Où en sommes-nous ? Alors que la crise née en février 2007 entre dans sa cinquième année, que sommes-nous aujourd'hui en mesure de craindre et d'espérer ?
Les États ont été entraînés dans l'abysse par un secteur bancaire mortellement blessé par des dizaines d'années de crédit excessif - le crédit ayant remplacé les salaires. Aucune des demi-mesures prises n'ayant eu le moindre effet, sommes nous entrés dans le temps des mesures radicales ?
La conférence est introduite par Jean-Claude Michéa.
Au fil des siècles, nous n'avons cessé de remettre en question l'idée que nous nous faisons du beau, les définitions que nous en donnons, les critères selon lesquels nous le définissons.
Mais nous sommes-nous jamais interrogés sur l'idée même du beau, cette idée dont la métaphysique occidentale a fait un absolu, qu'elle a extraite et élevée au-dessus de la diversité du sensible et de ses formes ?
Alors que nos dieux sont morts, le beau reste notre seul salut.
Or la pensée chinoise n'a pas isolé -abstrait- "le beau". Pour les Chinois, cette idée même de beau paraît profondément étrange.
Faire jouer cet écart, l'interroger, permet de dégager d'autres possibles esthétiques qui ne se rangent pas sous la monopolisation du beau, de comprendre mieux certaines aventures de l'art contemporain. De quoi du moins sortir le beau des lieux communs qui l'épuisent : pour le rendre à son étrangeté.
Pourquoi des dizaines de milliers de musulmans se convertissent-ils pour devenir chrétiens ou témoins de Jéhovah ? Comment expliquer que la religion qui croît le plus vite dans le monde soit le pentecôtisme ? Pourquoi le salafisme, doctrine musulmane particulièrement austère, attire-t-il de jeunes Européens ? Pourquoi si peu de jeunes catholiques entrent-ils dans les séminaires alors qu'ils se pressent autour du pape lors des Journées mondiales de la jeunesse ? Comment se fait-il que les défenseurs de la tradition anglicane conservatrice soient aujourd'hui nigérians, ougandais ou kényans, alors que le primat de l'Église en Angleterre approuve l'usage de la charia pour les musulmans britanniques ? Pourquoi la Corée du Sud fournit-elle, proportionnellement, le plus grand nombre de missionnaires protestants dans le monde ? Comment peut-on être "juif pour Jésus" ? Comment se fait-il que le premier musulman et le bouddhiste élus au Congrès américain en 2006 soient tous les deux des Noirs convertis ?
La théorie du clash des civilisations, de S. Huntington, ne permet pas de comprendre de tels phénomènes. Car loin d'être l'expression d'identités culturelles traditionnelles, le revivalisme religieux est une conséquence de la mondialisation et de la crise des cultures.
La "sainte ignorance", c'est le mythe d'un pur religieux qui se construirait en dehors des cultures. Ce mythe anime les fondamentalismes modernes, en concurrence sur un marché des religions qui à la fois exacerbe leurs divergences et standardise leurs pratiques.
La psychanalyse est aussi une anthropogenèse ; elle dit comment l’être humain s’humanise et identifie les conditions pour que ce processus, que chacun doit refaire pour son propre compte, puisse se réaliser.
La question est de savoir si notre société postmoderne transmet toujours lesdites conditions : comment pouvons-nous ajourd'hui encore nous construire au sein de notre société libérale ?
Les nouvelles représentations du vivant et l’explosion des biotechnologies ont créé des problèmes éthiques radicalement nouveaux sur la légitimité de leurs applications.
Mais il existe en outre d’autres enjeux : ceux liés aux interactions difficiles bien qu’indispensables entre les trois pouvoirs de la parole : la scientifique, la politique et la médiatique.
En 1976 paraissait chez François Maspero un livre au titre resté célèbre : "La Géographie, ça sert, d'abord, à faire la guerre".
36 ans plus tard, ce titre et la plupart des analyses que contenait ce livre restent étonnement actuels et valables.
Il ne s'agit bien sûr pas de stigmatiser certains usages de la Géographie (ou de la géopolitique), mais d'abord de rappeler l'origine historique de ce savoir fondamental et les étapes de son évolution.
Il y a 25 siècles, Hérodote mène la première grande enquête géographique et géopolitique dans le cadre des guerres entre les Grecs et l'Empire perse.
La géographie n'a ensuite cessé d'être liée à la guerre et aux conquêtes.
Très différente, la géographie des professeurs apparaît seulement au XIX° siècle, d'abord en Allemagne, puis en France.
Aujourd'hui, la présence massive des questions géopolitiques dans la vie de nos sociétés, leur omniprésence médiatique, invitent chaque citoyen à se poser à nouveau la question des usages et des pratiques de la Géographie.
L'époque tend à la subordination des activités scientifiques et des pratiques éducatives à la logique du capitalisme néolibéral. La connaissance, sous l'effet des politiques publiques et de la concurrence mondiale, change de statut et de fonction. Elle est mise en marché, regardée sous l'angle exclusif de sa valeur économique, soumise à un management bureaucratique oppressif.
Ce constat du basculement dans l'hyper-utilitarisme nous conduira à examiner les racines théoriques de cette conception et les facteurs historiques qui en assurent aujourd'hui le succès. Il nous amènera également à examiner les formes et les effets de cette mutation dans le champ de la recherche et dans celui de l'enseignement. Il nous invite à la résistance et, en fin de compte, à l'invention collective d'une connaissance réellement émancipée.
Repenser la politique, ses notions, ses institutions, fut un des grands chantiers de l'homme moderne, et ce dès le début du XVIe siècle.
Il fallait surmonter le désordre entraîné par la multiplicité des autorités, païennes et chrétiennes. Il fallait aussi répondre à l'horreur de ces véritables guerres civiles que furent les guerres de religion. Il fallait établir enfin un nouvel ordre politique, construit selon la raison, et fruit de la volonté des hommes...
Les grands artisans de ce chantier ? Machiavel, Hobbes, mais aussi Rousseau.