Plutôt qu'une reconstitution linéaire de l'histoire de la philosophie, les interventions de Dominique Pagani portent surtout sur ce qui, à la faveur de la crise en cours, fait surgir la spécificité de l'interrogation philosophique en général, via ses concepts les plus récurrents.
La référence aux auteurs sert à illustrer les problématiques ainsi dégagées, autant que leurs effets transversaux dans les champs concernés : du poétique au politique, en passant par le religieux ou le scientifique.
Et alors que le séminaire en est à sa 3e année d'existence, l'intitulé de l'atelier, censé fixer le cap auquel il faut revenir par-delà chaque détour, subit une évolution. Celle-ci affecte moins son contenu que sa formulation : au lieu de la résonance historique du titre précédent ("Entre crise et guerre : philosopher ?"), il sera essayé d'affronter les mêmes périls selon une connotation plus mythologique...
Cette émission est consacrée aux liens complexes unissant croyances originelles de l’Europe –le paganisme en d’autres termes– et christianisme catholique depuis l’Antiquité romaine.
Pour traiter de cette question, Wilsdorf reçoit une universitaire, historienne médiéviste, qui sera appelée Mélusine et Clémentin Hautain des Editions du Rubicon.
Dominique Pagani, philosophe et musicologue, nous explique pourquoi la Grèce antique demeure le lieu d'origine de la philosophie.
Ce lieu n'est évidemment pas un horizon indépassable de la pensée mais demeure l'endroit d'où nous devons toujours partir pour nous aventurer ensuite ailleurs... Pour enfin y revenir ? Tel est la question.
Pour les nazis, la dénaturation de la culture est intervenue avec l’installation des Sémites en Grèce, l’introduction du judéo-christianisme dans l’évangélisation, puis avec les constructions idéologiques "absurdes" de la Révolution française.
Pour sauver la race nordique-germanique, il fallait opérer une "révolution culturelle". En réécrivant le droit, il devenait légal et moral de tuer.
Une conférence animée par Claire Mayot.
Le travail de Johann Chapoutot est parti d’un étonnement : celui suscité par les affirmations d’Alfred Rosenberg : "Les Grecs étaient un peuple du nord", ou celles d’Hitler pour qui il existait une "unité de race entre Grecs, Romains et Germains".
Soucieux de donner un passé glorieux à une Allemagne de surcroît humiliée, le Reich met en place la réécriture d’une Antiquité racialisée qui annexe la Méditerranée à la race nordique : cette référence antique racialisée offre dès lors aux nazis, malgré les oppositions vite réduites au silence, et grâce à l’étonnante démission intellectuelle des savants gagnés à la cause du national-socialisme, "l’opportunité de fabuler un discours des origines" .
Celui-ci sera largement orchestré par une multitude de vecteurs, une intense propagande. L’historien se retrouve au cœur du projet nazi : il s’agit de dominer non seulement le présent et l’avenir, mais aussi un passé réécrit et instrumentalisé.
Qu'est ce que le récentisme ? Ce mouvement, également appelé "nouvelle chronologie", remet en question la chronologie universellement admise des faits historiques et suscite parfois l’hostilité, parfois la curiosité du public et des spécialistes.
Mais le récentisme est-il crédible ? C'est pour traiter de cette épineuse question qu'un débat entre deux historiens nous est proposé.
En effet, Laurent Guyénot propose de ne pas fermer totalement la porte à cette théorie historique en prenant appui sur les incohérences chronologiques constatées par Fomenko et ses émules. Pour lui le récentisme est une vision sérieuse de l’histoire qui ne doit pas être rangée dans la catégorie des théories farfelues. Elle permet d'ouvrir des pistes de recherches, de nous interroger sur les modes de fabrication de l’histoire, et nous invite à un changement de paradigme, non seulement temporel (réévalution à la baisse de certaines datations cruciales) mais spatial (déplacement du centre de gravité de certains espaces géopolitiques).
L’historienne Claire Colombi, en s’appuyant sur la discipline historique telle qu’elle est pratiquée, va ensuite répondre point par point à son interlocuteur et mettre en exergue les impasses et les contradictions de cette théorie. Au-delà de cette réfutation, elle met en garde contre les atteintes portées à la vérité historique et les conséquences idéologiques qui pourraient en découler.
Au travers de l'héritage du droit romain, le droit naturel a eu une grande influence au moyen âge, comme nous le démontre Florence Gauthier.
Ce courant de pensée, qui est aussi une pratique juridique visant à arbitrer des conflits politiques, sera l'un des ferments des révolutions politiques modernes.
Une histoire souvent passée sous silence qui mérite d'être (re)découverte.
Une séance du séminaire "L'Esprit des Lumières et de la Révolution".
"La Grèce antique est la plus belle invention des temps modernes", écrivait Paul Valéry. Au cœur de cette invention réside une forme singulière d'organisation de la vie collective qui incarnerait la singularité de l'expérience grecque : la cité.
Yves Sintomer s'interroge sur l'utilisation qui a été faite de la cité (polis) comme objet théorique et figure imaginaire dans la pensée politique contemporaine.
Il est évidemment tout d’abord affaire de pratiques politiques : parce qu'elle reposerait sur la mise en commun des paroles dans un espace où des égaux discutent et décident librement ensemble, la polis antique offrirait, à en croire une partie de la philosophie politique contemporaine, des ressources précieuses pour penser notre présent politique.
Mais cette expérience politique est indissociable d’une manière spécifique de faire commun, faite de gestes, manières de percevoir, attitudes et comportements. En ce sens, la polis est aussi l'emblème d'une "forme de vie", dans laquelle se réaliserait une politique authentique.
Les implicites théoriques d'une telle conception de la cité, à l’œuvre aussi bien chez Castoriadis que dans les travaux récents des historiens de la cité classique, sont au cœur de cette intervention.