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Partout en Europe, les partis sociaux-démocrates ne semblent concevoir leur avenir que dans une stratégie de validation des politiques de droite. En ce sens, l'exemple anglais nous donne à voir une mutation "chimiquement pure".
Le 4 juillet 2024, le Parti travailliste remporte une victoire éclatante aux élections nationales, obtenant l'une des plus larges majorités de l'histoire du Royaume-Uni. Keir Starmer a réussi son pari de ramener le Labour au pouvoir après 14 ans d'opposition. Sa stratégie de recentrage du parti vers des positions plus modérées et sa détermination à résoudre les dissensions internes semblent avoir porté leurs fruits.
Mais derrière cette image de compétence et de sérieux se cache une tout autre réalité. Celle d'un homme qui se sera d'abord présenté comme l'héritier d'une gauche progressiste, avant d'abandonner la quasi-totalité de ses engagements pris lors de son élection à la tête du parti. Un leader intransigeant envers ses propres troupes, qui n'aura pas hésité à expulser brutalement les voix s'écartant de sa ligne. Une politique présentée comme pragmatique mais qui semble surtout se caractériser par une continuité surprenante avec les orientations des gouvernements conservateurs précédents.
Est-ce vraiment pour cela que les électeurs ont voté ? C'est pour comprendre les paradoxes de ce succès que Cyril Richert propose de se plonger dans l'analyse des transformations de la gauche britannique sous la direction de Keir Starmer durant les années qui l'ont conduit au pouvoir.


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Céline devient célèbre à 38 ans avec son premier livre paru en 1932, Le Voyage au bout de la nuit, qui raconte le voyage en Amérique d'un personnage indigné contre la civilisation matérielle du XXᵉ siècle. En 1936 paraît Mort à crédit qui rencontre le même succès, le livre raconte l'enfance du personnage de son premier ouvrage, se rappelant ses jeunes années. Mais, est-ce qu'on peut aimer un écrivain en oubliant quel homme il a été un moment, et en oubliant certains de ses livres ?
Les obsessions antisémites de Céline furent inouïes, au point que, quinze ans après la Seconde Guerre mondiale, sa mort était devenue un sujet sensible. Cela dit, enterrer Louis-Ferdinand Céline fut aussi un soulagement. Un précurseur sans aucun doute, et un immense écrivain. Mais Céline fut aussi une fausse victime, une âme pathétique au service des passions tristes, un homme plus que gênant, un esprit venimeux.
En août 2021, 60 ans après sa mort, le spectre de Louis-Ferdinand Céline a resurgi des décombres. 6000 inédits, dont trois romans ont refait surface plus de 75 ans après leur mystérieuse disparition à Paris en août 1944. C'est sûrement l'une des découvertes les plus extraordinaires de l'histoire de la littérature en Europe. Si quelques zones d'ombre subsistent quant aux chemins empruntés par ces manuscrits inédits pour arriver jusqu'à nous, le véritable sujet est ailleurs.
Depuis le retour de Louis-Ferdinand Céline en librairie en mai 2022, le succès des ventes est immense et nous confronte à une interrogation : quelle place occupe le sulfureux écrivain dans notre mémoire collective ? Styliste de génie et esprit fracassé par les atrocités de la Première Guerre mondiale, Louis Destouches, alias Céline, n'en demeure pas moins un antisémite virulent et radical, raciste et pronazi patenté, qui a œuvré à la faillite morale et politique du régime de Vichy français. Céline, à lui tout seul, questionne la responsabilité de l'écrivain dans la société. Existe-t-il deux Céline, l'homme de lettres et l'homme de la cité ? Les deux sont-ils dissociables ?
Et si l'on aborde régulièrement Louis-Ferdinand Céline sous l'angle de la littérature, il convient ici de procéder un peu différemment en soumettant son destin au regard des historiens et en replaçant Louis Destouches dans le contexte de son époque afin d'essayer de comprendre ce qu'il incarne dans la société française d'hier et d'aujourd'hui.
Une série d'émissions proposée par Philippe Collin.


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Dans la rhétorique du choc des civilisations qui servait hier à justifier la mal nommée "guerre contre le terrorisme" et aujourd'hui la répression génocidaire à Gaza, un concept se trouve depuis une quarantaine d'années mobilisé : celui de la "civilisation judéo-chrétienne". Ce contre-sens historique est porté aujourd'hui en étendard par les droites extrêmes et les extrêmes droites occidentales, de Bruno Retailleau jusqu'à Benyamin Nétanyahou.
À quoi renvoie au juste ce concept ? Que signifie cette appropriation récente par la culture européenne et nord-américaine de la judéité, après une histoire pluriséculaire de pogroms anti-juifs sur le Vieux continent ? Quels en sont les mécanismes ? Et contre quels nouveaux ennemis de l’Occident ce doublon est-il mobilisé ?
- 0'00'00 : étrange histoire, étrange géographie
- 0'07'37 : anti-judaïsme
- 0'14'14 : antisémitisme
- 0'18'30 : nazisme
- 0'21'58 : une invention orientale
- 0'24'22 : sionisme, nationalismes
- 0'31'09 : moment Eichmann
- 0'36'44 : l'Europe se restaure une innocence
- 0'41'48 : "Innocence ontologique"
- 0'48'36 : colonialisme
- 0'55'56 : monde Arabe
- 1'03'38 : sionisme chrétien
- 1'08'25 : diaspora
- 1'13'40 : et l'extrême droite ?
Émission "HorizonsXXI", animée par Sarra Grira.


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Née à Fès en 1961, au sein d'une famille qui quitta le Maroc pour la France durant son enfance, Eva Illouz est aujourd'hui sociologue et directrice d'études à l'EHESS, après avoir enseigné notamment à l'université hébraïque de Jérusalem et à Princeton.
Chercheuse reconnue pour ses travaux sur les émotions et la condition amoureuse, ses livres sont traduits dans une vingtaine de langues. Engagée à gauche en Israël, où elle a longtemps vécu et où elle garde des attaches profondes, elle constate avec effroi la faillite de la gauche française à nommer et à dénoncer les massacres du 7 octobre, et en analyse les causes et les effets.
Quand les Lumières et leurs vertus ont été rejetées, l'antisionisme devient la seule vertu capable de rassembler ceux qui ont tout déconstruit.
Un entretien mené par Stéphane Bou.


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En commémoration de l'expulsion forcée d'environ 750'000 Palestiniens en 1947-1948 (la Nakba), il est important de revenir aux racines du "conflit israélo-palestinien", de la création de l'Etat d’Israël jusqu'au massacre à Gaza, en mettant en lumière le phénomène le plus important permettant d'expliquer cet état de fait : la colonisation de peuplement.
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Titulaire d'une thèse de doctorat en langue et littérature françaises sur l'oeuvre de Proudhon d'un point de vue littéraire, Alain Delannoy nous emmène explorer l'œuvre majeure du philosophe socialiste français Système des contradictions économiques qui permet de comprendre ses positions sur le capital, l'État et la justice sociale.
L'occasion de plonger dans les débats sur l'héritage proudhonien, son conflit avec Marx et les nombreuses incompréhensions qui s'en sont suivies quant au sens de sa pensée.
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Dans un contexte de montée de l'antisémitisme en France, de guerre coloniale à Gaza, et plus récemment de polémique sur le caractère antisémite des violences à Amsterdam en novembre 2024, cette émission vise à poser les jalons d'une articulation entre montée de l'antisémitisme et violence coloniale en Palestine, d'une part, et entre lutte contre l'antisémitisme et lutte contre le colonialisme israélien, d'autre part.


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Dans cette série d'entretiens, Alain Policar déconstruit l'usage galvaudé du terme "wokisme", en revenant notamment sur la manière dont ce concept est instrumentalisé dans les débats publics, souvent au détriment des véritables enjeux sociaux et politiques.
Son analyse critique et rigoureuse permet un examen des polémiques autour du "politiquement correct" et des mouvements de justice sociale en fournissant des perspectives éclairantes et nuancées.