Il y a 2'500 ans, dans une Athènes où la démocratie, encore en devenir, est contestée par ceux qui ont tout mais n'ont pourtant jamais assez, un homme contribue à l'enraciner tout en devenant l'âme de la Résistance à l'invasion perse. Il s’appelle Thémistocle.
Clairvoyant et provocateur, maître dans l'art de la ruse, stratège d'exception et premier des "grands hommes" athéniens à sortir d'une famille obscure, il est à la fois l'artisan de la décisive victoire navale de Salamine, le promoteur de réformes démocratiques et celui qui va donner à Athènes, face à la militariste Sparte, les instruments de sa puissance et de son rayonnement pour le siècle qui suit.
Mais les peuples se fatiguent de ceux qui veulent les mener trop haut et ceux qui, à Athènes, entendent rétablir le pouvoir des "bien nés et bien nantis" n'auront de cesse de l'abattre. Ostracisé, proscrit, Thémistocle termine sa vie en exil… sans avoir jamais renoncé à prendre sa revanche.
À partir de textes antiques lacunaires, Olivier Delorme nous entraîne dans une Athènes où l'on ne recule devant aucun moyen pour assouvir ses passions et ses haines. De l'Assemblée du peuple au stade, du champ de bataille à Olympie, de l'antre de la Pythie de Delphes au banquet ou au théâtre, c'est toute une époque qui revit, celle où s'élabore le classicisme grec qui a donné ses fondements à notre civilisation.
Émission "Vendredi c'est PYR !", animée par Pierre-Yves Rougeyron.
Au Banquet du Savoir, il serait cuisinier, ou maître d'hôtel. Sur la scène de la pensée, c'est lui qui s'occuperait des lumières ; dans un musée, Lucien Jerphagnon serait guide, ou conservateur.
C'est en conteur, en aède, en historien de la pensée, narrateur vagabond du seul savoir qui ne progresse ni n'involue jamais, que ce grand professeur nous parle ici de Plotin...
Émission "Les Chemins de la philosophie", animée par Raphaël Enthoven.
Selon le document appelé Donation de Constantin, l'Empereur Constantin aurait fait don, au IVe siècle, de l'Empire à la Papauté, établissant ainsi pour des siècles le pouvoir temporel du Pape. Pourtant, cette Donation est un faux !
Cette supercherie, révélée en son temps par le grand humaniste Lorenzo Valla (1407-1457), nous est ici contée en détails par l'historien Baudouin Decharneux.
Dans son livre Philologie et Liberté, récemment traduit au éditions Delga, Luciano Canfora établit explicitement le lien entre l'analyse rigoureuse des textes –la philologie– et l'indépendance et la fierté intellectuelle, cette liberté de pensée qui est la grande réalisation de l'époque moderne.
En septembre 1943, Pie XII publie une encyclique, Divino afflante spiritu, pour proclamer que la critique des textes dits "sacrés" est une pratique légitime. Cette concession tardive a permis de "dédouaner" la plus subversive des disciplines, la philologie, et a autorisé les chercheurs à soumettre la "parole de Dieu" à une analyse critique. Mais le chemin vers ce document papal historique fut laborieux, dégoulinant de censure et de répression de la liberté de pensée.
À travers l'histoire fascinante des disciplines philologiques, des premiers spécialistes de l'Écriture Sainte qui ont osé soumettre des textes intouchables à Érasme de Rotterdam, Spinoza et Giordano Bruno, des obscurs copistes médiévaux qui ont sauvé les grands écrits de l'Antiquité aux philologues de l'époque moderne qui ont rétabli la vérité historique de l'écriture et de la tradition contre les mystifications idéologiques ou religieuses, Luciano Canfora montre comment la philologie est une pratique de la liberté intellectuelle, de l'indépendance de la recherche et du droit des hommes à la vérité contre tout obscurantisme.
Un livre ici présenté par son éditeur et traducteur Aymeric Monville ainsi que le professeur Luigi-Alberto Sanchi, helléniste reconnu.
"La pensée grecque" s'efforce de définir à la fois un parcours intellectuel et les catégories avec lesquelles Jean-Pierre Vernant pense le monde grec.
Car c'est sous la double influence de Louis Gernet, helléniste et sociologue, et d'Ignace Meyerson, fondateur de la psychologie historique que Jean-Pierre Vernant s'est efforcé de montrer quelles sont les catégories psychologiques dont on peut dégager la présence dans les textes et les images du monde grec archaïque et classique.
Un échange avec Françoise Frontisi, François Hartog et Pierre Vidal-Naquet.
L'alchimie est née dans l'Égypte romaine vers le IIIe siècle de l'ère chrétienne. Son développement historique en Occident, qui fait depuis quelques décennies l'objet de recherches sérieuses et méthodiques, est très éloigné des mythes propagés par les alchimistes eux-mêmes, dont l'une des caractéristiques est d'avoir construit une histoire fantaisiste de leur discipline.
Jean-Marc Mandosio, maître de conférences à l'École pratique des hautes études, historien des sciences et de la philosophie, nous dresse un état des lieux de la recherche historique sur la question.
Damien Bigini nous offre une belle synthèse qui remet à plat la nature des rapports entre le pouvoir impérial et la nouvelle religion chrétienne. L'alternance entre phases de persécution et phases de tolérance ou de bienveillance est clairement détaillée et la chronologie précisée.
Le vaste matériel sur lequel s'appuie le conférencier montre que la perception du christianisme par Rome est avant tout un fait religieux et relève en premier lieu de la "politique de l'État vers le divin".
Les empereurs, dans leur fonction de garants de la pax deorum, doivent composer avec les pressions d'une cour instable et hétérogène, avec les inquiétudes du Sénat, ou les explosions de colère de lointaines provinces. Tour à tour, ils se montrent prudents arbitres, persécuteurs contraints, bourreaux volontaires ou sympathisants.
Autant d’hommes et d'étapes qui composent une trame unique : celle de l'inévitable rapprochement entre les deux premiers vrais universalismes de l'Histoire.
Pourquoi l'alimentation est à l'origine des biens communs de l'humanité ? Comment les puissants, avec les rituels de la table et les politiques alimentaires, sont parvenus à construire l'(in)égalité des humains ? Qui, après avoir imposé au peuple de manger du pain, a voulu lui interdire les châtaignes et généraliser la pomme de terre ?
Au-delà des histoires sociale, religieuse ou culturelle de l'alimentation, Paul Ariès retrace son histoire politique, jamais traitée à ce jour. Une travail qui est le fruit de trente ans d'enseignement et de recherches, dans lequel il montre comment la table française reste largement tributaire des tables passées.