Cette émission en deux partie commence par tracer le portrait d'un homme politique majeure de la IIIe République, esprit original et visionnaire, tombé dans l'oubli. Maxime Tandonnet revient sur le parcours politique d'André Tardieu qui dirigea plusieurs gouvernements entre novembre 1929 et mai 1932 et qui, incapable de mener à bien les réformes qu'il estimait nécessaires pour la France face aux périls d'alors, rédigea l'essai Le souverain captif, plus que jamais d'actualité.
La deuxième partie est consacrée au mouvement d'Action française de l'entre-deux-guerres qui eu la particularité de s'opposer radicalement à la fois au "germanisme" et au national-socialisme. Cette vision maurrassienne du nazisme est ce que nous propose de découvrir Michel Grunewald, nourrie des leçons de Fichte prodiguées à la "nation allemande" à l'heure de la domination napoléonienne.
Émission du "Libre Journal des débats", animée par Charles de Meyer.
Louis-Ferdinand Céline demeure un hapax dans notre littérature et notre culture nationale. Plus de cinquante ans après sa mort, il hante et divise toujours les esprits. Il est ce créateur antisémite, cet artiste collaborationniste, qui a révolutionné la langue avec Voyage au bout de la nuit et mis sa plume au service de l'abjection dans Bagatelles pour un massacre. Céline emporte, dégoûte, fascine et scandalise.
En 2011, il est retiré de la liste des célébrations nationales. En 2017, le projet de publication de ses pamphlets chez Gallimard est suspendu. Entre le génie et le salaud, l'homme et son œuvre, où sont les frontières ?
Cette grande traversée propose d’aller jusqu'au fond de la nuit, là où comme Céline l'écrit "tout est trouble, équivoque, avant de verser dans le noir".
Une série documentaire produite par Christine Lecerf et réalisée par Franck Lilin.
"C'en était fait de l'idylle entre François-Marie Arouet et moi : Adieu Zadig, adieu Candide, adieu Micromegas ! Mon ancienne admiration je l'assigne à résidence en mes plus noirs souterrains, chargée de fers. Les ricanements squelettiques venus du tréfonds de mes oubliettes me laisseront de marbre. Je resterai inflexible sur ma plus haute tour de guet antisémite. Au loin, de sombres lueurs rougeoient les murs du château de Ferney, comme s'il était un Four crématoire champêtre, du sang suinte de ses murs sous les doigts crochus du lierre, le Zyclon sue par ses fentes et ses fissures, et les bougies des grands candélabres que l'on aperçoit l'été par les croisées ouvertes, exsudent une abjecte odeur de suif."
Telle sera la condamnation sans appel que la Révélation de l'antisémitisme de Voltaire fera prononcer par Félix Niesche qui, naguère encore, louait l'élégance, la finesse et l'ironie d'une œuvre qu'il jugeait irremplaçable pour combattre l'imbécilité, la platitude, la vulgarité irrationnelle de nos temps. Mais l'antisémitisme de Voltaire passe la mesure !
La plupart de ses œuvres en sont remplies, le Dictionnaire philosophique croule littéralement sous un flot d'antisémitisme continu. Voltaire n'est pas un peu antijuif sur les bords, antijudaïque par-dessus le marché, mais il est ontologiquement, radicalement antisémite, au sens moderne du mot. Dans l'Essai sur les mœurs, il déplore que les Juifs "furent punis, mais moins qu'ils ne le méritaient, puisqu'ils subsistent encore". Donc un authentique regret qu'il n'y eût point une Shoah avant la lettre.
C’est ce Voltaire interdit que nous découvrons ici.
Émission "Pourquoi tant de haine ?", animée par Monsieur K.
Axel Tisserand nous présente le coeur de l'oeuvre de Charles Maurras : sa philosophie de l'homme et de la cité. Il aborde les problèmes contemporains en montrant comment l'anthropologie politique de Maurras, nourrie des principes aristotélo-thomistes, peut permettre de discerner les impasses de notre temps (transhumanisme, gender, relation de l'homme et de la femme), et de les surmonter.
Charles Maurras - le "scribe consciencieux" et le "guetteur mélancolique" a mis au point cette vision de l'être fini (et donc ouvert à la transcendance) et sait bien que le mépris de la finitude mène, à terme, à l'autodestruction au nom de la liberté, de l'égalité et de la fraternité.
Une vision qui doit permettre aux jeunes esprits, amoureux de la vérité et avides de servir le bien commun, égarés dans ce monde, d'avoir une nourriture à leur faim.
Émission "Le monde de la philosophie", animée par Rémi Soulié.
À l'occasion des 80 ans du déclenchement d'un conflit mondial qui permit au nazisme d'exterminer deux tiers des juifs d'Europe, cette série de deux émissions retrace, dans un premier temps, l'histoire du processus de destruction des juifs d'Europe à partir de l'ouvrage du même nom de Raoul Hilberg, et revient dans un second temps sur les origines de cette extermination : ses causes lointaines (notamment l'antisémitisme) et immédiates, sa spécificité et sa comparaison avec d'autres crimes de masse.
En effet, cette question a nourri d'innombrables débats entre historiens où les intentionnalistes, pour qui le génocide a été prévu et planifié, s'opposent aux fonctionnalistes, qui tentent de montrer que ce fut plutôt le fruit des circonstances.
Émission "Sortir du capitalisme", animée par Armel Campagne.
Alain Finkielkraut est l'un des intellectuels français les plus médiatiques, engagé dans le débat public depuis une trentaine d’années. Philosophe, essayiste prolifique, longtemps enseignant à Polytechnique, animateur depuis 1985 de l’émission Répliques sur France Culture, il est aussi membre de l'Académie française.
Venu de l'extrême gauche soixante-huitarde, Alain Finkielkraut est devenu le chantre de la défense de la culture française au point que certains le cataloguent comme conservateur, voire réactionnaire.
Echanges avec l'intéressé sur un parcours hors norme et une pensée foisonnante.
"7 conversations philosophiques" animées par François Huguenin.
"Pour qu'existe le socialisme dans un seul pays, il fallait priver les paysans du droit de semer et de vendre librement, et Staline n'hésita pas : il liquida des millions de paysans. Notre Hitler s'aperçut que des ennemis entravaient la marche de notre mouvement national et socialiste, et il décida de liquider des millions de Juifs."
Ce passage du roman Vie et destin de Vassili Grossman stupéfie les censeurs soviétiques de 1960. Rapporter les propos d'un dignitaire nazi qui démontre à un responsable bolchévique la gémellité de leurs régimes respectifs, cela dépasse l'entendement... Ce roman, s'il doit être édité un jour, ne le sera que dans 300 ans - tel est le verdict des plus hautes autorités qui ordonnent la confiscation du manuscrit. Une affaire insensée dont s'est rendu coupable un auteur considéré, jusque-là, comme un écrivain responsable !
Quel rapport y a-t-il en effet entre le Vassili Grossman auteur de Vie et destin et le Vassili Grossamn né en 1905, ancien ingénieur dans une mine puis dans une usine de crayons, bon écrivain soviétique, béni par Gorki, capable depuis 1934 de réussites dans des genres aussi différents que les récits sur la guerre civile, les romans "industriels", l'épopée ouvriériste, le théâtre, les reportages de guerre et même la fresque historique sur la bataille de Stalingrad intitulée Pour une juste cause ?
Vassili Grossman est un "cas". Vingt ans après, Vie et destin, le roman maudit conçu comme la deuxième partie de Pour une juste cause, passe clandestinement en occident pour être publié en russe, en 1980, à Lausanne, à l'Age d'Homme. Très peu de temps après, il paraît en français, devient un best-seller international avant d'être édité en 1988, en URSS, en plein Pérestroïka. Belle revanche pour un auteur mort désespéré en 1964. Une fois de plus c'est Mikhaïl Boulgakov qui a raison : "les manuscrits ne brûlent pas". En Russie du moins.
La vie et l'oeuvre de cet "écrivain russe du destin juif", selon la belle expression de Simon Markish, permettront encore longtemps de comprendre le XXe siècle et ses horreurs. Mais sa "leçon des ténèbres" n'est pas qu'un chant funèbre comme en témoignent les carnets d'Ikonnikov de Vie et destin, le roman posthume Tout passe ou la nouvelle La Madonne sixtine... Autant que la beauté qui, selon Dostoïevski, devait sauver le monde, la bonté, nous dit Grossman, peut elle aussi accomplir ce miracle...
Émission "Une vie, une oeuvre", produite par Michel Parfenov.