Il y a aujourd’hui dans nos contrées une crise du rapport à l’autorité en général et au pouvoir politique en particulier.
Celui-ci semble particulièrement malmené en la personne de ses représentants, décrédibilisés au point de voir popularisée l’idée de démocratie directe ; et parallèlement défait dans la dissolution de l’image de l’instance que sous le nom de Père le catholicisme avait institué à la source de tout pouvoir, voire de toute représentation.
Il est plausible que ce désarroi soit dû à plusieurs facteurs : progrès technique qui garantit la maîtrise des processus de la reproduction (voire la genèse de nouveaux organismes), mondialisation des échanges économiques qui prend le pas sur le pouvoir des États, et débridement des mœurs encouragé par les stimulations à la consommation. Ce concours aboutissant à une crise sociale que semble impuissante à traiter la représentation politique, il est inévitable que surgissent les démons du totalitarisme.
Mais est-il aussi l’occasion de penser autrement ce que serait une relation pacifiée au pouvoir ?
Notre culture exige un recouvrement du désir par l’amour, au risque manifeste de contrarier l’un par l’autre, voire de les opposer.
Si Freud et Lacan, quoique différemment, permettent de reconnaître que l’objet visé n’est pas le même dans les deux cas, ce progrès de la connaissance permet-il de mieux les concilier, voire de nous réconcilier avec eux ?
Charles Melman pense que nous passons d’une culture où la santé mentale était mesurée par le niveau d’harmonie avec l’Idéal, culture qui fabriquait des névroses, à une culture fondée sur la recherche d’une adéquation entre désirs et objets de satisfaction, qui fabrique des perversions.
Une nouvelle morale émerge, qui renvoie à une sensibilité purement thérapeutique, donc à une nouvelle économie psychique. L’exhibition de la jouissance a remplacé le refoulement comme contre-pôle d’équilibre au désir.
Cet entretient lui permet de précision ses positions.