Le crime organisé est-il maintenant indissociable des cercles du pouvoir que l'on croit être démocratiquement élus ? La question n'est pas posée par un complotiste en quête de manchettes mais par un commissaire principal de la police française, chargé pendant des décennies de la lutte au terrorisme, Jean-François Gayraud.
Son livre le plus récent La mafia et la Maison-Blanche (Éditions Plon), est le fruit d'un patient travail de recherche dans lequel il raconte la face sombre de l'histoire officielle de la présidence américaine au cours des cent dernières années. Une version des choses qui ne peut que déciller les yeux à ceux qui refusent de contempler le réel.
Il pose aussi, silencieusement, une autre question troublante : si le crime organisé gangrène le pouvoir politique de la plus grande démocratie du monde, sommes-nous, dans nos pays, à l'abri de pareilles manipulations ?
Un podcast animé par Stéphan Bureau.
V13 : c'est le nom de code du procès des attentats terroristes qui, le vendredi 13 novembre 2015, ont causé 130 morts au Stade de France, sur des terrasses de l'est parisien, dans la salle de concert du Bataclan. 14 accusés, 1800 parties civiles, 350 avocats, un dossier haut de 53 mètres : ce procès hors norme a duré neuf mois, de septembre 2021 à juin 2022.
Emmanuel Carrère l'a suivi, du premier au dernier jour, pour l'hebdomadaire L'Obs. Une expérience éprouvante, souvent bouleversante, fascinante même quand elle était ennuyeuse. Une traversée.
Émission "Répliques", animée par Alain Finkielkraut.
À en croire les spécialistes, les démocraties bénéficient d'un avantage militaire décisif. Cela n'empêche pas ces dernières de connaître des difficultés récurrentes, comme le montrent leurs déboires récents. Pourquoi ?
De la guerre naissent des impératifs qui procurent aux gouvernants l'occasion d'accroître leurs pouvoirs. Mais le comportement non démocratique de décideurs qui abusent le public sur la réalité de leurs objectifs finit par se retourner contre eux. Ils se condamnent à élaborer leur stratégie dans l'optique de la maquiller, privilégiant la discrétion à l'efficacité. Ces pratiques nourrissent la contestation en interne, jusqu'à rendre l'effort de guerre insoutenable politiquement.
Alors qu'il est courant d'affirmer que la démocratie nuit à la bonne conduite des opérations armées, Elie Baranets montre au contraire que c'est de son déni que provient la défaite.
Comment le pouvoir parvient-il à contourner ainsi la démocratie ? Comment les acteurs politiques réagissent-ils face au mensonge et à la dissimulation ? Quels sont les effets concrets de ces stratagèmes sur le cours de la guerre ?
C'est en s'appuyant sur une étude méticuleuse des campagnes militaires menées par les États-Unis au Vietnam et par Israël au Liban qu'il répond à ces questions aussi cruciales qu'actuelles.
Émission "Le Collimateur", animée par Alexandre Jubelin.
L'implosion de l'URSS a remis l'histoire en mouvement. Elle avait plongé la Russie dans une crise violente. Elle avait surtout créé un vide planétaire qui a aspiré l'Amérique, pourtant elle-même en crise dès 1980. Un mouvement paradoxal s'est alors déclenché : l'expansion conquérante d'un Occident qui dépérissait en son coeur.
La disparition du protestantisme a mené l'Amérique, par étapes, du néo-libéralisme au nihilisme ; et la Grande-Bretagne, de la financiarisation à la perte du sens de l'humour. L'état zéro de la religion a conduit l'Union européenne au suicide mais l'Allemagne devrait ressusciter.
Entre 2016 et 2022, le nihilisme occidental a fusionné avec celui de l'Ukraine, né lui de la décomposition de la sphère soviétique. Ensemble, OTAN et Ukraine sont venus buter sur une Russie stabilisée, redevenue une grande puissance, désormais conservatrice, rassurante pour ce Reste du monde qui ne veut pas suivre l'Occident dans son aventure. Les dirigeants russes ont décidé une bataille d'arrêt : ils ont défié l'OTAN et envahi l'Ukraine.
Mobilisant les ressources de l'économie critique, de la sociologie religieuse et de l'anthropologie des profondeurs, Emmanuel Todd nous propose un tour du monde réel, de la Russie à l'Ukraine, des anciennes démocraties populaires à l'Allemagne, de la Grande-Bretagne à la Scandinavie et aux États-Unis, sans oublier ce Reste du monde dont le choix a décidé de l'issue de la guerre.
L'Occident, en tant qu'entité politique, continue a céder du terrain sur le plan géostratégique, du fait de la montée en puissance d'acteurs tierces et d'erreurs internes qui l'ont affaibli.
Petit tour d'horizon de la situation actuelle en compagnie du politologue et expert en stratégie militaire suisse Bernard Wicht.
"En Algérie, nous combattions pour nous-mêmes, pour notre droit à un destin, pour notre dignité. Nous combattions pour relever le défi des défaites passées, pour effacer l’humiliation intolérable et la douleur. Nous combattions pour garder notre bien, pour conserver une terre acquise par le droit de conquête, de sang, de sueur et de colonisation. Nous combattions pour défendre sur cette terre, nos berceaux et nos cimetières. Nous combattions pour protéger les nôtres en danger", dit Dominique Venner dans Le Cœur rebelle.
Cinquante ans après les faits, avec le recul que l'on attend de l'historien, il est temps de revenir sur les années fiévreuses de la guerre d'Algérie, évaluer le rôle du général de Gaulle et s'interroger sur le sens que la révolte des généraux a pu avoir.
Émission du "Libre Journal des historiens", animée par Philippe Conrad.
Le 16 mars 1978, via Fani, à Rome, le président de la Démocratie chrétienne Aldo Moro est brutalement enlevé par un commando armé, et les cinq hommes de son escorte tués. Au coeur de ces années de plomb qui voient se succéder en Italie attentats d'extrême droite et d'extrême gauche, dans un climat de désordre et de guerre civile, la revendication de cet acte de terrorisme est rapide : il est le fait des brigades rouges - trois hommes et une femme, qui pendant 55 jours retiendront l'homme d'État séquestré dans un appartement du centre ville.
Que retenir de cette affaire et, plus largement, de cette période qui témoigne dun affrontement larvé entre les services secrets de l'Est et de l'Ouest, les organisations mafieuses, les loges maçonniques et diverses radicalités politiques emblématiques de l'époque ?
Avec la guerre en Ukraine aux portes de l'Europe et la montée des affrontements - aujourd'hui verbaux et "à distance"- entre la Russie et les puissances de l'OTAN, le professeur de sciences politiques et membre de l'Académie des Technologies Jean-Pierre Dupuy estime que "nous sommes plus près d'une guerre nucléaire que nous ne l'avons jamais été pendant la guerre froide".
Dans son livre de 2019 La guerre qui ne peut avoir lieu. Essai de métaphysique nucléaire, réédité en 2022, il "démonte" notamment la fameuse théorie de la dissuasion avec laquelle nous, Français, avons tous été élevés.