Refus de la transmission, culte du désir, mort de la figure du Père : Mai 68 annonçait tous les maux qui gangrènent la société d’aujourd'hui. Reste à comprendre comment des cris de révolte sont devenus des diktats.
Patrick Buisson, historien, journaliste et conseiller spécial du président de la République Nicolas Sarkozy de 2008 à 2012, nous révèle les causes et les conséquences de cet évènement singulier de l'histoire de France, véritable ruse de l'histoire qui vit une poignée d'étudiants combattre l'ordre bourgeois alors qu'ils ne faisaient que lui offrir une seconde jeunesse en opérant la convergence entre une révolte individualiste et les besoins économiques et sociaux du nouveau "capitalisme de la séduction"...
Une conférence organisée par "Les rencontres du 41".
Sylvain Durain, cinéaste et essayiste, s'interroge sur le déclin visible du rôle du père et s'inquiète de l'avenir du patriarcat dans une société en voie de féminisation.
Il revient longuement sur les différents systèmes anthropologiques ayant existés dans l'histoire, des communautés primitives à nos jours, en montrant les enjeux structurant d'une lutte entre un matriarcat sacrificiel et le patriarcat catholique.
Instigateur au XVIIe siècle de la modernité politique, le philosophe Thomas Hobbes fut le premier à dévoiler le lien indissoluble entre souveraineté populaire et pouvoir d'État. Son credo épistémologique était : "La raison est le pas, le progrès de la science la route, et l'avantage du genre humain le but".
Autant admirées que violemment combattues, ses oeuvres politiques finirent parfois au bûcher par suspicion de propager l'athéisme. Aujourd'hui encore, les idées reçues sur l'auteur du Léviathan sont nombreuses et son matérialisme fragmenté et dénaturé.
Lilian Truchon restitue d’une façon totalement inédite la cohérence de la pensée de ce philosophe, articulée en trois temps comme elle fut conçue à l'origine : le corps, l'homme et le citoyen.
Lorsque le corps devient humain, la mémoire passe hors du corps : elle devient alors technique et sociale en cela, et constitue ce que l'on appelle des savoirs. C'est ce qu'auront montré l'anthropologue André Leroi-Gourhan, le psychologue Lev Vygotsky, le biologiste Alfred Lotka, le philosophe Karl Popper et la neuropsychologue Maryanne Wolf – comme bien d'autres.
Cela ne signifie évidemment pas qu'il n'y a plus de mémoire incarnée dans le corps humain : cela signifie que celle-ci se transforme et co-évolue avec la mémoire extériorisée.
C'est comme poursuite de cette co-évolution qu'au XXe siècle, les mémoires artificielles deviennent le cœur du développement industriel, ce qui pose de nombreuses questions auxquelles Bernard Stiegler tente de répondre.
Une conférence qui s'inscrit dans le cadre de la "Semaine de la Mémoire".
La famille est une institution fragile dont le droit a en quelque sorte la garde. Cela tient à ce qu'il intervient traditionnellement, avec le testament et avec le partage, en matière successorale, et, avec le contrat de mariage, en matière matrimoniale. Or, mariage et succession sont comme les clefs de la famille. Ce n'est pas que les questions de filiation, de nom et de bien de famille, de tutelle, d'obligation alimentaire, de secours ou de devoirs envers les parents (vivants et morts) soient négligeables : elles participent de la même institution ; mais elles découlent toutes, en définitive, du mariage et de la succession.
Aujourd'hui plus personne ne peut ignorer que l'institution de la famille fasse l'objet des attentions les plus contradictoires. Maître Damien Viguier fait avec nous la généalogie de cette crise de la famille en remontant, par l'histoire, aux sources anthropologiques de l'institution familiale, cellule de base de la société.
Jacques Grinevald présente la thèse de Lynn White Jr énnoncée en 1967, imputant au judéo-christianisme la responsabilité du désastre écologique, principalement en raison de son anthropocentrisme.
Contre cette critique néo-païenne, Jean Bastaire rétablit la vérité des textes bibliques et de l’histoire chrétienne qui témoignent d’une toute autre orientation, illustrée de nos jours par Jean-Paul II et Benoît XVI.
Un débat qui prend place dans le colloque "Environnement et Spiritualité".
Faire de l’entreprise le cœur des sociétés : ce projet, claironné par M. Emmanuel Macron, est d’ordinaire identifié au néolibéralisme contemporain. Il marque en réalité l’aboutissement d’une longue histoire. Celle de la rationalisation du travail et du temps, qui commence dans les monastères au XIIIe siècle. Celle aussi de l’édification d’une croyance commune dans le salut par le progrès industriel.
Et c'est ce que nous raconte Pierre Musso, professeur à l'Université de Rennes et auteur du récent La Religion industrielle.
Une conférence prononcée dans le cadre de la journée "Tout le monde déteste le Travail".
Comment se pose aujourd’hui la question politique des rapports entre la nature et la culture ? Pendant longtemps, les préjugés ethnocentristes des Modernes ont empêché de voir que la cosmologie qui s’est mise en place au cours du XIXe siècle (séparation entre une nature universelle et des cultures humaines contingentes) n’est pas la seule façon de rendre compte des structures du monde. On ne peut la prendre comme étalon afin d’appréhender la manière dont d’autres civilisations conçoivent les rapports entre humains et non-humains.
C’est ce que montrent les anthropologues : ils décrivent d’autres systèmes ontologiques, d’autres philosophies politiques, qui permettent de mieux comprendre la situation présente dans laquelle, avec le réchauffement global, les humains sont eux-mêmes devenus une force naturelle. Et c'est ce dont le professeur Philippe Descola nous entretient ici.