La pathologie typique de l’ancien mode d’institution était la névrose, l’intériorisation de l’interdit, la constitution de soi autour de l’autorépression.
La rançon caractéristique du nouveau, c’est l’impossible entrée dans la vie. Son trouble emblématique, ce n’est plus le déchirement intérieur, mais l’interminable chemin vers soi-même.
Dans cette conférence, Cornélius Castoriadis s'attache à un réexamen fondamental des bases de la pensée philosophique. Il retrouve et souligne les préceptes de la "pensée héritée", cette logique identitaire qui, depuis les Grecs, inspire la philosophie classique. D'où la proposition d'une "auto-institution" de la société qui laisserait cours, enfin, à l'imaginaire radical.
Fruit d'une analyse précise de l'histoire et des luttes sociales à l'heure de l'effondrement des repères traditionnels de la pensée, le travail de Castoriadis propose un point de départ pour penser à neuf le projet de transformation de la société.
Remarque : la conférence est présentée en bilingue français-portugais.
Retour sur les quatre "ontologies" que Philippe Descola définit dans son livre "Par delà nature et culture", qui sont quatre façons d’organiser la place des hommes dans la nature et leurs relations avec les autres vivants.
C'est toute la question : la crise écologique plonge-t-elle ses racines dans une vision toute occidentale du monde ? L’occident entretient-t-il un rapport particulier à la violence et à la démesure ? Le droit international est-il en mesure de surmonter les différences culturelles pour contribuer à résoudre les problèmes globaux ?
Autant de questions abordées dans cette superbe leçon d’anthropologie.
Intervention dans le cadre du colloque "Environnement et spiritualité : l'Occident doit-il se réinventer face à la crise écologique ?"
L’anthropologie du "tournant ontologique" occupe une place paradoxale dans le paysage des sciences de l’homme, entre d’un côté un paradigme "structuraliste" dont elle est l’héritière (avec ses présupposés conceptuels et ses conséquences méthodologiques) alors qu’elle en refuse le concept fondateur, celui de l’opposition nature et culture ; et d’un autre côté le nouveau paradigme "naturaliste", dont elle partage certaines des positions théoriques (notamment le refus de la frontière homme/animal — on a pu ainsi parler de son "tournant animaliste") alors qu’elle en refuse le fondement universaliste.
Cette position instable lui permet-elle de faire le pont entre les deux paradigmes qui se disputent actuellement le champ des sciences de l’homme ? Ou condamne-t-elle ses concepts, et notamment ceux de "nature" et de "culture", à une tension insurmontable entre universalisme et relativisme ?
Pour chaque enfant, c'est la famille conjugale qui est le lieu de l'humanisation. Les fonctions de la mère et du père restent différenciées et asymétriques même si, aujourd'hui, le mot de parentalité laisse souvent entendre le contraire : la mère est le premier autre, le père intervient en deuxième, et il s'agit pour lui d'inverser la prévalence naturelle donnée à la mère, non pas à son profit - comme le voulait souvent le patriarcat - mais au profit de l'inscription de l'enfant dans le langage, capacité qui définit notre espèce.
La parentalité est alors l'indice d'une défense inédite contre le sexuel. La société néolibérale du tout possible prétend se débarrasser de la dissymétrie entre père et mère. Elle ne s'aperçoit pas qu'elle rend ainsi plus difficile le travail d'humanisation que la génération du dessus assume à l'égard de celle qui suit.
S'en suivent des conséquences cliniques qui méritent d'être identifiées...
Pour beaucoup, le néo-libéralisme constitue le phénomène majeur de notre temps. C’est lui qui donnerait la clé de la crise économique et financière, des nouvelles formes de management, ou encore de la "privatisation du monde". Il est pourtant difficile d’y voir clair à travers cette notion. Le néo-libéralisme, est-ce le "laisser-faire" ou bien l’avènement d’un Etat fort au service de la concurrence ? S’agit-il d’un modèle hyper-individualiste et libertaire, ou bien d’un nouveau conservatisme normalisateur ?
Pour s’y retrouver, Serge Audier nous propose une généalogie internationale des idées néo-libérales depuis les années 1930, à travers ces moments que furent le Colloque Walter Lippmann (1938) et la Société du Mont Pèlerin (1947). Il montre comment la crise du libéralisme, après le krach de Wall Street, a entraîné des révisions et des réaffirmations doctrinales visant à sauver les idées libérales. Mais, loin de toute vision complotiste et linéaire, il soutient aussi que la redéfinition du libéralisme a fait l’objet de conflits féroces entre ceux que l’on appellera les "néolibéraux".
Sur cette base sont établies des distinctions historiques et conceptuelles entre des mouvements que l’on confond trop souvent : le conservatisme, le néoconservatisme, le libertarisme et le néolibéralisme.
Emission "La suite dans les idées".