Il existe bien un antisémitisme en France aujourd’hui : les néo-nazis, les négationnistes, les nostalgiques du pétainisme... pas grand monde, et sans grande influence.
Mais quand on fait état d’une "montée" de l’antisémitisme, c’est pour stigmatiser la jeunesse des quartiers populaires, les arabes et les noirs, qui ne sont pas antisémites : ils sont solidaires des palestiniens opprimés, ce qui n’est pas la même chose.
Cet entretien explore les motifs et les méthodes de ceux qui cultivent et exploitent cet amalgame pervers.
Si la sortie de Pierre Drieu la Rochelle (1893-1945) en Pléiade ravive des débats politiques et idéologiques liés à sa Collaboration et à son antisémitisme, elle permet également de faire retour à une oeuvre littéraire singulière, marquée par l'expérience de la guerre totale, la première et supposée "der des der", qu'il vécut au Front (Verdun, Dardanelles), à celle d'une entre-deux-guerre endiablée dont il accompagna, côtoyant les Surréalistes puis rejoignant la mouvances fasciste, l'effervescence et les impasses, laissant derrière lui une longue déploration, hérissée de satires sociales, de désenchantement métaphysique et d'errance intérieure. Un périple gâché et épanouit par son suicide au gaz, le 15 mars 1945. Ne sont pas oubliés les films inspirés par son oeuvre : Louis Malle, Jonathan Trier.
Le personnage et l'oeuvre d'Albert Lewin sont ensuite abordées, à la suite de la sortie de "Pandora", "Bel-ami" et "Le Portrait de Dorian Gray" en DVD. Lewin, gourmet de culture et d'avant-gardisme artistique s'attacha à peindre, au sens fort d'un cinéma hanté par legeste pictural, des figures d'être marquées par la mort : Pandora et le Hollandais volant, à qui il donna les traits d'Ava Gardner et de James Mason ; Bel-ami qu'il fit jouer à George Sanders ; Dorian Gray qui prit, grâce à lui, les traits glaçants de l'acteur Hurd Hatfield.