Après deux ans de questions-réponses en vidéo sur ERTV, l'émission Soral répond revient sous un nouveau format sur ERFM, la radio en ligne et en continu d'Égalité & Réconciliation.
Le principe : les auditeurs qui le souhaitent posent leurs questions sur le répondeur du polémiste qui choisit ensuite les meilleures et y répond.
Dans le rapport que nos sociétés contemporaines entretiennent à l'argent, le Moyen-Âge constitue incontestablement un tournant décisif en mettant en place des formes très élaborées d'association du capital et en inventant cette forme très novatrice de transfert des capitaux que fut la lettre de change.
Ces innovations qui permirent de contourner en partie le problème du change et de l'échange du numéraire furent, à partir du XIIIe siècle, à l'origine d'un essor financier et commercial sans précédent dans l'Occident médiéval.
D'une certaine manière et en dépit d'un certain nombre de freins techniques et moraux - dont la condamnation par l'Eglise d'un profit immodéré - il n'est pas exagéré de dire que les marchands et banquiers du Moyen Âge ont été à l'origine du capitalisme.
On sent qu'il aime ça, Grégoire Chamayou, rentrer dans la tête des puissants. Dans son précédent livre déjà, Théorie du drone, le philosophe plongeait dans les archives militaires américaines pour nous donner à entendre les voix de ceux qui pensent la guerre et tentent de promouvoir une nouvelle manière de la faire : sans courir le risque de mourir soi même.
Dans son dernier ouvrage en date, La Société ingouvernable, Une généalogie du libéralisme autoritaire (La Fabrique) le chercheur troque le complexe sécuritaire pour les boards des entreprises. Il nous emmène dans les tréfonds feutrés des hautes sphères du pouvoir économique, là où les intellectuels organiques des milieux d'affaire ont mis au point dans les années 1970 les théories, les concepts et les tactiques pour défendre un ordre capitaliste alors profondément remis en cause, aussi bien par des salariés "indisciplinés" que par des mouvements écologistes en demande de régulation gouvernementale.
Il faut les entendre échafauder leur riposte, inventer les "théories de la firme" à même de justifier le primat de la valeur actionnariale, tout en s'efforçant de déréaliser la violence de la hiérarchie et du rapport salarial… Il faut les entendre, car alors on perçoit leurs contradictions, leurs débats, leurs désaccords et leurs failles. Celles qu'il nous appartient d'exploiter si l'on veut à nouveau se rendre ingouvernables.
Émission "Aux Ressources", animée par Laura Raim.
Et si notre "conscience environnementale" planétaire contemporaine n'était pas si nouvelle que cela ? Et si ignorer les réflexivités environnementales des sociétés du passé nous pénalisait pour envisager l’avenir des bouleversements planétaires en cours ?
Depuis un demi-millénaire, la définition des richesses, des équilibres et des limites de la Terre, de son "bon usage", durable et rationnel, est un enjeu de pouvoir. Plutôt qu'un récit de "prise de conscience" progressive des altérations causées à la planète Terre, de récents travaux d'histoire environnementale ont mis en lumière l'ancienneté – et l'historicité – des réflexivités environnementales.
A mesure que l'Europe étendait son empire sur le monde, ses élites religieuses, politiques, économiques et savantes ont forgé des discours et des savoirs d'un "bon usage" de la Terre entière. Un seul exemple : de Christophe Colomb au Comte de Buffon, une théorie du changement climatique à grande échelle a participé à la légitimation du projet de prise de possession européenne de l'Amérique.
Après avoir esquissé les enjeux d'une telle histoire de la constitution de la Terre entière comme objet de savoir et de pouvoir, la communication de Christophe Bonneuil met l'accent sur un moment particulier de ce géopouvoir, celui de l' "âge des empires" de la fin du XIXe siècle au début du XXe siècle.
Une communication qui s'inscrit dans le cadre des conférences "Comprendre et Agir", organisées par l'équipe de recherche STEEP.
C'est en compagnie des historiens Jean-Baptiste Fressoz et François Jarrige et des socio-anthropologues Alain Gras et Paul Jorion qu'est abordé la nécessité de faire émerger une communauté technocritique aujourd'hui, dont les armes intellectuelles doivent être renouvelées en fonction des enjeux qui sont les nôtres. Le projet politique alternatif de la décroissance, l'action directe contre les machines ou encore le retour à une véritable culture humaniste nous donnent-il un but pour lequel nous pourrions nous battre ?
Interventions :
1. L'Anthropocène, ou les dégâts du progrès, par Jean-Baptiste Fressoz
2. Une (brève) histoire de la technocritique, par François Jarrige
3. Les imaginaires de l'innovation technique, par Alain Gras
4. Les effets et les méfaits du techno-capitalisme, par Paul Jorion
Au quotidien, nos échanges numériques et nos comportements de consommateurs sont enregistrés, mesurés, calculés afin de construire des profils qui s'achètent et se vendent. Des débuts de la cybernétique aux big data, la surveillance a constitué un levier économique autant qu'idéologique.
Dans cette intervention, Christophe Masutti retrace l'histoire technique et culturelle de soixante années de controverses, de discours, de réalisations ou d'échecs. Ce retour aux sources offre un éclairage passionnant sur le capitalisme de surveillance et sur le rôle joué par le marketing dans l'informatisation de la société. Il décrit la part prise par les révolutions informatiques et le marché des données dans les transformations sociales et politiques.
La réunification de l'Allemagne, un des plus beaux succès de l'Europe issue de la chute du mur de Berlin ? La réalité est bien différente. 25 ans après, la distance entre les deux parties de l'Allemagne continue à s'accentuer, malgré les transferts d'argent public du gouvernement fédéral et de l'Europe.
Fort d'une recherche scrupuleuse et des témoignages des principaux acteurs, Vladimiro Giacché montre comment la réunification a signifié la complète désindustrialisation de l'Allemagne de l'Est, la perte de millions de postes de travail, et une émigration vers l'ouest qui dépeuple des villes entières.
Le patrimoine économique du pays le plus prospère du bloc de l'Est a ainsi été dilapidé, spolié, saccagé, au prétexte d'une intégration à l'idéologie libérale dominante.
Après les ravages que cette même politique aveugle cause aux pays du Sud de l'Europe et au notre également, force est de constater que l'histoire de cette union qui divise parle également à notre présent.
À l'occasion du bicentenaire de la naissance de son auteur, Karl Marx, l'émission "Sortir du capitalisme" nous propose un guide d'entrée dans Le Capital, Livre 1. Ce livre demeure en effet une clé de compréhension fondamentale de notre société, plus d'un siècle et demi après son écriture.
Le rapport d'échange marchand, de travail, d'objets et/ou de services, point de départ du Livre 1 du Capital, est aujourd’hui encore notre forme dominante de socialisation, faite d’exploitation, d'aliénation et de contrainte impersonnelle.