C'est avec son regard radical et critique que Francis Cousin commente l'actualité du mois de juillet 2019. L'occasion d'aller au-delà de l'écume des choses pour comprendre les logiques profondes qui meuvent notre monde.
- 0'01'25 : introduction : comment traiter l'actualité
- 0'09'59 : le 14 juillet
- 0'30'42 : l'ingénierie sociale
- 0'40'56 : mystifications omniprésentes
- 1'00'03 : CETA, Mercosur
- 1'06'44 : Vincent Lambert
- 1'17'28 : émancipation contre restructuration
- 1'24'01 : guerres, cycles du capital, phagocytose
- 1'35'12 : endettement, finance
- 1'47'20 : médias, affaires politiques
- 1'54'07 : crack bancaire, guerre civile
- 2'09'12 : Dieudonné, Alain Soral
- 2'14'47 : l'affaire Chouard
- 2'15'44 : lire Marx, se tenir debout
C'est à partir de l'analyse matérialiste de Daniel Guérin développée dans Fascisme et grand capital (Libertalia, 2013) qu'est proposée une théorie critique du fascisme italien et du nazisme allemand dans leurs caractéristiques communes et leurs rapports au grand capital et à la classe ouvrière.
Charles Jacquier, historien et éditeur du livre, revient sur ces liens complexes qui s'expliquent d'abord pour des motifs de crise des profits davantage que de menace révolutionnaire et nous rappelle quelle fut la réaction des partis de gauche et des syndicats face à la montée de ces périls politiques.
Émission "Sortir du capitalisme", animée par Armel Campagne.
Faut-il y voir un lien de cause à effet ? Le peu de visibilité médiatique de Serge Latouche et Jean-Baptiste Fressoz n'a d'égal que la pertinence de leurs travaux pour répondre aux grandes questions de notre époque : le dérèglement climatique, l'épuisement des ressources, la frustration et l'assèchement grandissants que nourrit notre système de société. Le premier est l’auteur de L'Âge des limites ou Petit traité de la décroissance, tandis que le second est co-auteur de L'Evénement Anthropocène et auteur de L'Apocalypse joyeuse.
Loin d'un fatalisme désabusé face aux défis vertigineux qui se présentent à nous, nous pouvons nous appuyer sur leurs constats lucides pour transformer notre société et, surtout, vivre mieux.
Une rencontre organisée par le journal "La Gazelle".
Quels sont les liens étroits et anciens entre la face politique et la face économique de la démocratie ? Comment la démocratie pose-t-elle la règle de la répartition des richesses ? Comment le droit social peut-il être ancré dans une représentation partagée de la justice ? Quels sont les dispositifs qui ont pu exprimer l'idée de démocratie économique à l'âge industriel ? Et comment cette démocratie économique a-t-elle finalement reflué sous l'effet du tournant néolibéral ?
Après avoir montré les effets du recul du gouvernement par les lois et la résurgence de nouvelles figures de l'allégeance au sein de l'ordre juridique, le juriste Alain Supiot entend mener une réflexion sur le concept, l'histoire et la pratique de la démocratie économique entendue comme l'ancrage du droit social dans une représentation partagée de la justice.
Car le problème principal qui se pose aujourd'hui est de ré-encastrer (Karl Polanyi) les marchés dans la société et de cesser de réduire la vie humaine à la vie économique, et la vie économique à l'économie de marché...
Michel Drac, analyste politique et prospectiviste bien connu, se penche ici sur différentes questions de société. De la philosophie politique aux problèmes de psychologie sociale, comprendre les visions du monde et les habitus qui structurent des collectifs où certaines minorités actives doit nous permettre d'avoir une compréhension plus fine de la marche du monde.
Ce travail est mené par la lecture de plusieurs livres dont les contenus sont ici exposés clairement.
Analyste politique et prospectiviste, Michel Drac nous présente ses travaux les plus récents sur la crise du capitalisme et le bouleversement des prix. En effet, le fonctionnement actuel des différentes banques centrales entraîne des changements sévères sur les marchés, censés fonctionner dans une logique libérale et concurrentielle. Mais est-ce encore le cas ?
Michel Drac dresse une analyse inédite, performante et percutante, nous interrogeant sur l'état du système économique mondial.
Silvia Federici, historienne et philosophe féministe, s'est fait connaître en France avec le grand succès d'un livre traduit en 2014, Caliban et la sorcière.
Femmes, corps et accumulation primitive. L'ouvrage souligne le rôle central pour l'essor du capitalisme joué par deux formes de travail gratuit, massives et occultées : le travail des esclaves ou des indigènes exploités aux colonies, celui des femmes dans les foyers des métropoles européennes.
Les chasses aux sorcières de la fin du Moyen Âge et de l'époque moderne peuvent être interprétées comme des moyens de neutraliser les modes d'organisation et de production communautaires qui reposaient sur l'action des femmes et n'étaient pas adaptés à l'exploitation capitaliste. En ce sens, les bûchers européens étaient les pendants de l'oppression coloniale.
Le nouveau livre de Silvia Federici, Le Capitalisme patriarcal (2019), poursuit l'histoire de la fonction de "reproduction" pour la période des XIXe-XXe siècle. En insistant tout particulièrement sur un changement majeur engagé à partir des années 1870 environ : avec les lois sociales, les femmes et les enfants sont exclus des usines (où la première révolution industrielle les avait exploités avec une intensité maximale comme les hommes) et l'augmentation des salaires masculins complète un dispositif par lequel les détenteurs du capital assurent une meilleure reproduction de la force de travail.
Ce nouveau compromis salarial place les femmes, chargées d'un travail de reproduction invisible mais crucial, dans la dépendance des maris salariés. Lesquels sont comme des relais de l'État capitaliste à l'intérieur de la sphère domestique.
La mise en évidence du travail de reproduction, créateur de valeur sociale (et non directement marchande), permet à Silvia Federici de penser le développement du capitalisme non comme une révolution progressiste, étape nécessaire vers la maîtrise de la nature par l'industrie mais comme une contre-révolution opposée au développement du communalisme, c'est-à-dire d'organisations horizontales qui prenaient le pas sur le féodalisme à la fin du Moyen Âge.
Cette nouvelle vision du passé va de pair avec une stratégie pour le présent : face à la nouvelle accumulation primitive lancée par le néolibéralisme depuis la fin des années 70, la réponse réside dans la défense de relations et de modes de productions communautaires, qui intègrent la fonction de reproduction et, avec elle, celle de défense de la nature.
Émission "La grande H.", animée par Julien Théry.
Après la deuxième guerre mondiale débutent les Trente glorieuses, caractérisées par une croissance industrielle soutenue, par l'amélioration continue du niveau de vie des salariés et par la densification de la classe moyenne. C'est ce qu'on appelle le système fordiste caractérisé par la production et la consommation de masse ainsi que l'État-providence.
Les Trente glorieuses ont scellé un compromis temporaire entre la classe moyenne, essentiellement salariée, et le capital industriel. La coïncidence géographique de la production et de la consommation au Nord engendrait un cercle vertueux conduisant à un développement relativement autocentré.
Mais à partir des années 70, le capitalisme se financiarise et la production industrielle est relocalisée principalement sur le continent asiatique qui dispose d'une main d'œuvre à très bas salaires. Et si la désindustrialisation frappe les pays du Nord, elle touche également les pays du Sud qui avaient, dans le cadre du nationalisme–clientéliste, adopté des stratégies d'industrialisation par substitution des importations.
Alors, pourquoi un tel changement ? Comment le néolibéralisme s'est-il imposé comme le dogme économique de notre temps ?