passer par la Chine permet encore de nous retourner vers notre pensée européenne pour en redécouvrir la singularité et la fécondité.
Le christianisme propose des ressources pour penser et pour vivre. Ces ressources ne demandent qu’à être explorées et exploitées.
Quelles sont les ressources propres de l’interrogation chrétienne ? Comment peut-on vivre de ces ressources chrétiennes ? Comment la pensée chinoise peut-elle rouvrir les possibles de l’interrogation chrétienne ?
Jean Michel Vernochet commence son introduction en décrivant la situation politique en Israël et en Palestine. La dimension messianique du sionisme le plus ultra, incarné par le Likoud au pouvoir, apparaît régulièrement dans les prises de position, les déclarations et les indiscrétions de ses chefs. Ainsi, exemples à l’appui, il entend souligner que la dimension eschatologique des politiques poursuivies par les dirigeants hébreux ne relève pas d’un banal fantasme conspirationniste mais d’une réalité objective. En un mot, tout le projet sioniste de construction d’un État juif tendant à l’homogénéité ethnique est dès l’origine un projet messianique, celui de la construction d’un Grand Israël en accomplissement d’une hypothétique promesse divine.
Loin de l’histoire officielle du sionisme le décrivant comme un projet et une idéologie politique athéistes qui serait né au XIXe siècle, Youssef Hindi présente lui la thèse centrale de son ouvrage sur les origines mystiques, jusqu’ici méconnues, du projet sioniste et de la stratégie du Choc des civilisations ; projet messianique dont la naissance remonte au XIIIe siècle. Il fait, durant son exposé, un déroulé historique, des origines du messianisme actif à nos jours, en terminant sur ses implications géopolitiques.
Longtemps délaissé par les historiens, l'animal est désormais un objet d'études à part entière. Envisagé dans ses rapports avec l'homme, il nous apprend mille choses sur la société, l'économie, la culture, la vie religieuse et symbolique.
Michel Pastoureau a choisi ici de nous parler de huit animaux célèbres, intimement liés à notre culture. Certains ont réellement existé, d'autres sont empruntés à la Bible, à la mythologie, à la littérature ou à la réalité de notre monde.
Un parcours passionnant qui nous renseigne sur les changements et permanences des mentalités.
Anarchiste et chrétien ? Une équation impossible ? Habitués aux clichés tardifs du type "ni Dieu ni maître", nous avons oublié que l'anarchisme, comme le premier socialisme d'ailleurs, doit au christianisme plus qu'à n'importe quelle autre doctrine ou philosophie.
Jacques de Guillebon nous plonge ici dans les eaux profondes de l'insoumission à l'ordre des hommes.
Fleuve souterrain aux détours sinueux, l'anarchisme chrétien irrigue depuis deux siècles la vie politique et intellectuelle du monde. Loin du "catéchisme révolutionnaire" de Netchaïev, des bombes de Ravachol et des cavalcades de Makhno, tantôt orthodoxe et tantôt hérétique, cette anarchie religieuse fonde la pensée de la non-violence, inspire les arts modernes, engendre la critique conjuguée de l'État et du libéralisme. Les anarchistes chrétiens furent les premiers à s'élever contre un monde rapace livré à la technique.
Pour eux, l' "ordre sans le pouvoir" est le dernier mot temporel des enfants de Dieu.