Jean Ziegler continue de déranger : rapporteur spécial à l’ONU pour le droit à l’alimentation de 2001 à 2008, il a récemment publié "Destruction massive : Géopolitique de la faim".
Toutes les trois secondes, un enfant de moins de dix ans meurt de malnutrition, alors que nous savons que l’agriculture d’aujourd’hui serait en mesure de nourrir douze milliards d’êtres humains : comment résoudre ce paradoxe ?
Jean Ziegler énonce les raisons de l’échec des moyens mis en œuvre depuis la Deuxième Guerre mondiale pour éradiquer la faim, et il identifie ceux qu’il nomme "les ennemis du droit à l’alimentation".
La répartition des richesses est l'une des questions les plus débattues aujourd'hui.
La dynamique de l'accumulation du capital induit-elle inévitablement sa concentration toujours plus forte entre quelques mains ? Ou bien les forces équilibrantes de la croissance, de la concurrence et du progrès technique conduisent-elles à une réduction des inégalités ?
Thomas Piketty met en lumière l'aggravation des inégalités et propose des moyens pour inverser cette tendance.
Alors que le projet de constitution d'un Kosovo indépendant et souverain vient d'être signé avec les bénédictions de l'Union européenne, assistons-nous à la fin définitive de la présence serbe dans cette province ?
L'écrivain, traducteur et éditeur Slobodan Despot nous révèle le rôle géopolitique des guerres balkaniques récentes (disclocation de la Yougoslavie) dans le jeu impérialiste américain.
En fin d'émission, l'actualité éditoriale de Xénia -maison d'édition de Slobodan Despot- est abordée. C'est le prétexte à plusieurs digressions, principalement sur le système politique suisse et la sortie du manifeste politique de Theodore "Unabomber" Kaczynski !
Armes de destruction massive, pollution, extinction démographique : tout ce qui menace l’homme en tant qu’espèce vivante ne fait plus de doute. Mais il existe des facteurs qui viennent de l’homme lui-même, visant à saper son humanité propre. Ces facteurs ont beau être plus difficiles à saisir, c’est eux que Rémi Brague tâche de repérer à travers une analyse fulgurante et radicale de l’idée d’humanisme.
Car il ne s’agit plus de savoir comment nous pouvons promouvoir la valeur homme et ce qui est humain, en luttant contre toutes les figures de l’inhumain. Il s’agit désormais de savoir s’il faut vraiment promouvoir un tel humanisme. C’est l’humanisme lui-même qui est mis à mal.
Nous ne pouvons plus nous bercer d’illusions. Il est facile de prêcher un humanisme réduit aux règles du vivre-ensemble, mais comment le fonder ? La pensée moderne est à court d’arguments pour justifier l’existence même des hommes. Est-ce une façon de dire que le projet athée des temps modernes a échoué ?
Une idée récurrente -à la fois chez les islamistes et chez leurs détracteurs- est que les pays musulmans sont rétifs à la modernisation, et à la plus importante des formes de transition, la transition démographique, celle de la fécondité et de la mortalité des enfants (et des filles) notamment. Or, les réalités montrent que la baisse de la fécondité, après avoir pris un retard certain pour des raisons complexes à la fois socio-économiques et culturelles, mais peut-être aussi idéelles, a pris sa vitesse de croisière et que l’atteinte du seuil de remplacement des générations, voire son dépassement est plausible dans un avenir non éloigné.
Pourtant, les schémas idéologiques anciens sont toujours présents : (1) la fécondité islamique est universellement élevée (2) elle ne manifeste aucune tendance importante à la baisse (3) elle est supérieure à celle des peuples voisins adeptes des autres religions.
Youssef Courbage nous montre à quel point cette vision est loin des évolutions dont nous sommes aujourd'hui les témoins. En effet, la transition démographique qui se passe sous nos yeux nous permet de postuler un "rendez-vous des civilisations", tant les variables observées semblent se rapprocher des standards occidentaux.
L’OMS (Organisation Mondiale de la Santé) fait la pluie et le beau temps sur notre planète en matière de santé publique : la plupart des gouvernements se réfèrent à ses nombreuses recommandations dans leurs politiques de santé publique.
Or, une enquête approfondie de cet organisme et une étude attentive des nombreux rapports officiels et confidentiels qui en sortent nous dépeignent une organisation “sans maître à bord ni objectifs clairs sur un océan de corruption et d’inefficacité” (L’OMS : Bateau ivre de la santé publique, Bertrand Deveaud et Bertrand Lemennicier).Quel sont les buts de cette organisation ? Quels intérêts sert-elle ? Quelle crédibilité lui accorder ?
Conférencier, essayiste et ancien patron de PME, Philippe Derudder expose de manière très pédagogique le mécanisme de la création monétaire par les banques: créer de l'argent, c'est créer de la dette. Philippe Derruder explique la nature des 3 types de monnaie du système financier, notion cruciale pour comprendre l'émission de monnaie:
1. monnaie de banque centrale: l'argent qu'une banque emprunte à la banque centrale contre un intérêt fixé par cette dernière. En modulant ce taux d'intérêt, la banque centrale rend le crédit plus ou moins onéreux et régule par ce biais la vigueur de l'économie;
2. monnaie fiduciaire (de fidès - confiance): monnaie papier émise par la banque centrale à laquelle tous les agents économiques accordent leur confiance comme moyen de paiement;
3. monnaie scripturaire (de scriptum - écriture) ou monnaie de compte: monnaie créée par une banque lorsqu'elle accorde un crédit à un particulier, une entreprise, une collectivité publique.
Les explications de Philippe Derudder ont d'attirer l'attention sur un mécanisme central de l'activité humaine, mécanisme autour duquel s'articule le partage du pouvoir entre les agents économiques. Contrôler la création monétaire, c'est en fin de compte déterminer les gagnants et les perdants de l'activité économique et en décider des finalités.
Le conférencier s'applique à dresser le tableau d'un siècle d'inégalités économiques en France, et de montrer que contrairement à une idée reçue, l'inégalité des salaires y est restée sensiblement la même tout au long du 20e siècle. Bien que le pouvoir d'achat ait été multiplié par 5 pendant cette période, la hiérarchie n'a pratiquement pas changé !
L'inégalité totale des revenus a fortement diminué au cours des années 1914-1915, mais cette baisse est due pour l'essentiel aux chocs subis par les revenus du capital (destruction, inflation, crise des années 1930), et non pas à un processus économique "naturel" ou par une décision politique.
La concentration des fortunes et des revenus du capital n'a par la suite jamais retrouvé le niveau astronomique qui été le sien à la veille de la première Guerre mondiale.
L'impact de l'impôt progressif sur l'accumulation et la reconstitution de patrimoines importants semble avoir prévenu le retour à une société de rentiers. En l'absence de ces chocs et de l'impôt progressif, il est probable que la France n'aurait pas quitté de sitôt le sommet inégalitaire du début du siècle.
Qu'est ce que la "crise écologique" ? Quels sont les courants précurseurs et actuels de ce qu'il est convenu d'appeler l' "écologie politique" ? Comment anticiper les changements de notre écosystème ?
Toutes ces questions sont abordées de front avec Laurent Ozon, qui nous fait partager son expertise sur ces thématiques.
Les notions de délibération et de participation peuvent sembler complémentaires. Pourtant, elles sont en même temps dans un rapport de tension. Participation du grand public et délibération de qualité ont souvent été opposées. Comment rendre compte de ce paradoxe ?
Yves Sintomer étudie tout d’abord la façon dont les républiques antiques et modernes ont posé le rapport entre délibération et participation, en insistant plus particulièrement sur Durkheim, symbole d’un certain paternalisme républicain.
Il retrace ensuite comment l’émergence d’une théorie de l’espace public chez Habermas puis dans les sciences humaines et sociales a constitué une rupture démocratique par rapport à cette tradition, l’enjeu étant cependant de forger une conception réaliste de l’espace public.
La troisième partie explore les théories de la démocratie délibérative, marquées par une tension entre les approches centrées sur la délibération de mini-publics et celles qui placent la focale sur la participation du grand public.
En conclusion sont explorées les relations entre les notions de délibération, de participation et de représentation.
Le libéralisme est-il devenu le dogme de la nouvelle religion marchande ?
C'est ce que l'on pourrait croire, tant les exemples abondent dans les sphères politique et économique.
Mais le monde associatif alternatif et les organisation de gauche donnent aussi implicitement leur soutient à la logique libérale en se revendiquant "libertaires" et en mettant à bas les dernières structures "autoritaires" qui faisaient encore obstacle au marché.
Le philosophe Dany-Robert Dufour, le politologue Bruno Etienne et le journaliste Serge Halimi décriptent cette situation en essayant d'en comprendre les causes et les conséquences.
Autrefois collaborateur des Temps Modernes, co-fondateur avec Cornélius Castoriadis de la revue "Socialisme ou Barbarie" et avec Pierre Clastres de la revue "Libre", Claude Lefort a fortement contribué à la réévaluation en France de la philosophie politique.
Cet entretien, après un retour sur son engagement politique personnel, lui permet de revenir sur les thèmes qui ont jalloné son oeuvre :
- le problème de la définition théorique de la démocratie et les régimes totalitaires
- Machiavel, la République et le projet politique
- la pensée de Merleau-Ponty, en particulier sa réflexion sur la perception
Un échange profond et captivant, mené par Antoine Spire.