Le RN est rarement crédité d'un vote d'adhésion. Jugeant l'hypothèse trop décourageante, ses détracteurs préfèrent évoquer le désaveu qui frappe ses rivaux, la toxicité de l'espace médiatique ou le délitement des solidarités ouvrières.
Michel Feher entreprend au contraire d'examiner la popularité de l'extrême droite à la lumière des satisfactions que sa vision du monde procure à ses électeurs.
- 0'00'00 : Introduction
- 0'00'12 : L'imaginaire du Rassemblement national, les évolutions du capitalisme et les écueils de la gauche
- 0'03'29 : Qu'est-ce qu'une "gauche d'occasions" ? (Kaïros ou Leboncoin)
- 0'04'25 : Pourquoi la gauche est-elle structurellement minoritaire?
- 0'07'35 : "Pour être de gauche il faut tenir tous les bouts", classe, race, sexe ou l'intolérance aux inégalités
- 0'10'35 : Plus la gauche est exigeante, plus elle se fragmente
- 0'11'42 : "La notion d'intersectionnalité est moins faite pour annoncer le rassemblement des dominés que pour cartographier les tensions qui ne cessent de l'ajourner."
- 0'14'07 : "Pour qu'il y ait convergence, il faut s'occuper des inégalités que l'on subit comme celles que l'on ne subit pas."
- 0'17'08 : "Le ressentiment tient mieux que les moments de générosité." Différence entre puissance et pouvoir
- 0'18'19 : Émeutes George Floyd : les barricades ajournent-elles l'intersectionnalité ?
- 0'21'36 : Pourquoi la gauche n'assume-t-elle pas la confusion de son horizon ?
- 0'23'12 : Intervention du public : assumer la part expérimentale de toute prise de partie révolutionnaire (et pas de gauche)
- 0'24'29 : L'antifascisme comme pierre angulaire d'une recomposition politique
- 0'26'46 : Les "fachés pas fachos" et le populisme de gauche : les fascistes doivent être vaincus avant d'être convaincus
- 0'29'43 : Parasites et producteurs : la promesse de l'extrême droite c'est l’épuration pour que tout s'améliore sans que rien ne change
- 0'32'03 : Ni radicalité, ni modération : l'intransigeance
- 0'34'00 : Qu'est-ce qu'une affirmation politique ?
- 0'36'20 : Le travail critique, la mélancolie de gauche et l'absence d'horizon
- 0'38'50 : Financiarisation et mutation du capitalisme : le profit est remplacé par le crédit
- 0'41'13 : De la subjectivité ouvrière à la subjectivité "investie"
- 0'44'02 : Pour combattre le macronisme, faut-il être plus machiniste que Macron ?
- 0'45'46 : Pourquoi l'anti-impérialisme et l'anti-totalitarisme ne permettent pas de penser le fascisme aujourd'hui
- 0'49'10 : Black Lives Matter et Metoo sont des mouvements qui jouent sur le crédit et la spéculation
- 0'53'30 : Le fascisme Trumpiste est lui aussi spéculatif : s'y joue la "valeur" de l'homme blanc
- 0'55'39 : Fait-on face à un nouveau fascisme ? Ressentiment et épuration
- 0'56'28 : Géopolitique du fascisme présent ou la non pertinence de l'anti-impérialisme et de l'anti-totalitarisme
- 1'01'15 : Le nouveau modèle du fascisme en train d'émerger : l'impérialisme continental
- 1'05'23 : L'exemple et le basculement israélien
- 1'06'54 : Les exemples indiens et chinois
- 1'08'34 : L'épuration comme paradigme essentiel
- 1'09'32 : L'absence de tout contrepoids au nouveau paradigme fasciste
- 1'11'19 : Pourquoi ceux qui défendent les ukrainiens ne sont pas les mêmes que ceux qui défendent les palestiniens ?
- 1'14'01 : Objection: ne peut-on pas s’opposer au fascisme émergent sans dépendre de la forme État?
- 1'15'27 : Une intervention anarchiste confuse et trop longue: pourquoi la gauche est à la masse. Forme-de-vie, composition, insurrectio
- 1'23'29 : On est en fait plutôt d’accord
- 1'25'31 : Ce qu'il fait qu’ils sont fascistes, c’est que leur ennemi n’est pas une race inférieure mais une race dangereuse
- 1'26'23 : Le "wokisme" est vécu comme un danger existentiel
- 1'27'46 : Jusqu’à aujourd’hui être courageux était relativement risqué, cela va le devenir absolument
Linguiste et essayiste, Modeste Schwartz tente de comprendre la logique oligarchique mise en place dès février-mars 2020 à la faveur de la "crise sanitaire" covidienne. Il s'agit pour lui de manifester non seulement le rejet du récit officiel (de type OMS), mais aussi de prendre ses distances avec les courants de pensée alternatifs qui s'employent à valider par la bande le récit du mainstream, en l'assortissant de menus addenda sur le "gain de fonction", la "5G" ou "l'Ivermectine".
Autant de façons de ne pas comprendre ce qui est en train d'arriver, c'est-à-dire, d'un point de vue politique : la fin d'un monde, qui était à la fois celui de la rationalité calculante, de l'universalisme démocratique et du droit afférent à ce dernier – la fin de l'Occident.
Émission "La Méridienne", animée par le Lt Sturm.
Et si l'économie telle que nous la connaissons était fondée sur des mythes ? Et si la société de marché n'était pas universelle ni naturelle ? Pourrait-elle même conduire à des dérives totalitaristes ? En osant poser ces questions, l'anthropologue et historien Karl Polanyi s'est hissé au rang de penseur incontournable du capitalisme contemporain. Critique radical de la société de marché sans pour autant se réclamer du marxisme, il incarne une troisième voie au cœur d'un XXe siècle tourmenté.
De l'étude des sociétés archaïques à celle de l'avènement du fascisme, dont il est le témoin, sa pensée iconoclaste continue d'alimenter les réflexions de ceux qui refusent d'accepter la toute-puissance du marché comme l'horizon indépassable de notre temps.
Émission "Avoir raison avec...", animée par Aliette Hovine.
Ubérisation, robotisation, fin du salariat… Comment travaillerons-nous demain ? Quelle place accorder au travail dans nos vies ? Et où en est vraiment notre rapport au travail aujourd'hui ? Assistons-nous à un basculement qui nous éloigne des paradigmes perçus il y a peu comme incontournables dans les sociétés du salariat ou bien à de simples ajustements grossis par nos perceptions ? Peut-on travailler en faveur du bien commun, d'une société ? Travaillons-nous pour notre propre bonheur ? Quels sont les enjeux de réalisation de soi ou de libération collective dont sont porteuses les activités de travail ?
Philosophe spécialiste de la philosophie sociale et du marxisme, Franck Fischbach évoque le sens du travail dans une démocratie.
La transition du féodalisme au capitalisme est l'un des débats historiographiques qui a fait couler le plus d'encre, tant en raison de ses implications théoriques que politiques. Néanmoins, force est de constater qu'il y a longtemps eu un consensus entre libéraux et marxistes sur l'essentiel, à savoir que le capitalisme serait progressivement né en Europe occidentale dans les interstices du féodalisme, porté par une bourgeoisie urbaine qui aurait finalement triomphé de l'aristocratie féodale dans une série de "révolutions bourgeoises".
Inspirés par Hegel et les historiens libéraux français de la Restauration, Marx et Engels ont eux aussi initialement adopté une vision de l'histoire comme progressant téléologiquement de stade en stade vers le capitalisme (puis, a contrario des libéraux, vers le socialisme et le communisme). Le marxisme fit ainsi de la bourgeoisie et du développement des forces productives les moteurs de l'histoire. De ce fait, le capitalisme fut pensé comme déjà présent de manière embryonnaire dans les villes d'Europe occidentale, n'attendant que le triomphe politique de la bourgeoisie pour se déchaîner.
Pour le cas français, l’affaire semblait ainsi entendue parmi les historiens marxistes : le capitalisme, né dans les interstices du féodalisme et de l'absolutisme, aurait finalement triomphé avec la révolution bourgeoise de 1789. Le débat portait de ce fait essentiellement sur la nature de l'absolutisme français, parfois vu comme un instrument de l'aristocratie féodale, quelquefois comme une phase de transition nécessaire à l'émergence du capitalisme, voire comme déjà capitaliste.
Mais les historiens du long Moyen-Âge et de l'économie d'Ancien Régime, en montrant la compatibilité du féodalisme et de l'absolutisme avec une économie marchande et monétarisée, les historiens révisionnistes, en indiquant la nature non-capitaliste de l'économie d'Ancien Régime et de la bourgeoisie révolutionnaire, et les marxistes politiques, en démontrant la nature non-capitaliste de l'industrie française jusqu'aux années 1860 et de l'agriculture française jusqu'aux années 1960, sont venus bousculer ces certitudes communes aux libéraux et aux marxistes. Partant de ces travaux, c'est à une reconstruction schématique d'inspiration marxiste politique de ce qu'a été la transition du féodalisme au capitalisme en France qu'Armel Campagne s'attelle ici.
Une intervention qui se fait dans le cadre du séminaire "Lectures de Marx".
Quel est le rôle de l'ingénierie dans le système productif capitaliste ? Et quelles serait des perspectives communistes envisageables permettant une reconfiguration de cet appareil productif dans une optique post-capitaliste ?
C'est à partir des travaux de Nick Chavez qu'est analysée la domination du capital sur les ingénieurs, leur rôle dans la polarisation des savoirs, et la façon dont les impératifs économiques influencent la conception des marchandises, en distinguant deux grands modèles de production, "low mix, high volume" et "high mix, low volume".
Dans un second temps sont critiquées les approches utopiques ignorantes des contraintes productives. Et explorée la possibilité d'une reconfiguration révolutionnaire de l'ingénierie, en se demand quelle forme pourrait prendre la dissolution de la division du travail et la remise en cause du statut social des ingénieurs.
On fait – mais on ne sait pas ce qu'on fait. On parle – on ne sait pas ce qu'on dit. Pas davantage à qui. On défère, on ignore à quoi. On accumule des biens, mais sans idée de ce qu'on cherche.
Double-fond des actions individuelles. Et double-fond des rapports sociaux. Qui, à leur logique propre, ajoutent celle, le plus souvent inaperçue, de l'investissement pulsionnel.
C'est la psychanalyse qui a ouvert cette perspective, et c'est elle qui l'a refermée. Ouverture : les concepts du double-fond – pulsion, inconscient, jouissance, fantasme, refoulement. Fermeture : LePhallus, LaCastration, LaLoi – soit la transfiguration à majuscules d'un ordre social-historique contingent en éternité du Symbolique. La psychanalyse s'est voulue science générale, elle a seulement fait la théorie psychique d'un lieu et d'un temps. Son "général" transpirait l'Occident patriarcal.
Alors, reprendre tout l'appareil conceptuel – pour le brancher sur la variabilité des mondes collectifs.
Avec l'oubli – le discrédit – de la psychanalyse, la pulsion s'était absentée du discours. En réalité, elle n'a jamais cessé d'irriguer les formations sociales et leurs rapports. Entre capitalisme devenu forcené et fascisme de retour, la voilà même qui sature à nouveau le paysage politique – pas pour le meilleur. Déterminante d'autant plus qu'invisible. Il était temps de s'en occuper à nouveau.
Pourquoi préférer la servitude à la liberté ? Telle est le grande question de la philosophie politique pour Deleuze et Guattari.
Répondre à cette question, c'est d'abord plonger dans l'Anti-Oedipe et comprendre le fonctionnement du désir, les machines désirantes et les corps sans organe. La schizophrénie comme processus et non comme maladie est alors pensée contre la psychanalyse et le capitalisme. Ensuite, il s'agit de se concentrer sur Mille Plateaux : revenir sur la notion de rhizome, puis ouvrir des espaces lisses avec la nomadologie et les machine de guerres.
Avec toujours cette question : comment résister contre la répression qui s'instaure parfois au plus profond de nous-même ? Comment combattre le fascisme en nous ?