Compléter le structuralisme marxien, qui a presque tout dit des structures sociales de la forme capitaliste du patronat et de l'enrôlement salarial, avec l'anthropologie spinoziste de la puissance et des passions offre l'occasion de reprendre à nouveaux frais les notions d'aliénation, d'exploitation et de domination que le capitalisme voudrait dissoudre dans les consentements du salariat joyeux.
Nous ne sommes plus à l’époque où Margaret Thatcher martelait : "there is no alternative !" Les deux invités se rejoignent dans la critique radicale du capitalisme et pensent que le monde peut fonctionner autrement.
En effet, il est aisé de trouver des auteurs qui suggèrent des réformes du système actuel, mais rares sont ceux qui proposent d’en sortir, comme le fait l'historien Jérôme Baschet, tout en donnant l’exemple d’une autre organisation sociétale possible qui a fait ses preuves depuis 20 ans, basée sur l’auto-organisation et l’abolition de l’Etat. Il s’agit de la rébellion zapatiste du Ciapas au Mexique qui a donné lieu à cette nouvelle forme sociale, où le "bien-vivre" et la qualité de vie ont remplacé la quantification marchande. Cette nouvelle forme du vivre ensemble se déroule sur un territoire grand comme la Belgique.
Anselm Jappe, philosophe, affirme que la crise que nous traversons n’est pas seulement économique, mais aussi anthropologique, écologique et énergétique et que nous risquons de nous auto-détruire. Sa critique du capitalisme est donc radicale : "Dans la société capitaliste, toute production ne sert qu’à transformer une somme d’argent dans une somme plus grande d’argent. La création d’argent est devenue la seule finalité de la vie sociale. Une telle société ne peut qu’être malheureuse."
Bienvenus à ceux qui osent penser le monde "autrement".
C'est en temps qu'analyste économique que Pierre Jovanovic présente la parution en français de l’ouvrage de Howard Bloom "Le génie du Capitalisme (le génie de la Bête) : une révision totale du capitalisme". Une approche différente -et déroutante- du fait social total qu'est le Capitalisme.
Emission du "Libre Journal des Auditeurs", animée par Didier Rochard.
Frédéric Lordon et Bernard Friot partagent l'ambition de créer une théorie politique et économique d'émancipation et de progrès social.
Leur échange permet d'étudier en profondeur la proposition du salaire à vie, défendu depuis de longues années par Bernard Friot comme un outil de dépassement du capitalisme, trouvant ses racines dans un certain nombre de pratiques déjà existantes qui doivent être radicalisées et généralisées.
L'émancipation passera forcément par la reconquête de la souveraineté populaire !
Après avoir surmonté en un siècle les deux séismes majeurs que furent le nazisme et le stalinisme, la civilisation occidentale, se trouve emportée par le libéralisme d'aujourd'hui, le néolibéralisme. Il en résulte une crise générale d'une nature inédite : politique, économique, écologique, morale, subjective, esthétique et intellectuelle.
Il n'y a cependant nulle fatalité dans cette troisième impasse historique en un siècle. Il convient en effet de reprendre les choses là où elles ont été interrompues par le triomphe de cette religion immanente et matérialiste qu'on appelle le "divin Marché". Laquelle fonctionne, comme toute religion, sur une promesse : le salut par l'augmentation sans fin de la richesse. Fuite en avant qui mène tout droit à la dévastation du monde.
Pour obvier à ce sort, il faut en revenir au cœur de la civilisation occidentale afin d'y trouver les principes nécessaires à la refondation de notre monde. Cette civilisation possède les sources et les ressources nécessaires à sa Renaissance pour peu qu'on se donne un droit d'inventaire sur les deux sources du grand récit occidental :
- le récit monothéiste, que les Latins tenaient de Jérusalem, pour lui faire admettre une seconde fois la dignité de l'homme et de la femme
- le récit du Logos, venu des Grecs et d'Athènes en particulier, en visant à le débarrasser de l'exclusion qu'il prononçait à l'encontre de certaines catégories de citoyens voués à l'entretien des maîtres.
L'enjeu, c'est tout simplement la perspective d'une nouvelle Renaissance
L’Union européenne (UE) est un processus tout à fait particulier d’intégration d’États européens dans un ensemble sui generis et situé entre l’organisation internationale et la fédération supranationale. Parmi les différents systèmes régionaux existants dans le monde, l’UE est celui qui a poussé le plus loin l’intégration des États puisqu’à l’union douanière, économique et monétaire s’ajoutent les plans politique, juridique et de défense. Son aire d’épanchement ne semble pas connaître de limite identitaire car des six pays fondateurs d’Europe occidentale on est passé à l’élargissement d’une organisation de bientôt plus d’une trentaine d’États, aujourd’hui 28 avec l’adhésion récente de la Croatie, dont les limites approchent les frontières de l’Europe continentale, et pourraient même les dépasser avec l’intégration de la Turquie.
Les défis adressés à l’UE sont d’une telle importance qu’ils interpellent tous, quel qu’en soit l’aspect, son mode de fonctionnement. Or, celui-ci apparaît de plus en plus limité et inadapté.
Cependant, la rhétorique du "toujours plus d’Europe" ressassée depuis des décennies ne correspond plus aux défis colossaux et menaçants auxquels doit répondre l’UE. La "fédération politique", "l’union politique" qu’elle appelle de ses voeux sont autant de tentatives de réponses aux conséquences et non aux causes de la crise.
Malgré l’extrême ingéniosité de toutes ces propositions, le meccano institutionnel qu’elles suggèrent est évidemment loin d’être une réponse proportionnée à la crise systémique dont souffre l’UE. Car l’échec est ontologique et un saut qualitatif vers une fédération politique n’apparaîtrait que comme un prolongement du processus d’intégration accéléré depuis 2010.
En effet, si le processus d’intégration est arrivé à son quasi-achèvement, à quoi bon continuer dans la voie ayant mené à l’échec ?
Afin de comprendre la logique institutionnelle de l'UE, Chritophe Reveillard nous en expose le coeur anglo-saxon qui préside à son évolution.
Dans leur livre commun, Jacques Julliard et Jean-Claude Michéa partent d’un point de désaccord : la gauche s’est-elle déconnectée du peuple, ou n’a-t-elle en réalité fait avec lui que des alliances de circonstances ?
A l’heure où la gauche se divise, sanctionne ses députés frondeurs, et se cherche une nouvelle identité en lançant ses Etats généraux, leurs sujets d’étude sont en tous cas d’actualité.
Alors, sommes-nous en train d’assister à la mort de la gauche, ou à la mort du socialisme, ou même des deux ? Comment nos dirigeants peuvent-ils retrouver la confiance du peuple ? Mais finalement, qu’est-ce que le "peuple" et qui le représente encore aujourd’hui ?
A une époque les forces politiques en présence représentent les deux faces de la même médaille libérale, le penseur Dominique Pagani nous permet de comprendre la dynamique qui nous a amené jusque-là.
Ami proche et collaborateur de Michel Clouscard, grand connaisseur des philosophies de Rousseau, Hegel et Marx, il se révèle aussi un commentateur pertinent de l’actualité la plus brûlante.
Il nous montre également que la philosophie de Rousseau est un projet de liberté et d’émancipation qui passe par une théorie et une pratique politique. Rousseau, c’est un monde qui commence, une dialectique qui synthétise son siècle pour le dépasser.
Enfin, l'évocation de l'oeuvre de Clouscard nous rappelle son actualité. Le capitalisme de la séduction, la contre-révolution libérale-libertaire de mai 68, la société dite "de consommation" : autant de concepts qui nous arment pour comprendre notre temps et combattre les impostures.