Nombre de sociologues et d'historiens de l'art ont constaté que notre époque se caractérise par une esthétisation généralisée des modes de vie. Ce n'est plus seulement le domaine de l'art qui est concerné, mais celui de la vie tout entière, même en ses aspects les plus ordinaires et marchands.
Cette esthétisation des existences prend souvent l'aspect non de la production d'objets, mais de celle d'expériences, et en particulier d'expériences atmosphériques. Les ambiances jouent ainsi un grand rôle non seulement dans les dispositifs esthétiques, mais dans toutes les formes urbaines, sociales, politiques, économiques.
L'écrivain et philosophe Bruce Bégout interroge cette notion d'ambiance dans cette perspective d'esthétique généralisée et prend pour point d'appui l'oeuvre singulière d'Yves Klein qui, au milieu des années cinquante, anticipe cette atmosphérisation de l'expérience et des situations.
Née à Marseille en 1955, Nathalie Heinich est sociologue et directeur de recherche au CNRS. Titulaire d'un doctorat de l'EHESS consacré à l'histoire sociale de la notion d'artiste (1981), elle s'est spécialisée dans la sociologie des professions artistiques et des pratiques culturelles tout en développant une réflexion sur les crises d'identité, l'épistémologie des sciences sociales et la sociologie des valeurs qu'elle a fait connâitre au travers de la publication d'une trentaine d'ouvrages et de nombreux articles dans des revues scientifiques ou culturelles.
Cette vie de recherche se trouve résumée dans son récent ouvrage Des valeurs. Aux fondements de nos jugements et de nos opinions dont elle nous entretient ici.
Une conférence animée par Sylviane Dupuis.
Professeur émérite, Gérard Conio est spécialiste de littérature russe. Ses inlassables efforts de traduction, d'édition et son implication dans l'organisation de nombreuses expositions ont permit au public francophone de mieux comprendre la production artistique et littéraire en Russie et sous le régime soviétique, notamment le mouvement nihiliste qui joua un grand rôle dans l'évolution intellectuelle de ce pays et dont les soubassement philosophiques résonnent beaucoup avec notre époque contemporaine.
Émission du "Libre Journal d'Aude de Kerros".
L'histoire de l'image ne peut être dissociée de l'Histoire de l'Église car à travers les siècles, les artistes y ont principalement célébré le mystère de l'Incarnation.
Le philosophe Olivier Rey analyse cette histoire et s'interroge sur la profusion actuelle d'images qui, au lieu de pointer vers le divin, tendent désormais à faire écran avec les réalités qui nous sont les plus immédiates.
Émission "Dialogue", animée par Sarah Brunel.
Accompagnée de divers spécialistes reconnus, la philosophe Blandine Kriegel nous propose de parcourir les grands auteurs de la philosophie qui ont fait l'histoire de cette discipline et continuent à être d'actualité, de l'Antiquité à nos jours.
L'occasion pour un large public d'être informé de l'évolution de la philosophie et de participer de plein droit à sa réflexion à partir de la lecture préalable d'un texte philosophique.
Rock et justice : un couple improbable. Et pourtant, les musiciens ont souvent eu affaire aux tribunaux. On y arbitre les relations tumultueuses entre musiciens, imprésarios et labels qui tournent souvent à l'avantage des producteurs et autres agents exploitant allègrement les artistes. On y organise les ruptures au sein des groupes, face aux haines qui naissent et aux séparations houleuses. Il y est aussi question de faits divers, de drogue, de sexe, de ces affaires qui font la joie des médias. Sans oublier ces petits arrangements avec la loi que s'accordent des artistes entendant suivre leurs propres règles.
Car, par sa vision transgressive, subversive, son jeu perpétuel avec les codes et les limites, le rock met à l'épreuve la société et ses institutions. Spécialiste des ces affaires, avocat et chroniqueur, Fabrice Epstein nous raconte une histoire judiciaire du Rock and Roll des années 50 à nos jours, entre petites affaires et grands scandales.
Émission "Interdit d'interdire", animée par Frédéric Taddeï.
Dans les années 1930 en France, tandis que le Paris populaire résonne des bals musette déroulés par des accordéonistes italiens accompagnés de guitaristes manouches, le jazz s'impose. Venu des États-Unis, le swing s'y décline de manière typique, grâce à l'inventivité d'une poignée de musiciens manouches, guitaristes virtuoses.
Souvent résumé au seul Django Reinhardt (1910-1953), ce style est également marqué par la production d'une fratrie de Gitans, les Ferret : Baro, Sarane, et Matelo.
Émission "Juke-Box", animée par Amaury Chardeau.
Il ne fait aujourd'hui plus aucun doute que l’art contemporain, depuis les débuts de la Guerre froide, participe à l'hégémonie du soft power américain. Initialement voulu comme une réponse à l'Internationale communiste, les Américains ont forgé un art planétaire ayant réussi le prodige d'accueillir dans son giron les avant-gardes européenne et russe.
Le conceptualisme d'un Duchamp a été le socle à partir duquel va s'ériger un art contemporain international qui serait le pendant d'une dématérialisation de la valeur propre à l'économie capitaliste : "L'art et la monnaie vont devenir progressivement des valeurs strictement scripturales, financières, conceptuelles."
À la globalisation économique correspondrait une globalisation culturelle ; la géographie de l’art contemporain correspondant en grande partie à celle du pétrole et des grandes places financières.
Mais contrairement à sa consœur, Aude de Kerros parie davantage sur l’échec de cet art global dont le journalisme d'art ferait la promotion, pour miser sur le renouveau d'arts plus locaux ou civilisationnels tels que ceux de la Chine ou du Japon.
Émission du "Libre Journal de la crise", animée par Laurent Artur du Plessis.