Les philosophes modernes prétendent qu'il existe une rupture radicale entre la réalité et la pensée, entre les choses et les concepts, entre ce qui existe et le modèle de ce qui existe. Leur anti-réalisme est secondé par leur anti-réceptivisme : la thèse que le réalité n'est jamais, à proprement parler, le contenu de nos concepts ni la signification de ce que nous disons.
Le rejet de tels présupposés (ou préjugés) de la philosophie moderne (et post-moderne) caractérise la tradition aristotélico-thomiste, telle qu'elle se développe aujourd'hui dans le thomisme analytique. Question : "Pourquoi y a-t-il quelque chose plutôt que rien ?" Réponse : parce que Dieu existe.
La métaphysique ainsi comprise est aussi une théologie rationnelle. D'une apologie de la métaphysique, on en vient à une apologétique.
Alors que Vladimir Poutine vient d'accorder un entretien de deux heures à Tucker Carlson, l'occasion nous est donnée de revenir avec Jean-Robert Raviot sur l'histoire de la constitution de l'Empire Russe et sa logique intrinsèque.
L'examen des événements tumultueux de l'histoire récente est ainsi éclairé par un certain nombre de concepts novateurs qui s'avèrent utiles pour résister au déferlement de propagande que nous avons à subir en Occident.
Un entretien mené par Régis de Castelnau.
Les années 30 sont-elles derrière ou devant nous ? Mais alors : que faire du sentiment viscéral que nous vivons une "récidive" de l'entre-deux-guerres ?
C'est en compagnie de l'historien Johann Chapoutot qu'est étudiée la "fascisation d'atmosphère" qui, jour après jour, pulvérise la prétendue évidence du jamais plus.
Au fil des siècles, de nombreux courants de pensée ont façonné notre conception du monde et notre manière d'appréhender l'existence : Qu'est-ce que la vérité ? Comment peut-on vivre heureux ? Dieu existe-t-il ? Quel est le sens de notre vie ?
Bien loin du jargon des spécialistes, le professeur de philosophie Charles Robin nous rend accessible les œuvres des plus grands philosophes afin d'en faciliter la compréhension et, pourquoi pas, de nous faire changer le regard que nous portons sur nous-mêmes et sur le monde.
Une initiation sérieuse à une discipline souvent difficile d'accès, dans un langage clair et une atmosphère détendue.
Pourquoi Dieu sans l'être ? Que nous dit Éros sur l'amour et le don ? Que signifie philosopher aujourd'hui au regard de la Bible et de la théologie, de la poésie et de la littérature ? Qu'est-ce que la Révélation ? Pourquoi faut-il en finir avec la métaphysique ? Quelle langue neuve peut dire l'invisible, l'inouï, l'inattendu ? Qu'est-ce que le nihilisme ?
De la rue d'Ulm et de la Sorbonne à l'université de Chicago et à Rome, de l'aventure de Communio à l'engagement antitotalitaire, sur fond de rencontres et de portraits, d'enjeux et de combats, cette série d'entretien menée par Fabrice Hadjadj est l'occasion de rentrer dans l'œuvre du grand philosophe Jean-Luc Marion et de comprendre la fabrique de sa pensée. Une magistrale leçon de philosophie.
À partir des années 1930, la découverte des textes de jeunesse de Marx (les Manuscrits de 1844 et L'Idéologie allemande) amorce une réflexion sur la place de l'humanisme dans le marxisme, qui culmine vingt ans plus tard avec Jean-Paul Sartre et Georg Lukács qui, chacun à sa manière, tentent alors de réintroduire la subjectivité individuelle et son irréductible liberté dans une conception matérialiste et révolutionnaire de l'histoire. Il s'agit de régénérer un projet d'émancipation individuelle et collective après la terrible période de glaciation stalinienne.
Mais quelle est la marge de manoeuvre des humains face aux forces sociales qu'ils engendrent par leur activité ? Comment concilier révolution et démocratie ?
Le roman national ment. L'identité française ne résulte pas de l'alliance de la bravoure gauloise et de l'administration romaine, le tout couronné par la bonté chrétienne. Pas seulement. Non seulement la France n'a pas seulement été gauloise et romaine, mais la France n'a pas seulement été chrétienne. Le roman national ment. Par omission. Par oubli.
Pacôme Thiellement fais l'exégèse de notre histoire sur ce territoire que nous nous sommes habitués à appeler la France. Celle-ci est subjective, et même très subjective, même l'exposé est aussi rigoureux que possible possible. Alors, comme dirait l'autre, si vous n'aimez pas cette Histoire de France, écrivez la vôtre.
Nous connaissons tous les grandes questions existentielles sur le sens de la vie. Pourquoi sommes-nous là ? Pourquoi vivons-nous ? Pourquoi certaines évidences nous frappent-elles ? Pourquoi certaines illusions persistent-elles ? Pourquoi nous posons-nous tant de questions ? Pourquoi les réponses sont-elles si souvent à ce point frustrantes ?
Alors nous regardons vers nos anciens, nos sages prédécesseurs, en espérant que le temps qu'ils ont passé dans le monde avant nous a été mis à profit pour en tirer des indices sur ce qu'il faudrait penser. Mais plus nous cherchons dans le passé, moins nous trouvons, et plus les traces de nos ancêtres se perdent dans un buisson que nous partageons avec les primates, ce qui écorche un peu la vision que l'on voudrait avoir de nous-mêmes en tant que créatures séparées de l'animalité, en tant qu'êtres de raison, de civilisation, catégoriquement distincts des singes et des sauvages. Il faut pardonner à ceux qui ont du mal à se défaire de cette illusion-là.
D'autant que les illusions sont nombreuses sur la manière dont nous nous représentons les humains d'avant, les gens de la préhistoire. Et la science, toujours inscrite dans son temps, toujours tributaire de la culture qui la développe a elle aussi contribué à certaines caricatures : '’homme des cavernes brutal, bourru, qui règle tous ses problèmes à coup de massue traine encore un peu dans les vieux rayonnages des bibliothèques. L'ancien sauvage, détaché des biens matériels, nomade vivant de cueillette en harmonie avec la nature, paisible et sage, est une autre carte postale qui nous cache le paysage.
Le problème avec la Préhistoire est notre tentation à chercher dans le passé la justification de notre vision actuelle du monde. À ceux qui ne sont plus là on voudrait faire dire ce qui nous arrange. Nous instrumentalisons trop facilement les indices des modes de vie anciens pour "naturaliser" l'ordre des choses… Il est rassurant de se dire que la manière dont nous voulons régir la société répond à un impératif qui s'est manifesté des millénaires avant nous et a été validé par tous ceux qui nous ont précédés.
Mais à l'inverse certains n'hésitent pas à s'imaginer d'autant plus évolués qu'ils s'estiment éloignés de la figure de l'ancêtre et veulent croire que leurs standards modernes surpassent nécessairement ceux du passé.
Sans essayer de trancher ces questions prescriptives, est essayé ici de rendre justice à la préhistoire en s'efforçant d'être avant tout descriptifs. Que savons-nous de nos ancêtres ? Comment le savons-nous ? Quel degré d'incertitude demeure dans ces connaissances ? Comment savoir aujourd’hui ce qui se passait il y a si longtemps ? Est-ce seulement possible ?
Ce sont plus précisément les questions de la violence, de la guerre et des inégalités, qui sont explorées en compagnie de Christophe Darmangeat, chercheur en anthropologie sociale.
Notre société libérale prétend que l'individu a désormais le pouvoir de prendre, pour lui-même, toutes les décisions. Les "choix de vie", tant loués par la publicité ou la presse psychologique, font figure de libertés fondamentales arrachées héroïquement au conservatisme. C'est ainsi, par exemple, que nous pouvons changer de sexe comme on change d'apparence ou de fond d'écran. N'y aurait-il pas là une confusion, voire un mensonge ?
Si le sexe relève de l'anatomie et du réel biologique, le genre obéit quant à lui à la culture et à la sexualité - deux réalités très différentes. Or le concept postmoderne de genre, si cher à l'individualisme ambiant, introduit une grande nouveauté : une "simple" opération chirurgicale permettrait d'effacer la différence sexuelle. Dans le même ordre d'idée, on tient à présenter le transsexualisme comme une nouveauté. C'est oublier que depuis toujours, sous toutes les latitudes et pour mille raisons, des hommes se sont fait passer pour des femmes, des femmes pour des hommes. Le droit de fabuler sur son sexe et d'adopter des pratiques sexuelles sur-mesure s'avère aussi ancien que le droit de se tenir debout.
Dany-Robert Dufour décrypte avec précision les véritables enjeux du phénomène "trans". Où l'on se rappelle que le fonctionnement de l'économie de marché dépend de désirs toujours renouvelés. Et où l'on comprend assez vite que le changement de sexe n'est qu'une option de plus dans le catalogue libéral, peu importe son coût sociétal, médical et anthropologique...
Sociologue et marxiste, Alain Bihr a principalement travaillé sur la justice sociale, les inégalités au sens large, l'extrême droite et le capitalisme.
De 2018 à 2019, il publie Le Premier âge du capitalisme en 3 tomes, une œuvre titanesque de près de 3'300 pages, qui détaille l'histoire des origines du capitalisme.
- 0'00'00 : Introduction
- 0'02'36 : Éléments décisifs chez Marx sur les origines du capitalisme
- 0'32'04 : Tome 1 : L'expansion européenne
- 0'45'08 : Tome 2 : La marche de l'Europe occidentale vers le capitalisme
- 0'59'11 : Tome 3 : Un premier monde capitaliste
- 1'11'20 : Comment lire cet ouvrage monstrueux ?
C'est chez lui, au Bar-sur-Loup, que Francis Ponge se raconte : sa passion pour les mots, sa vie entre les Cévennes et Paris, ses amis et ses admirations.
Ici, Ponge lit Le Lézard, Le Cageot, L'Huître et aussi Le Papillon. Il avoue ses "blocages" à l'oral et reconnaît au moins une vertu à la poésie en tant qu' "exercice de rééducation verbale." Il dit ses origines cévenoles et huguenotes, sa découverte de François de Malherbe et de La Fontaine. Est aussi évoquée son amitié pour Braque, Picasso, et on peut y entendre la description qu'il fait de La Dame qui pleure.
Ponge le poète et l'origine de la musicalité de son écriture, Ponge le Résistant, qui nous rappelle que si la littérature ne peut être que transgression, il lui faut tout de même des règles à transgresser.
"J'ai passé ma vie à refuser le mot de 'poète' parce que je ne voulais pas être confondu avec tous les gens qui pleurent, qui se mouchent et montrent leur mouchoir et disent 'Voilà une page de poésie’. Et puis, à la longue, la barbe ! Puisqu'on veut que je sois poète, eh bien laissons faire !"
Un entretien mené par Jean Daive.
Benoît Peeters est écrivain, scénariste, biographe (Valery, Hergé, Derrida, Ferenczi) et inventeur d'univers de Cités obscures. Analyste de Barthes, Hitchcock et Chris Ware, historien et théoricien de la BD, éditeur et héros de roman photo, c'est peut-être d'abord un homme d'images.
L'occasion de revenir sur sa carrière et d'en comprendre, si ce n'est le sens, au moins les points d'inflexions et les aspirations et occasions qui ont mené à des recherches qui pouvaient encore paraître, en leur temps, assez incongrues.
Un entretien mené par Franck Senaud.